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Knock on Wood

histoire du Fascisme en Italie par Frédéric Le Moal

4 Avril 2024 , Rédigé par Ipsus Publié dans #EUROPE de l'Atlantique à l'Oural, #GEOPOLITIQUE

Qu'est-ce que le fascisme ?

Fut-il un mouvement reactionnaire, conservateur ou revolutionnaire ? Se situait-il a gauche ou a droite ?

Et bien entendu : quelle place occupa Mussolini dans les debats ideologiques et dans le fonctionnement du regime ?

Le present ouvrage donne non seulement des reponses a ces questions cruciales, mais porte sur le fascisme un regard nouveau et inhabituel chez les historiens francais.

Reaffirmant avec force le caractere totalitaire du regime, il replace l'ideologie qui le fonde dans sa nature revolutionnaire tout en la rattachant a la Revolution francaise et au socialisme.

Si les fascistes chercherent a detruire par la violence la modernité liberale de leur temps, ce ne fut pas au nom d'un age d'or revolu et dans une demarche passeiste, mais avec la volonte farouche de construire une societe et un homme nouveaux.

Cette ambition impregnait aussi bien les pensees et les actes du Duce que ceux de ses disciples, y compris dans la radicalisation sanglante de la republique de Salo.

Pour toutes ces raisons, l'histoire du fascisme, ici racontee de la prise de pouvoir de Mussolini jusqu'a sa mort, est celle d'une revolution avortee.

4.5.2024j'ai vu cet historien sur Cnews ,qui actualisait son livre de 2018...d'autant qu'on subit régulièrement des amalgames avec les annees1930 ...comme il est plus facile de traiter 1 adversaire de fasciste que d'argumenter avec lui...

j'ai retrouvé d'autres interviews developpant celle de samedi + 2 conferences en video... rassemblés sur mon blog et surligné les mots clefs.... 

C’est son approche differente des historiens ''orientés '' qui est intéressante..d'autant qu il ne traite que le facisme italien, que je vous laisse decouvrir...car plus nuancé que les ''clichés'' habituels…ce qui n'enlève en rien,les dérives ultérieures du régime totalitaire italien.

sur CNews ,il a rappelé les debuts en 2022..d'autant qu'au depart c'etait d’anciens combattants de 1914 - 18  ... très differents des allemands ,car il n'etaient pas antisémites initialement ,ce qu'Hitler reprocha a Mussolini

histoire du  Fascisme en Italie par  Frédéric Le Moal
histoire du  Fascisme en Italie par  Frédéric Le Moal
histoire du  Fascisme en Italie par  Frédéric Le Moal
..............Les hommes de Mussolini, avec Frédéric Le Moal...... ( video : 48.56 mn )_ Les proches de Mussolini ont souvent décrit leur première rencontre avec le Duce comme fascinante voire envoutante. Alors au début de sa carrière, l'homme politique Dino Grandi décrivait le Duce comme « un génie, un magicien ou un fou ». Pourtant, le 24 juillet 1943, la chute de Benito Mussolini, a été précipitée par les hiérarques qui l'avaient servi. Pourquoi la majorité d'entre eux se retournèrent-ils contre leur maître, prenant alors le risque de tout perdre : pouvoir, situation sociale et financière ? Quelles étaient leurs ambitions ? Étaient-ils de droite ou de gauche ? Monarchistes ou républicains ? Qu'est-ce que leurs carrières disent du fascisme et révèlent de la politique italienne de la première moitié du XXe siècle ? Notre invité : Frédéric Le Moal est historien, spécialiste du fascisme (Histoire du fascisme, Victor-Emmanuel III-roi d'Italie), professeur au lycée Militaire de Saint-Cyr-l'École. Il vient de publier Les hommes de Mussolini (Perrin, 2022, 368 pages).
histoire du  Fascisme en Italie par  Frédéric Le Moal
histoire du  Fascisme en Italie par  Frédéric Le Moal
histoire du  Fascisme en Italie par  Frédéric Le Moal
histoire du  Fascisme en Italie par  Frédéric Le Moal

 FIGAROVOX.- Le climat est à la dénonciation d'un «retour du fascisme», notamment par des groupuscules d'extrême-gauche qui s'autoproclament «antifas». Que vous inspire cette crainte? Le fascisme en tant que mouvement politique est-il mort ou peut-il renaître de ses cendres?

Frédéric LE MOAL.- Si je voulais répondre par une boutade, je dirais qu'il n'y a jamais eu autant d'antifascistes depuis que le fascisme a disparu.

