Minuit à Paris ( Midnight in Paris )
Un jeune couple d'américains dont le mariage est prévu à l'automne se rend pour quelques jours à Paris.
La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la Ville-lumière et qui aspire à une autre vie que la sienne.
MINUIT À PARIS | Critique du film de Woody Allen avec Owen Wilson
Un jeune couple d'américains dont le mariage est prévu à l'automne se rend pour quelques..
Sorte d’alter-égo du réalisateur – et ce jusque dans ce phrasé mélancolique qu’Owen Wilson maîtrise à la perfection – nous suivons Gil Pender, un scénariste californien qui peine dans la rédaction de son premier roman et rêve de vivre à Paris – qu’il trouve plus belle encore sous la pluie – au grand damne de sa fiancée Inez, qui s’accommode parfaitement des succès commerciaux de son futur et qui ne se voit pas installée ailleurs que dans une grande maison à Santa Monica.
Dès le premier dialogue échangé sur le pont japonais des jardins de Giverny, on comprend que ces deux-là sont aux antipodes l’un de l’autre – lui, le romantique émerveillé, elle l’élitiste pragmatique. Tout le dilemme de Gil résidera dans sa dissonance cognitive, et sa capacité à s’avouer enfin que ce mariage n’a pas lieu d’être, puisque les deux promis ne s’aiment pas. Un parcours du héros vers la connaissance de soi qui pourrait paraitre d’un classicisme redondant, si la route empruntée (pour ne pas dire ruelle pavée) ne se faisait pas à bord d’une Renault Type 184 Landaulet.
Tout le casting du film Minuit à Paris
Retrouvez tout le casting du film Minuit à Paris réalisé par Woody Allen avec Owen Wilson, Rachel McAdams, Michael Sheen
En effet, un soir qu’il déambule seul dans les rues de la capitale, Gil se retrouve transporté dans le Paris des Années Folles ; perdu dans le déni de sa grise réalité, il va alors, nuit après nuit, se retrouver dans une rêverie nostalgique du « c’était mieux avant » – ce mythe de l’âge d’or qui, à l’image du philtre douceâtre que l’on retrouve à chaque plan, baignera pour un temps le protagoniste et son monde dans une lumière plus chaude, bien qu’artificielle. Déambulant aux côtés des écrivains de la génération perdue, des artistes de Montmartre et d’une délicieuse muse fictive nommée Adriana, dont il va (croire) tomber amoureux, Gil finira cependant par se réveiller et prendre conscience de ce qu’il veut.
Ayant réussi à trouver son chemin et ainsi sa « liberté de vivre », Gil joindra alors les deux rives entre le monde de l’esprit et celui du sens, en rencontrant véritablement quelqu’un qui le complète, et avec laquelle il débute une promenade dont la durée dépassera certainement celle de quelques nuits – et dont la première se fait sous la pluie.
Dépeignant une cité cosmopolite, concentré d’esprits géniaux et libres, Woody Allen joue habilement avec notre imaginaire, glissant avec une espièglerie à peine dissimulée une farandole d’acteurs bien connus dans des costumes de légendes. De Kathy Bates en Gertrude Stein plus vraie que nature à Corey Stoll en Ernest Hemingway implacable, il fait évidemment la part belle aux expatriés américains de la Rive Gauche. Côté Rive Droite, la scène de questionnements « Suis-je en train de devenir fou ? Est-ce que tout cela a un sens ? » adressées au cercle des surréalistes – avec Adrien Brody en irrésistible Salvador Dali – garantit le rire aux éclats.
Embrassant ce casting dans un décor de carte postale, et mise en valeur comme un personnage à part entière du film, c’est également la ville elle-même qui est célébrée – romantique sans être niaise, poétique sans être cliché. Que ce soit à l’ombre des arbres du Square Jean XXIII ou des devantures des bouquinistes, de ses terrasses insolites à ses plus belles adresses, Minuit à Paris prend presque des airs d’adaptation de « Paris est une fête », transmettant avec charme et sincérité un peu de cette amitié charnelle qu’Hemingway entretenait entre la ville et son art.
