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Knock on Wood

RUSSIE : qui est vraiment Vladimir POUTINE et que veut il en 2022 ? ( Russian roulette or Chess ? )

6 Mars 2022 , Rédigé par Ipsus Publié dans #EUROPE de l'Atlantique à l'Oural, #GEOPOLITIQUE

Quoi qu'on pense de Poutine,l'Occident,diplomatiquement a mal agi en cherchant à l'humilier et à ne pas jouer un jeu équilibré :

Malgré la dissolution du Pacte de Varsovie,l'OTAN n'a cessé de s'étendre à l'EST 

Quand Poutine a réagi , on l'a exclu du G8,pour se recentrer sur le G7

Alexandre Adler: «L’opération militaire va, tel un boomerang, remonter depuis Kiev jusqu’à Moscou»

 

Pour Alexandre Adler, Vladimir Poutine s’est livré à un « coup d’Etat » pour tenter de raffermir son pouvoir au Kremlin. ( 1.3.2022 )

En 2012,à l'occasion de la sortie du livre Le roman du siècle rouge (éditions du Rocher), Vladimir Fédorovski, écrivain et ancien diplomate russe, et Alexandre Adler, historien spécialiste des relations internationales, offrent au Point.fr

une conversation au sommet sur l'avenir de la Russie de Vladimir Poutine.

Qu'en est-il 10 ans après ?

 

Déjà en 2007 ,Garry Kasparov ,au cœur des mouvements anti-Poutine en Russie, nous offrait une réflexion profonde et riche en exemples sur les liens qui unissent le jeu d’échecs et les règles de la vie.

Baigné dès son enfance dans un climat de méfiance et dans l’espionnage, Vladimir Poutine, ancien membre du KGB présidant aujourd'hui à la destinée de la Russie et homme fort du Kremlin a "une revanche à prendre", comme l’explique Alexandre Adler, l’invité de Danielle Welter sur La Première ce jeudi 3 mars.

Alexandre Adler explique que Vladimir Poutine a eu une enfance difficile. Enfant, son père, Vladimir Spiridonovitch Poutine, a été envoyé au goulag. L’historien explique que son père a été un homme décisif dans la plus grande bataille autour de Stalingrad. Il fut également un agent du NKVD, la police secrète russe.

De son côté, Vladimir Poutine a été envoyé dans un orphelinat soviétique : "C’est un enfant qui a été pratiquement martyrisé", raconte l’historien. "Je ne vais pas faire une description à la Dickens d’un orphelinat soviétique, mais personne ne sort indemne de cette épreuve. Un certain nombre d’amis de son père ont pensé qu’il ne pourrait pas sortir indemne de cette expérience et ont demandé à Iouri Andropov de faire quelque chose pour leur vieux camarade et d’au moins sauver l’enfant."

Ainsi, après avoir été séparé de son père biologique, Vladimir Poutine a été adopté par Iouri Andropov. "Il est né si on peut dire dans deux familles royales", explique Alexandre Adler. "C’est le premier pays communiste de la terre, et c’est aussi le premier pays aristocratique ou les titres existent. 

En Russie, c’est très important."Iouri Andropov est devenu successivement chef de l’étranger socialiste, chef du KGB et enfin, le chef suprême de toute l’union soviétique. "Dans le carré de la famille, on retrouve le jeune Andropov. Il était considéré comme le fils adoptif d’Andropov. Ces deux hommes ont façonné Poutine qui s’est cru fils de héros."

 

De son enfance difficile, Vladimir Poutine a une double revanche à prendre :

- une première "sur son enfance où il a été maltraité horriblement"

- et une autre "sur le fait qu’il a été à ses yeux sous-estimé.

Il estimait avoir le droit de jouer un rôle plus important que celui qu’on lui a réservé. Il a toujours fait appel des jugements condescendant dont il a été victime et il a montré ensuite dans son application du pouvoir et dans les méthodes qu’on lui a appris beaucoup de savoir-faire."

Une paranoïa justifiée

Élevé dans un climat de méfiance depuis son enfance, Alexandre Adler indique que Vladimir Poutine avait des raisons d’être méfiant et revient sur une partie des causes de sa paranoïa : "Tout se déclenche quand à un moment donné, on reçoit une nouvelle qu’on pense être une fake news, annonçant qu’il souffre de la maladie de Parkinson.

