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Knock on Wood

qu'en est-il du Choc des Civilisations ?

8 Décembre 2008 , Rédigé par Ipsus Publié dans #MENA Afrique du Nord M.- O.

  Depuis la chute du mur de Berlin,en passant par 2001, la Mondialisation a modifié nos repères et même si les thèses,ci-dessous,méritent d'être nuancées,il appartient à chacun de se positionner,en fonction de son vécu et de sa sensibilité: sans angélisme ,ni dogmatisme...


Mort de Samuel Huntington,
auteur du "Choc des civilisations"

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/mort-de-samuel-huntington-auteur-du-choc-des-civilisations_728472.html

 

L'auteur de la controversée théorie du "choc des civilisations", publiée en 1996, s'est éteint à l'âge de 81 ans.
 Ce livre, dans lequel le politologue opposait l'Occident à l'Orient, avait suscité un important débat surtout après le 11-Septembre.

Le politologue Samuel Huntington, auteur du "Choc des civilisations", ouvrage controversé annonçant des conflits liés aux différences entre cultures, est décédé à l'âge de 81 ans, a annoncé l'université Harvard.  

Huntington, qui avait enseigné pendant 58 ans à Harvard avant de prendre sa retraite en 2007, s'est éteint mercredi à Martha's Vineyard, dans le Massachusetts, indique le site internet de l'université.

Dans "Le Choc des civilisations" (1996), élaboré à partir d'un article publié en 1993 dans la revue Foreign Affairs, Huntington envisageait un monde où se développeraient des rivalités et des conflits d'ordre culturel entre civilisations.

En insistant sur les facteurs de conflit culturels et non plus sur les antagonismes idéologiques qui prévalaient durant la guerre froide, Huntington a suscité un large débat sur les relations entre les mondes occidental et islamique -surtout après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

A ceux qui jugeaient sa thèse simpliste ou qui y voyaient, comme l'intellectuel Edward Said, l'idée d'un Occident en opposition avec le reste du monde, Huntington avait répondu lors d'un entretien à la revue Islamica en 2007: "Je maintiens que les identités, les antagonismes et les affiliations culturels joueront non seulement un rôle, mais un rôle majeur dans les relations entre Etats."

En 2004, avec son livre "Qui sommes-nous ?", il avait aussi provoqué une polémique en arguant que l'afflux massif d'immigrés mexicains aux Etats-Unis menaçait l'identité et l'unité nationales américaines.

"On a étudié ses idées et on en a débattu dans le monde entier", écrit l'économiste Henry Rosovsky, ami de Huntington, sur le site internet de Harvard. "Il était de toute évidence l'un des politologues les plus influents des cinquante dernières années."

Huntington, auteur ou coauteur d'une quinzaine de livres, avait collaboré avec le Conseil de la sécurité nationale de la Maison blanche en 1977-78 sous la présidence de Jimmy Carter.


"CHOC DES CIVILISATIONS" CONTRE "FIN DE L'HISTOIRE"

Cette théorie constituait une sorte de réponse à l'un de ses anciens élèves, Francis Fukuyama, qui, quelques années plus tôt, publiait un livre intitulé La Fin de l'histoire et le Dernier Homme (Flammarion, 1992).
 Fukuyama y développait la thèse selon laquelle, après la chute du communisme, le seul espoir de l'humanité se situait dans la démocratie libérale et l'économie de marché et que cette évolution vers la modernité était "inexorable"


http://www.lemonde.fr/carnet/article/2008/12/27/samuel-huntington-auteur-du-choc-des-civilisations-est-mort_1135885_3382.html



 

A l’origine d’un concept
Par Alain Gresh

 

« La crise au Proche-Orient (...) ne surgit pas d’une querelle entre Etats, mais d’un choc des civilisations  (1). »
 Dès 1964, un universitaire britannique, encore peu connu, lance la formule qui devait connaître une si grande fortune. Incontestablement, Bernard Lewis est un précurseur.
Installé aux Etats-Unis en 1974, spécialiste de la Turquie, il est aussi un acteur politique et il ne s’en cache pas.
Très proche de M. Paul Wolfowitz et des néoconservateurs de l’administration Bush, il est partisan de la politique israélienne comme de la guerre contre l’Irak.
« Révélé » au grand public après le 11-Septembre, il a commis deux essais très orientés, sous des dehors « scientifiques » : Que s’est-il passé ? et L’Islam en crise (
2), très applaudis.
On en a même oublié de rappeler que l’auteur continue de nier le génocide arménien...

Passée inaperçue dans les années 1960, la formule est relancée par lui, vingt-cinq ans plus tard, dans un article, « The roots of muslim rage » (Les racines de la colère musulmane (3)).
Il y décrit l’état d’esprit du monde musulman et conclut : « Ceci n’est rien de moins qu’un choc de civilisations, la réaction peut-être irrationnelle mais sûrement historique d’un ancien rival contre notre héritage judéo-chrétien, notre présent séculier et l’expansion mondiale des deux. » « Je pense, précise-t-il en 1995, que la plupart d’entre nous seront d’accord pour dire, et certains l’ont dit, que le choc des civilisations est un aspect important des relations internationales modernes, bien que peu d’entre nous iront jusqu’à dire, comme l’ont fait certains, que les civilisations ont des politiques étrangères et forment des alliances  (
4). »