Les secrets de tournage du film Minuit à Paris
Découvrez les anecdotes, potins, voire secrets inavouables autour du film "Minuit à Paris" et de son tournage. Une déclaration d'amour de Woody Allen à Paris, ville magique ! :
https://www.allocine.fr/film/fichefilm-178300/secrets-tournage/
Minuit à Paris : les incroyables et prestigieux lieux de tournage du film de Woody Allen
Un sacré tableau qui profite d'un écrin comme aucun autre. Jugez plutôt, Minuit à Paris a profité de lieux de tournage iconiques tels que le Musée Rodin, le pont Alexandre III, le jardin Jean XXXIII de la cathédrale Notre-Dame et même la Galerie des Glaces du château de Versailles !
De quoi marquer Rachel McAdams, comme elle l'explique dans le dossier de presse du film : "C’était un vrai bonheur de se retrouver dans ces endroits qui sont en général assaillis par les touristes, et d’y être en tout petit comité, avec une équipe technique très légère et quelques acteurs qui arpentaient les lieux comme s’ils étaient chez eux. C’était vraiment magique."
( 2011 ) Marion Cotillard joue une étonnante muse. Inspirée d’une des vôtres ?
W.A. : Non, elle est pure invention. Marion est une grandissime actrice, qui met de la vie dans les dialogues. Son jeu est très naturel, son visage si expressif. Elle ne joue pas, elle est. J’ai travaillé avec deux grandes comédiennes avant elle : Maureen Stapleton et Geraldine Page. Maureen était de ces actrices qui connaissaient leur texte au cordeau et qui n’en sortaient pas même si un avion passait dans le ciel au moment de la prise. Avec Geraldine, l’avion aurait fait partie de la scène. Marion est comme Geraldine Page.
Woody Allen: "Paris, je t'aime"
Mercredi soir, le public français découvrira, en même temps que les festivaliers de Cannes, le chef d'œuvre parisien du réalisateur new-yorkais.
7.5.2011
( 2011 ) Il y a juste un an, vous commenciez le tournage de votre film parisien, Minuit à Paris. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Une expérience extraordinaire. Je n’étais pas à Paris pour un week-end ou même une semaine, mais pour trois longs mois. Je n’apprécie pas trop la campagne, je suis un citadin. Et Paris est une ville séduisante que j’aime d’amour et dont j’ai voulu faire un personnage du film.
Minuit à Paris est sans doute la plus romantique des comédies que vous ayez écrites.
Je le pense aussi. Il y a une mystique parisienne qui fait succomber des milliers d’Américains, même les conservateurs, qui n’ont jamais aimé la politique étrangère de la France ! Paris est aussi pour eux un rêve éveillé.
Le personnage d’Owen Wilson se voit reprocher par sa fiancée d’être amoureux d’un Paris fantasmé.
On me le reproche aussi lorsque je filme New York de manière moins réaliste que Scorsese ou Spike Lee. Si j’avais voulu faire un documentaire, cette idéalisation serait sans doute un problème. Mais votre ville m’a inspiré une romance.
Votre découverte de Paris remonte à 1964. Racontez-nous.
J’avais 29 ans et je venais d’écrire le scénario de What’s New Pussycat ? Une comédie qu’on est allé tourner à Paris, la "ville de l’amour", parce que Charles Feldman et Warren Beatty, qui la produisaient, aimaient particulièrement la compagnie des femmes. Beaucoup de gens de l’équipe sont restés vivre à Paris à la fin du tournage.
Mais pas vous.
Non, ce fut mon moment de lâcheté – j’en ai eu plein ! Mais j’avais été déçu par le tournage. Je me suis promis de ne plus jamais écrire un film que je ne mettrais pas en scène ; et je suis rentré à New York.
À 75 ans, votre discours sur la vie est plus optimiste qu’à 40. Dans Annie Hall, votre personnage ombrageux et hypocondriaque ne cessait de nous rappeler combien l’existence était cruelle et dénuée de sens. Ici, tout est bleu.
