Résistance au Changement
La résistance comme indicateur
Une bonne façon de mesurer l'étendue du changement envisagé est de constater l'ampleur de la résistance que celui-ci fait naître au sein de l'organisation ou de l'entreprise.
Un changement qui ne provoquerait que peu ou pas de résistance serait un bon indicateur que ce dernier ne
bouscule pas les habitudes et que conséquemment il n'en est pas vraiment un.
Le véritable changement provoque une profonde remise en cause et s'éloigne sensiblement des modifications de façade
que l'on met en place pour abuser les spectateurs.
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Changer le monde ? Oui, mais pas à l’insu de son plein gré
Quels liens entre la psychothérapie et l’éducation vers un développement durable ? Les changements de comportements, répond Jean-Jacques Wittezaele. En la matière, ce
psychothérapeute de renom, directeur de l’Institut Gregory Bateson et auteur de nombreux ouvrages, met en garde : plus ma volonté de changer l’autre est importante, plus j’augmente sa
résistance au changement.
Le changement concerne deux parties, que l’on peut résumer en deux questions : « qui veut-on changer ? » et « qui a envie que quelqu’un change ? ». Autrement dit, il y a les personnes qu’on souhaite voir changer, d’une part, par exemple les pollueurs ; et d’autre part les personnes qui initient le changement, qui demandent à ce que les autres changent, par exemple les ONG environnementales. L’écologie du changement, c’est resituer cela dans un contexte d’interaction. Mon souci c’est d’intégrer dans la réflexion la personne qui souhaite que l’autre change. Pour, primo, permettre une prise de conscience de ce qui l’amène à vouloir changer l’autre. Secundo, pour analyser quels sont les moyens utilisés pour amener un changement ? Est-ce imposer un changement et utiliser les meilleures stratégies commerciales pour faire en sorte que l’autre change, quoiqu’il arrive ? Ou tient-on aussi compte de l’autre, de ses propres souhaits, de sa vision du monde et des choses pour, ensemble, évoluer ?
Certains éléments peuvent être appliqués dans d’autres contextes, avec comme idée « on sème des graines en laissant la liberté aux autres, à partir de là, de pouvoir eux-mêmes faire un bout de chemin ». Mais je n’ai pas de réponse pour un grand projet d’éducation, je ne suis pas un spécialiste du changement des grands systèmes, ce n’est pas mon métier. Je crains par ailleurs la volonté de vouloir changer le monde. Ça me fait toujours un peu peur. Bateson disait que lorsque l’on veut faire du bien, mieux vaut le faire de manière individuelle que d’imaginer un changement ou un bien collectif, car cela équivaut souvent à vouloir imposer un projet idéologique. Même si l’on estime que ce projet idéologique va faire du bien à tout le monde…
Plus ma volonté de changer l’autre est importante, plus j’augmente sa résistance au changement. Dans tout contexte, si le changement que l’on propose n’est pas compatible avec la vision du monde l’autre, la façon dont il voit sa vie et son rapport au monde, automatiquement toute proposition d’influence directe va être rejetée. Par exemple, si l’on veut sensibiliser les automobilistes, il faut partir de ce que la voiture représente pour eux : liberté, facilité, reconnaissance sociale, mais aussi peut-être bouchons, coût, pollution. Si on veut les faire changer de modes de transport en ne parlant que de la pollution, il y a de grandes chances que ça ne passe pas. En situation thérapeutique, lorsqu’une personne demande à changer, on lui demande souvent « qu’est-ce que vous avez à perdre de ce changement ? ». Il y a toujours des choses à perdre dans un changement. Si nous avions plus conscience de ce que les gens pensent qu’ils pourraient perdre, on pourrait adapter le discours et les rassurer.
Je peux effectivement utiliser des subterfuges lorsque les gens ne voient pas par quel chemin ils doivent passer pour arriver au changement qu’ils souhaitent. Mais la grande différence entre le public cible d’une association d’éducation à l’environnement, par exemple, et mes patients, c’est que ces derniers sont en souffrance. Ils attendent un changement, espère quelque chose de nouveau, même s’il y a résistance. Ce sont eux les « clients ».
Ils doivent en tout cas se demander quelles sont leurs motivations à vouloir changer les comportements. Même si cela apparaît sous l’angle d’un projet intéressant pour tous, je crois que le désir de faire changer les autres doit être questionné. Une stratégie plus indirecte et intéressante serait d’amener les autres à être intéressés par le changement qu’on leur propose. Que susciter pour que finalement les personnes deviennent clientes elles-mêmes de ce changement ?
Tout à fait. C’est un combat à un autre niveau, davantage politique. On ne résoudra pas les grands problèmes de société en envoyant tous les « hors-norme » chez le thérapeute. On ne résoudra pas les problèmes d’environnement, de santé et de rapport nord-sud en envoyant les pollueurs, les fumeurs et les mangeurs de chiquita chez le thérapeute ou en utilisant des techniques thérapeutiques individuelles.
Là il faut agir à un niveau global, dans un combat politique qui amènera la population à effectivement estimer que si on limite tel ou tel comportement ce sera bénéfique pour le comportement général. Il y a là un combat politique très clair à mener.
Propos recueillis par Christophe Dubois
Jean-Jacques Wittezaele tiendra une conférence au colloque « Changements de comportements », le 16 mars 2006 à l’Arsenal de Namur
Sa biographie : http://www.igb-mri.com/html/pages/jjWittezaele.shtml
Voir également:
Résistance au changement et démarche qualité
http://solutions.journaldunet.com/0510/051021_tribune_bpms.shtml
Reconnaître le besoin de changement en identifiant les forces motrices et les forces résistantes.
Le changement est réalisé grâce à une stratégie qui diminue les forces résistantes.
Renforcez le nouveau comportement et soyez ouvert aux commentaires.
L'exemple suivant illustre la mise en application du concept précédent au sein d'une organisation