La vision d’un « choc des civilisations », opposant d’abord deux entités clairement définies, « Islam » et « Occident » (ou « civilisation judéo-chrétienne ») est au cœur de la pensée de Bernard Lewis, une pensée essentialiste qui réduit les musulmans à une culture figée et éternelle.
« Cette haine,
insiste-t-il, va au-delà de l’hostilité à certains intérêts ou actions spécifiques ou même à des pays donnés, mais devient un rejet de la civilisation occidentale comme telle, non pas seulement pour ce qu’elle fait mais pour ce qu’elle est et les principes et les valeurs qu’elle pratique et qu’elle professe  (
5). »

 Les Iraniens ne se sont pas révoltés contre la dictature du chah imposée par un coup d’Etat fomenté par la CIA en 1953 ; les Palestiniens ne se battent pas contre une interminable occupation ; et si les Arabes haïssent les Etats-Unis, ce n’est pas à cause de l’appui de ces derniers à M. Ariel Sharon ou de leur occupation de l’Irak : en réalité, ce que rejettent les musulmans, ce sont la liberté et la démocratie. Comment comprendre le conflit du Kosovo ou de l’Ethiopie-Erythrée ? Par le refus des musulmans d’être gouvernés par des infidèles, explique Bernard Lewis.

C’est en 1993 que l’Américain Samuel Huntington reprend la formule du « choc des civilisations » dans un célèbre article de Foreign Affairs (6).

Rejeté verbalement en France, le concept s’installe pourtant peu à peu dans les consciences.
Quand, en décembre 2003, à Tunis, le président Jacques Chirac parle d’« agression », à propos du foulard, la journaliste Elisabeth Schemla s’en réjouit : « Pour la première fois, Jacques Chirac reconnaît que la France n’est pas épargnée par le choc des civilisations  (
7). »

« Sans en exagérer l’importance, écrit Emmanuel Brenner dans un pamphlet intitulé France, prends garde de perdre ton âme..., il faut tenir compte d’enjeux culturels qui traduisent des affrontements entre des conceptions du monde différentes sinon antagonistes. (...) Cette dimension culturelle fait défaut à de nombreux observateurs qui omettent de prendre en compte cet arrière-fond historique qui nous parle à notre insu. Un arrière-fond dont la nature longtemps conflictuelle affleure dans les retours identitaires d’aujourd’hui. Il n’est que d’évoquer les croisades et l’affrontement entre les deux rives de la Méditerranée, il n’est que d’évoquer l’avancée de l’islam dans le sud-est de l’Europe jusqu’aux portes de Vienne au XVIIe siècle, il n’est que d’évoquer aussi le temps du Turc redouté et abhorré, puis le temps de la colonisation et son cortège de violences, celui de la décolonisation, enfin, qui fut souvent sanglante. Cette confrontation, ancienne et récurrente, a sédimenté dans les consciences des peuples  (8). » Et c’est pour cela, conclut-il, que nombre de jeunes Beurs français sont « culturellement » antisémites...
De Mahomet au siège de Vienne par les Ottomans, de la décolonisation à l’islamisme, de l’islamisme à Al-Qaida, du foulard à l’antisémitisme des Beurs, la boucle est bouclée, l’histoire se répète. Sus aux Sarrasins !


(1) Bernard Lewis, The Middle East and the West, Indiana University Press, Bloomington, 1964, p. 135.

(2) Bernard Lewis, Que s’est-il passé ? L’Islam, l’Occident et la modernité, Gallimard, Paris, 2002, et L’Islam en crise, Gallimard,2003.

(3) Bernard Lewis, « The roots of muslim rage. Why so many muslims deeply resent the West, and why their bitterness will not easily be mollified », The Atlantic Monthly, Boston, septembre1990. Lire cet article sur le site Policy.

(4) Bernard Lewis, « “I’m right, you’re wrong, go to hell.” Religions and the meeting of civilization », The Atlantic Monthly, mai 2003.

(5) Lewis, « The roots... », op. cit.

(6) Samuel Huntington, « The Clash of Civilizations », Foreign Affairs, vol. 72, n° 3, 1993.

(7) Pour la première fois..., 10 décembre 2003, Proche-Orient.info

(8) Emmanuel Brenner, France, prends garde de perdre ton âme..., Editions Mille et une nuits, 2004, p. 106.



http://www.monde-diplomatique.fr/2004/09/GRESH/11390 - septembre 2004



 la Méditerranée pourrait cependant redevenir ce lieu privilégié de rencontre entre les cultures, les religions et les civilisations.
Encore faudrait-il reconnaître que, loin d'être un musée poussiéreux d'une grandeur antique mais dépassée, la Méditerranée demeure un espace pluriel où les civilisations peuvent encore dialoguer sans se replier derrière des identités meurtrières.
 A partir d'une conception braudelienne de l'histoire, Philippe Barbé propose de dépasser la violence rhétorique qui domine la thèse du " choc des civilisations " en effectuant un retour sur la puissance médiatrice de la Méditerranée.
Refusant l'alternative trop brutale entre une guerre ou une paix permanentes, cet ouvrage fait plus modestement le pari que c'est dans les marges des civilisations et le long de leurs frontières que pourra éventuellement naître un contre-modèle, un anti-choc des civilisations. 

Biographie de l'auteur
Philippe Barbé, docteur en sociologie et en littérature, enseigne à l'université de Californie
.

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