Vous trouvez ? [Rires.] Owen Wilson confie pourtant son stress existentiel à Marion [Cotillard] dans des termes assez semblables. La seule différence, c’est encore Paris : ayant découvert la ville la nuit depuis un avion, il trouve que ses lumières la font ressembler de loin à une oasis d’harmonie au milieu d’un monde en perdition !
C’est très émouvant d’entendre un artiste de votre âge dire à travers ce film que ce qui compte, c’est l’instant présent.
Notez que je n’ai pas une foule de choix ! [Rires.] Chaque époque a eu son lot d’avancées et d’inconvénients, mais le temps exerçant sa patine, on ne se souvient souvent que des avancées. Prenez la Belle Époque, ou les années 1920, qui furent une sorte de zénith artistique et culturel : j’aurais aimé les vivre.
Quels événements ont bouleversé votre vie d’artiste ?
Le premier, c’est d’être passé de l’écriture à la comédie. Pendant des années, je n’ai fait qu’écrire, avec un certain succès, mais dans l’ombre. Mais quand je me suis lancé dans le stand-up et que la télé était là pour filmer, ma vie a radicalement changé. En une nuit, tout le pays semblait intéressé par ce que j’écrivais. L’autre événement fut ma rencontre avec Louise, ma seconde épouse. Je m’étais marié une première fois trop jeune. Mais Louise était l’incarnation de mon fantasme féminin, un être sophistiqué, issu d’une riche famille qui connaissait tout New York. C’est avec elle que j’ai commencé à sortir, à me cultiver.
Le héros de Minuit à Paris a besoin que les femmes de sa vie l’encouragent. C’était votre cas ?
Je ne leur ai jamais rien demandé, j’aurais fini par vivre de ma plume dans tous les cas, mais elles ont toutes été d’un fabuleux soutien, que ce soit ma première épouse, puis Louise, Diane Keaton, Mia Farrow ensuite, jusqu’à Soon Yi. C’est Diane qui a eu une influence majeure.
À l’image du héros du film, vous avez eu des ambitions littéraires ?
Je voulais en effet devenir un auteur de théâtre sérieux. Je voulais être Arthur Miller ou Tennessee Williams, August Strindberg, Ingmar Bergman… J’aimais les Marx Brother’s, c’est sûr, mais en spectateur. Le problème est qu’avec mes premiers travaux de commande, dès que j’écrivais un truc, les spectateurs riaient. Et les gens autour disaient : "On ne te donnera jamais de l’argent pour que tu deviennes un de ces auteurs sinistres. Fais de la comédie". Je vous assure que si ça ne tenait qu’à moi, je serais un auteur beaucoup plus ennuyeux.
Owen Wilson voue dans Minuit à Paris une admiration sans bornes à certains écrivains américains. Comme vous ?
Absolument. À 16 ans, quand j’ai commencé à écrire, je me voyais en Fitzgerald, en Hemingway, en Faulkner. Le détail idiot est que, comme eux, j’avais une bouteille de whisky sur le bureau, persuadé qu’il fallait boire pour devenir un grand écrivain. Alors je m’envoyais quelques rasades en prenant un air inspiré, mais c’était horrible.
Mais comme tous ces écrivains, vous êtes devenu à votre manière l’observateur d’une certaine société américaine ?
Disons que j’ai trouvé ma voix, plus légère. Mais j’aurais quand même préféré devenir Eugene O’Neill
Pour jouer ce petit rôle, Carla Bruni a touché un cachet de figurante, à savoir 150 euros par jour ! À l'époque du tournage, c'est l'hebdomadaire satirique Bakchich qui sort l'information, titrant en Une : "Bas salaires : Woody Allen exploite Carla". L'ex-Première dame ne semble pas avoir été gênée par ce salaire, puisqu'elle aurait dit au réalisateur : "Parfait, l’idée me plaît bien. J’aimerais pouvoir dire plus tard à mes petits-enfants que j’ai tourné dans un film, juste pour en avoir fait l’expérience".