La CIA a pu par la suite remonter à la source de la nouvelle… qui s’est avérée être le Kremlin.

C’était directement les amis de Poutine, les serviteurs de Poutine, ceux qui étaient supposés être sa garde personnelle qui se sont permis de communiquer sur cette information en disant : "Vous savez, vous croyez qu’il est le chef de toutes les Russies, mais il est d’abord malade de Parkinson.""

"Suite à cet événement, Vladimir Poutine s’est dit qu’ils avaient planifié sa destitution", ajoute Alexandre Adler. Son propre camp considérait en effet qu’il faisait à ce moment-là trop de concessions à la Chine et tentait de le déstabiliser. "Même les paranoïaques ont parfois des ennemis", conclut Alexandre Adler en citant Henry Kissinger. "C’est son cas".

 


 

 

La guerre en Ukraine est un événement aussi retentissant que les attentats d'Al-Qaida contre le World Trade Center et le Pentagone. C'est l'opinion

d'Alexandre Adler, journaliste et historien, qui avait publié J'ai vu finir

le monde ancien (Grasset) après le 11 septembre 2001. Les cartes sont de

nouveau en train d'être rebattues en Europe mais aussi en Amérique, en Asie,

au Moyen-Orient, après le coup de force de Vladimir Poutine.

Car Adler en est convaincu, malgré les apparences, l'offensive russe aura pour

conséquence un rapprochement entre l'Europe et Moscou… et la fin de

l'alliance entre la Russie et la Chine.

Selon lui, la succession de Poutine se profile déjà et le conflit contre l'Ukraine ne fera que précipiter sa chute.

Pour l'avoir côtoyé de près, il estime que le tsar du Kremlin est bien trop impulsif pour être un vrai maître stratège.

Le Point : Après le 11 septembre 2001, vous disiez avoir vu « finir le monde

ancien ». Sommes-nous à nouveau en train d'assister à une bascule ?

 

Alexandre Adler : Tout à fait. Une réorganisation du monde est en cours

depuis la fin de l'URSS, mais il reste des chantiers inachevés. 3

d'entre eux, au moins, vont accélérer du fait de la guerre en Ukraine.

 

Premièrement : la défense européenne. Elle est en sommeil depuis des années,

mais cette fois des pays comme la Finlande, la Suède, l'Allemagne et

l'Autriche semblent décidés. Poutine, dans son geste désespéré, a fait faire

un pas de géant à l'Europe !

Deuxièmement : l'alliance russo-européenne. Selon moi, le conflit en Ukraine

va se terminer rapidement, entraînant avec lui la fin des années Poutine.

Ensuite, la grande alliance entre l'Europe et la Russie pourra se mettre en

place. Mais ça ne se fait pas sans heurts, comme nous le constatons

aujourd'hui.

Le rapprochement russo-européen, on en voit les prémices dans

le domaine spatial avec le déménagement d'une partie des équipes russes de

Baïkonour vers Kourou, en Guyane.

Quant à l'Europe, elle a compris la leçon,

et va mettre un terme à l'isolement de la Russie. Elle a bien vu que cela la

rendait paranoïaque et dangereuse.

Troisièmement : l'effondrement de l'alliance sino-russe. En se rapprochant

de l'Europe, la Russie va rompre avec Pékin.

La Chine va devoir se tourner,vers ses autres voisins asiatiques. Je la vois reprendre une collaboration avec le Japon et œuvrer à la réunification entre les deux Corées.

Et l'Amérique, dans tout ça ?

Les États-Unis vont se concentrer sur eux-mêmes, c'est-à-dire sur leur

continent. Le mot d'ordre, c'est « mind our own business » (occupons-nous de

nos propres affaires). Biden a mis en place un trumpisme à visage humain,

c'est-à-dire un isolationnisme sans insultes ni sorties racistes. L'Amérique

va intensifier ses relations avec les pays d'Amérique du Sud, surtout le

Brésil, et tenter de régler le problème des cartels au Mexique. Hormis

quelques pays « exceptionnels », comme Israël et les Philippines, ils vont

se désengager. Fini de déverser de l'argent sur l'Égypte ou l'Europe de

l'Est, cela ne les intéresse plus.