Plus sérieusement, je considère que le fascisme est mort en tant qu'idéologie de masse, et ce pour plusieurs raisons:

- La première vient bien sûr des horreurs de la Seconde Guerre mondiale et du cortège de tueries auxquels le nazisme et son comparse italien ont associé leur nom, ce qui provoque un rejet total. - Ensuite le fascisme a constitué une réponse à plusieurs problématiques qui ont complètement disparu de nos jours: la crise de la modernité libérale de la fin du XIXe siècle, le problème de l'intégration des masses dans des systèmes politiques encore peu démocratiques, le cataclysme qu'a constitué la Grande Guerre (les fascistes, c'est la génération du front qui prend le pouvoir), la peur du bolchevisme et la crise de l'après-guerre.

Tout cela a disparu dès 1945. Certes il existe encore des groupuscules se réclamant haut et fort du fascisme mais ce sont justement… des groupuscules!

Nous faisons face à de nouvelles problématiques, à de nouvelles contestations qui n'ont rien à voir avec celles du fascisme. Il faudrait juste faire un effort sémantique.

Pourquoi selon vous la peur du retour du fascisme fait-elle tant recette (plus que le retour du nazisme ou du communisme)?

Personne aujourd'hui ne peut croire à une résurgence du nazisme et le communisme bénéficie d'une telle indulgence mémorielle qu'il n'effraye pas ou guère.

Reste le fascisme et surtout l'antifascisme dont la gauche s'est emparée dès les années 1920.

En outre, comment l'antifascisme pourrait-il vivre sans le fascisme? Ce combat est un puissant instrument d'instrumentalisation politique et un formidable levier de mobilisation, encore de nos jours.

Enfin, une fois l'étiquette fort pratique et facile de fasciste accolée à l'adversaire politique, plus besoin de polémiquer avec lui.

Il est enfin plus facile d'insulter de fasciste un adversaire que de réfléchir à son idéologie.

Dans votre livre «Histoire du fascisme» (Perrin) vous vous intéressez à la nature du fascisme italien. Est-il possible de donner une définition précise de ce mouvement?

C'est en vérité très difficile. Depuis son émergence en 1919, bien des historiens, des politologues, des philosophes ont tenté d'y voir clair dans ce véritable kaléidoscope qu'a été le fascisme, vaste mouvement recrutant à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite. On peut pourtant tenter d'avancer quelques éléments:

- un mouvement révolutionnaire et donc totalitaire,

- qui unit socialisme et nationalisme, anticommunisme et antilibéralisme,

- visant à créer un homme nouveau sous la férule d'un État tout puissant

- pour engendrer une communauté nationale unie, purgée de ses ennemis intérieurs et militarisée, avec un programme d'expansion guerrière.

Contrairement aux idées reçues, vous expliquez dans votre livre que loin d'être un mouvement conservateur, le fascisme porte un idéal révolutionnaire … En quoi?

Jamais aucun fasciste, et surtout pas le premier d'entre eux, ne s'est considéré comme un conservateur et encore moins un réactionnaire.

La plupart des chefs avaient commencé leur engagement politique dans les mouvements de l'extrême-gauche socialiste, marxiste, anarchistes, etc. Et ils ne renièrent jamais ce passé.

À leurs yeux, le marxisme en étant matérialiste ne correspondait pas à la soif d'idéal que porte chaque homme en lui.

Le leur a été celui d'une révolution avant tout anthropologique visant à créer un homme nouveau, un guerrier patriote par élimination de l'esprit bourgeois fait de lâcheté, d'égoïsme, de goût de l'argent et de trahison.

Il s'agissait, sans remettre en cause la propriété privée, de mettre fin au capitalisme libéral par un système corporatiste où l'État prendrait le contrôle de l'économie.

L'exaltation de la romanité et de ses vertus guerrières, la mise en place d'un ordre moral pour différencier l'homme fasciste du bourgeois décadent, l'hygiénisme, le corporatisme, l'anticléricalisme et l'antichristianisme: autant de symptômes d'un projet de rupture avec l'ordre ancien que le grand capital, l'Église et la monarchie incarnaient. Un projet en fait issu de la modernité.

Vous allez même jusqu'à faire du fascisme un mouvement héritier des Lumières…N'est-ce pas exagéré?

Vous évoquez ici un point capital qui renvoie le fascisme à sa nature révolutionnaire et à son lien avec la Révolution française. Le grand historien italien Renzo de Felice a été le premier à mettre en avant ses racines jacobines et rousseauistes. Réalité encore difficile à admettre en France et pourtant…

Les Lumières constituent la première révolution anthropologique moderne car elle a coupé l'homme de son lien avec Dieu.

Devenu de la simple matière, on peut agir sur lui, le remodeler, le rééduquer pour en faire un homme parfait.

Le fascisme n'est pas un mouvement anti-Lumières pour la bonne et simple raison qu'il refuse de croire à la nature inaliénable de l'être humain qui est réduit à de la cire qu'on peut malaxer.

Mussolini utilisait d'ailleurs très souvent la métaphore de l'artiste pour parler de son œuvre politique. Cette tentation démiurgique fait donc clairement du fascisme un mouvement appartenant à l'univers de la gauche révolutionnaire.