La guerre en Ukraine restera-t-elle comme un des grands événements de

l'histoire contemporaine ?

C'est du même acabit que le 11 Septembre, le krach de Wall Street ou même

Waterloo.

Avec la guerre de la Russie en Ukraine, le monde vit la bascule du siècle.

Le pays qui a donné au monde le communisme et la révolution d'Octobre est en train de bouleverser à nouveau l'échiquier mondial, y compris au Moyen-Orient.

Nous voyons déjà l'émergence d'une nouvelle alliance, celle d'Israël et des États du Golfe.

À terme, je prédis que les accords d'Abraham vont devenir « des accords de Moïse ». Israël et l'Arabie saoudite vont vouloir acter la reconnaissance inconditionnelle de leurs deux États avec échanges d'ambassadeurs.

Les Palestiniens pourraient alors disposer d'un État sous protectorat saoudien.
 

Parlons de Vladimir Poutine. Vous avez eu l'occasion de le côtoyer. Comment

le décririez-vous ?

Je ne l'ai vu qu'une seule fois, mais j'ai eu le temps de l'observer, de le questionner et même de subir une de ses célèbres colères.

En 2006, il nous a invités à dîner avec Hélène Carrère d'Encausse, alors que nous revenions

d'un voyage en Sibérie. Il nous reçoit dans la datcha préférée de Staline,celle dans laquelle celui-ci est mort et qu'il avait baptisée « la plusproche », car située non loin de Moscou. Nous sommes installés – déjà à l'époque – autour d'une très grande table. Hélène Carrère d'Encausse à sa

droite et moi à sa gauche. Tout se passe très bien, Poutine est très chaleureux jusqu'au moment où vient mon tour de prendre la parole.

Je pose la mauvaise question. À l'époque, il tentait une OPA agressive sur EADS, qui

était un embryon des volontés européennes de bâtir une Défense commune.

L'affaire avait ému en France et en Allemagne. Je lui demande pourquoi il cherche à entrer au capital d'EADS et non d'Airbus, une entreprise 100 % civile.

Silence. Je le vois blêmir et je sens monter en lui une envie de violence. Véritablement, j'ai cru qu'il allait se lever et me casser la figure. Son regard vitreux, hostile, se fixe sur moi et il finit par répondre. À côté, comme pour me provoquer. « Il existe un pays avec lequel j'entretiens d'excellentes relations militaires, c'est Israël. Mais vous lesaviez, n'est-ce pas ? » Cette allusion maladroite et bizarre à mes origines juives me fait dire, depuis ce jour, que Poutine est, certes, un bon stratège, mais qu'il est trop impulsif et qu'il manque de sang-froid. Son côté « soupe au lait » le rattrape souvent.

Quelles sont les raisons, selon vous, qui l'ont poussé à envahir l'Ukraine ?

Politiquement, il sent qu'il pourrait être rapidement débordé à Moscou.

Il a voulu contrer un cercle qui travaille activement à son remplacement. Poutine a la certitude que l'on conspire contre lui depuis l'apparition des rumeurs le disant atteint de la maladie de Parkinson. Les sources qui ont fait fuiter cette information se trouvent au plus haut niveau du Kremlin. Depuis ce jour, il sait que le compte à rebours pour le remplacer est lancé.

Il ne lui reste plus qu'une chose à faire : foncer. Advienne que pourra.

Pourrait-il aller jusqu'à employer l'arme atomique ? Il est prêt à mourir, c'est certain, mais il n'ira pas jusqu'à la guerre nucléaire. Il n'est pas fou à ce point-là. Il sait surtout qu'il sera mis de côté ou tué avant.

La seule possibilité nucléaire que je vois, c'est celle d'une petite explosion « accidentelle » en Ukraine.

Qui sont aujourd'hui les principaux rivaux de Poutine en Russie ?

Son ministre de la Défense Sergueï Choïgou lui a toujours été fidèle, mais un désaccord profond divise les deux hommes : la relation à la Chine. Choïgou vient de Mongolie, il est viscéralement hostile à Pékin et voit d'un très mauvais œil le rapprochement avec Xi Jinping. Il estime que Poutine a vendu tous les bijoux de famille à la Chine.

Il s'est rapproché de Sergueï Narychkine, le chef du SVR, les renseignements extérieurs. C'est un poste sans grand pouvoir désormais, Poutine l'a vidé de ses prérogatives au profit du FSB. Mais l'homme est ambitieux et dispose d'un atout important : il a la légitimité pour régner.

Il est le descendant de l'illustre famille Narychkine, associée à celle des tsars. Son ancêtre Natalya Naryshkina est la mère de Pierre Le Grand. Staline, qui était très snob, a d'ailleurs toujours protégé les membres de la famille. Sergueï Narychkine est aujourd'hui le favori du camp des sages, qui s'oppose à celui de Poutine.

En ce moment dans le pays se joue une vraie guerre de succession, où tous les coups sont permis. Nombreux sont ceux qui craignent chaque matin de voir surgir les tueurs de Poutine à leur porte.

RUSSIE : qui est vraiment Vladimir POUTINE et que veut il en 2022 ? ( Russian roulette or Chess ? )
RUSSIE : qui est vraiment Vladimir POUTINE et que veut il en 2022 ? ( Russian roulette or Chess ? )
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Hélène Carrère d’Encausse: «C’est le début de la fin du système poutinien»

 

Pour l’historienne Hélène Carrère d’Encausse, le président russe est à ce point délégitimé que c’est sans doute pour lui le commencement de la fin.

Mais avec quelle relève ? Il n’y a aucune figure morale de résistance, dit-elle.

 

Lorsque Vladimir Poutine avait accédé au pouvoir en 2000, il l’avait invitée au Kremlin pour parler de son livre, « L’Empire éclaté ».

Mais aujourd’hui, Hélène Carrère d’Encausse ne reconnaît plus celui avec lequel elle avait alors parlé pendant deux heures en tête à tête.

Secrétaire perpétuel de l’Académie française (elle tient au masculin), elle nous a reçus chez elle, non loin de la Coupole, avec les correspondants européens de Lena.

La guerre en Ukraine est aussi une tragédie russe, nous a-t-elle expliqué.

 

RUSSIE : qui est vraiment Vladimir POUTINE et que veut il en 2022 ? ( Russian roulette or Chess ? )
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RUSSIE : qui est vraiment Vladimir POUTINE et que veut il en 2022 ? ( Russian roulette or Chess ? )

 trente ans après la chute du Mur, la démocratie libérale est menacée de l’intérieur et assiégée de l’extérieur.👇

RUSSIE : qui est vraiment Vladimir POUTINE et que veut il en 2022 ? ( Russian roulette or Chess ? )

Poutine est intervenu en 2015 en Syrie pour sauver Assad, sans tirer un seul coup de fusil contre Daesh, laissant aux Occidentaux et à leurs alliés l’intégralité du combat contre le proto-Etat du Calife Baghdadi 

 

c’est grâce à la Syrie que la Russie de Poutine a réussi son grand retour au Proche-Orient et, au-delà, restauré son statut de grande puissance sur la scène internationale ;

le conflit syrien a joué un rôle dans la déstabilisation de la Turquie et ce que l’on appelle la « dérive autoritaire » d’Erdogan .

RUSSIE : qui est vraiment Vladimir POUTINE et que veut il en 2022 ? ( Russian roulette or Chess ? )

L’année 1989 a marqué la fin du XXe siècle, court et tragique, qui s’ouvrit en 1914 et fut placé sous le signe des grandes guerres conduites au nom des idéologies.

La chute du mur de Berlin, le 9 novembre, lança la désintégration de l’empire soviétique et entraîna la troisième grande vague de décomposition des empires après celles de 1918 et de 1945.

La démocratie sortit victorieuse des trois guerres mondiales, la dernière s’étant dénouée sur le plan politique et non militaire.

La fin de la guerre froide et la chute de l’Union soviétique portèrent au zénith le modèle libéral.