L'héritage de la pensée de Rousseau est très clair dans le fascisme: la volonté générale et nationale qui annihile les libertés individuelles, le rôle du législateur et de l'État dans la naissance du citoyen modèle, la puissance du sentiment national transformé en amour pour la patrie qui exige le sacrifice ultime, l'union du pouvoir politique et du pouvoir religieux au bénéfice du premier - d'où l'installation d'une religion civile - la haine pour le cosmopolitisme supposé des riches.

Le fascisme a bien des points communs avec la Révolution française dans sa phase jacobine (j'insiste sur cette nuance car les fascistes rejetaient bien sûr l'héritage libéral de 1789) jusque dans ses accents xénophobes de 1793, le soutien de la petite bourgeoisie, l'association de la nation et de la révolution introduit en Italie par Bonaparte et exaltée par le Risorgimento. S'il existe une cohérence dans le fascisme, c'est bien cet héritage.

Juste un exemple éclairant: deux régimes ont introduit un changement de calendrier: la Convention et l'Italie fasciste!

On sous-estime souvent le fascisme italien, en faisant un totalitarisme d'opérette, moins sanglant que le nazisme. Doit-on le considérer comme un véritable totalitarisme?

Sa nature totalitaire a été longtemps nié, notamment par Hannah Arendt alors que le mot est né en Italie dans les années 1920!

Les travaux de Renzo de Felice et surtout d'Emilio Gentile l'ont mise en pleine lumière. Totalitaire parce que révolutionnaire, le lien de cause à effet est fondamental.

Le régime mit en place des structures d'encadrement politique, notamment de la jeunesse car, selon Mussolini, c'était à l'État et non à la famille d'éduquer les enfants.

Il le dit en 1929: «Dire que l'instruction revient à la famille, c'est dire une chose qui est hors de la réalité contemporaine. La famille moderne, assaillie par les nécessités d'ordre économique, accrochée chaque jour à la lutte pour la vie, ne peut instruire personne. Seul l'État, avec ses moyens en tout genre, peut assumer cette tâche.»

Difficile ne pas y voir une continuité depuis les Lumières et les Jacobins dans la volonté de modeler les esprits par l'éducation étatique.

Pour autant, je le qualifie de totalitarisme de basse intensité car le niveau de terreur est très faible, l'emprise sur le société relative et les contre-pouvoirs nombreux: le roi, les évêques et le pape, les industriels du nord.

Or, il existe aujourd'hui une tendance à aggraver les aspects violents du fascisme. Au rythme où vont les choses ils dépasseront bientôt ceux du Troisième Reich…

Incontestablement ils ont existé et ce dès la sanglante épopée squadriste. Et je ne parle pas de l'effroyable époque de la République Sociale de Salò où le fascisme républicain, libéré de ses entraves, s'est déchaîné y compris contre son propre peuple.

Mais on ne trouvera ni d'Auschwitz ni de Goulag en Italie.

On parle beaucoup en ce moment du retour de Maurras, dont on commémore le 150e anniversaire. En quoi le fascisme italien se distingue-t-il de la tradition de l'Action française?

Maurras ne cachait pas son admiration pour le régime fasciste, autoritaire, nationaliste, évoluant dans un cadre monarchique, bien qu'il fût l'expression d'un nationalisme d'expansion, agressif, conquérant, ce que n'était pas l'Action française.

De surcroît, la latinité pouvait être un élément de cohésion entre les deux pays contre l'Allemagne.

Maurras a donc été un partisan convaincu de l'alliance franco-italienne contre le Reich hitlérien. J'ajouterai qu'il avait compris le danger totalitaire à l'œuvre derrière la restauration de l'État ce qui ne manquait pas de l'inquiéter. Mais, à mon avis, il en sous-estimait le caractère révolutionnaire.

....................Frédéric le Moal - Le Fascisme, mouvement révolutionnaire qui voulait créer un homme nouveau.............. Le Carrefour de l’Horloge recevait le professeur Frédéric Le Moal, docteur en histoire, spécialiste des Balkans, de la Yougoslavie et de l’Italie pendant la seconde guerre mondiale. Il a obtenu le prix du Mémorial du Front d’Orient pour sa thèse : La France et l’Italie dans les Balkans, 1914-1919, publiée aux éditions L'Harmattan avec une préface du professeur Georges-Henri Soutou. Le professeur Le Moal est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Victor Emmanuel III : un roi face à Mussolini (éd. Perrin, 2014), Les divisions du pape : le Vatican face aux dictatures, 1917-1989 (éd. Perrin, 2018) et Histoire du fascisme (éd. Perrin, 2018). Il enseigne notamment à l’Institut Catholique de Paris et à l’Institut Albert le Grand d'Angers. Conférence enregistrée le jeudi 27 juin 2019.( video : 1h44 mn )
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