La dernière décennie du XXe siècle vit l’universalisation du capitalisme, la montée de la société ouverte et le progrès de la démocratie sur les cinq continents, donnant corps au mythe de la fin de l’histoire et de l’avènement de la démocratie de marché théorisé par Francis Fukuyama.

Trente ans après, le contraste est saisissant ( 2019 )

L’économie mondiale, qui ploie sous les dettes accumulées pour éviter une grande déflation après le krach de 2008, est engagée dans la démondialisation, sous la pression de la guerre commerciale engagée par les États-Unis contre la Chine qui provoque le recul des échanges et des paiements internationaux. La société ouverte a été enterrée par le retour en force des nationalismes, avec pour symbole la construction de quelque 65 murs aux frontières des nations.

La démocratie est partout sur la défensive, prise sous le feu croisé des menaces extérieures et intérieures. D’un côté, elle est désignée comme ennemi par les démocratures chinoise, russe ou turque, et par les djihadistes. De l’autre, elle est minée par les populistes et concurrencée par le modèle de la démocratie illibérale promu par Viktor Orban.

Une immense fatigue s’est emparée des peuples démocratiques, qui se traduit par le refus d’assumer la charge et la responsabilité de la liberté. La sécurité est désormais préférée à la liberté et l’identité à la citoyenneté, ce qui paralyse les institutions et défait les nations. Sur le plan international, l’Occident se décompose : les États-Unis, sous la houlette de Donald Trump, ont renoncé à la République comme à l’empire, laissant le champ libre aux démocratures et aux djihadistes ; l’Europe communie dans l’impuissance et les divisions.

Vladimir Poutine enterre certes trop vite démocratie et libéralisme en affirmant qu’ils appartiennent au passé.

Dans le monde, émergent, de Hongkong à Caracas en passant par Alger, des hommes risquant leur vie pour tenter d’accéder à la liberté politique. Mais il reste que les démocraties ont perdu l’après-guerre froide. Alors que la liberté exige un travail permanent des individus et des nations sur eux-mêmes, les démocraties ont succombé depuis 1989 à la tentation de la complaisance et leurs citoyens à celle de vivre en rentiers.

La liberté s’est dégradée en rente, avec l’abandon de l’éducation et le mépris pour la connaissance, l’irrespect de l’État de droit, la déshérence des valeurs, au premier rang desquelles les droits de l’homme, ce qui a ouvert de vastes espaces aux démagogues, aux extrémistes et aux fanatiques. Le capitalisme s’est dégradé en rente, la chute de la croissance et de la productivité étant compensée par les bulles spéculatives qui ont permis de distribuer des richesses fictives sous la forme de dividendes pour les uns, de prestations sociales pour les autres.

La mondialisation s’est dégradée en rente, avec un modèle insoutenable prétendant exporter la production et les emplois en Asie - avant tout en Chine - tout en conservant valeur ajoutée et profits en Occident, mais aussi avec l’accélération d’un capitalisme de prédation au moment où le dérèglement climatique menace de sortir de tout contrôle. Les technologies numériques se sont dégradées en rente accaparée par les monopoles du Gafam.

Le leadership s’est dégradé en rente avec des guerres sans fin qui témoignent d’une égale incapacité à gagner au plan militaire et à conclure la paix au plan politique, avec des États-Unis qui prétendent rivaliser avec la Chine tout en liquidant les alliances et le système multilatéral qui fondaient leur puissance au nom d’un nationalisme à courte vue.

Le triomphe de 1989 s’est transformé en désoccidentalisation accélérée du monde.

Le libéralisme s’est dissous dans le matérialisme, l’individualisme et le nihilisme.

Les démocraties, toutes à l’euphorie d’une victoire qui était d’abord la défaite du soviétisme, ont perdu le contrôle de l’histoire du monde car elles ont cessé de chercher à le comprendre et à le stabiliser.

Les démocraties ont perdu la bataille de l’après-guerre froide mais pas la guerre du XXIe siècle.

La liberté politique peut survivre si elles savent se réinventer.

Il ne leur manque que l’essentiel :

la raison politique pour les États-Unis ;

le courage pour l’Europe.

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