Chaque femme est un roman...même après 50 ans...
Alexandre Jardin
Ce soir, sur FR2, chez Guillaume Durand, Alexandre Jardin,nous a raconté ce chapitre de son dernier livre :
CE QUE JE CROYAIS
SAVOIR DE L'AMOUR
1 - Le
cyclone Victoria
Mai 1983, j'ai dix-huit ans et je révise le bac chez
ma mère. Chaque soir, de l'autre côté de la rue, une femme fait l'amour comme on sort de route. Etourdie d'extases athlétiques, allégée de toute pudeur, elle ne songe même pas à tirer ses rideaux
pour masquer ses arabesques. En elle, tout est délié, livré, abandonné. Ma concentration n'est pas au maximum (au bac, je décrocherai un petit 11,5 sur 20 de moyenne !). Dès que je jette un œil
dans sa direction à partir de vingt et une heures, j'apprends que certaines filles désirent différemment de celles qui forniquent à feu doux. Cette liberté m'électrise. Elle est blonde, elle est
tonique, elle aime l'homme. Alors que moi, aucune tempête érotique ne m'incline à turbuler : que du clapotis génital. Morne début de carrière d'amant. Mes petites amies du moment, à faible
coefficient d'audace, n'ont rien à voir avec cette tornade que je baptise Victoria.
Un matin, je décide d'aller goûter à sa vitalité.
Je me poste devant la porte de son immeuble avec un journal. C'était un samedi matin, je crois, juste avant que Noah ne donne une leçon d'enthousiasme à Roland-Garros. L'exode estival des
nuages parisiens laissait au-dessus de moi un ciel bleu léger. La blondeur de la fille surgit du hall d'entrée : ses traits diaphanes, que je distingue enfin, m'encouragent. Un assemblage
exquis de grâces convaincantes, presque floutées, gages de sensualité. Je suis ce petit Fragonard très réussi et, au marché de la rue Mesnil, l'accoste avec une brassée de fleurs
coupées :
- C'est pour vous, de la part d'un homme qui hésite à vous aborder. Il attend dans le café, là-bas. Ridicule, non ?
- En tout cas, les fleurs sont belles.
- Qu'est-ce que je lui dis, au type du café ?
- Qu'il faut toujours oser.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est la vie, d'oser.
- Cet homme... c'est moi.
Son sourire s'est suspendu. La jeune femme a éclaté de rire et respiré le bouquet où éclataient trop de couleurs. Les choses furent immédiatement nettes et précises dans nos cœurs. J'avais
dix-huit ans, elle presque trente. Le soir même, nous faisions l'amour dans ma piaule de lycéen avec une ferveur cyclonique ; exactement comme je l'avais espéré. Ma mère se trouvait à la
campagne ; je disposais de notre appartement. Oublieux de ma réserve, je me sentis soudain le fils du LSD et d'un Dieu du stade. Mais, par gêne sans doute, je me gardai de lui révéler que je
l'avais scrutée depuis des semaines. Après l'amour, je suis allé prendre l'air tiède sur le balcon tandis que ma maîtresse lambinait dans mes draps. Le crépuscule traînait. C'est alors que j'ai
vu, de l'autre côté de la rue, la véritable Victoria qui copulait. Inapaisée, elle déployait la frénésie sexuelle que je lui avais toujours connue. La jeune femme que j'avais accostée au
marché, et qui se trouvait dans mon lit, n'était pas la bonne. J'en suis resté tremblant.
Ce choc m'a appris qu'en amour, la liberté de l'autre est induite par notre propre regard. C'était bien l'idée que je m'étais faite de cette amante qui avait permis cette envolée. On n'aime que
celle que l'on tient à voir. Merci merveilleuse Victoria - que je ne connaîtrai jamais ! - pour cette leçon que je n'ai pas oubliée, et qui continue de me faire douter de mes suppositions. Nous
sommes si souvent les auteurs de la conduite de l'autre.
Voir l'interview d'Alexandre Jardin dans l'émission Dans quel étagère
http://programmes.france2.fr/dans-quelle-etagere/index-fr.php?page=accueil&id_article=197
Mot de l'éditeur sur "Chaque femme est un roman" de Alexandre
Jardin
Avec ce livre, Alexandre Jardin clôt provisoirement sa « trilogie » familiale. Le Zubial disait sa dette à l’endroit de son père ; Le roman des Jardin remerciait sa famille ; et ce nouvel ouvrage rend grâce aux femmes qui ont fait son éducation, au premier rang desquelles figure, bien sûr, sa mère. Mais Alexandre Jardin éprouve de la gratitude à l’endroit de la plupart des femmes qui ont croisé son chemin – et qui ne sont pas toutes, loin de là, de souche « jardinienne ». Ainsi, ce roman raconte, par brefs chapitres, ce qu’il a appris, sur le chemin de sa vie, auprès de telle ou telle. Sa galerie va de sa mère, donc – grande prêtresse de fantaisie – jusqu’aux amoureuses de passages, de son épouse « Liberté » jusqu’à Françoise Verny, d’un professeur de mathématiques à une auto-stoppeuse, d’une mythomane à une aventurière… De fait, ces histoires, chacune liée à un épisode précis, se répondent, se mêlent, se recoupent de telle sorte que nous nous retrouvons à l’intérieur d’un roman d’apprentissage où le héros déguste ses leçons de plaisir, de courage, de lucidité, de rouerie, de bonheur. C’est toute la vision d’un monde « jardinisé » qui est passée en revue : prenez vos désirs pour des réalités, mettez toujours une forte dose de liberté dans cette réalité, et écoutez attentivement ce que les femmes ont à vous apprendre… Alexandre Jardin s’épanouit joyeusement à l’intérieur de ce programme fou-fou-fou. Et, plus grave, il est très convaincant.
___________________________________________________________________________________________
Les romans
d'Alexandre Jardin pourraient se résumer en une question :
existe-t-il quelque chose de plus passionnant sur Terre que la femme en général et chaque femme en particulier ?
Ces délicieuses pages rassemblent les sourires (et les frasques !) de toutes celles qui ont marqué sa vie : sa mère, personnage fantasque et totalement libéré, ses institutrices, ses profs, ses petites amies, ses grandes amies, les déesses dont il a rêvé, et les créatures de rêve qu'il a vraiment connues... Elles sont japonaises, allemandes ou françaises, saines d'esprit ou complètement siphonnées, attendrissantes ou chaudes comme la braise !
Alexandre Jardin et les femmes
Il se trouve que les femmes qui ont percuté ma vie m'ont toutes métamorphosé, d'une manière ou d'une autre. Or j'ai une grande passion pour le changement, pour les êtres qui m'apprennent à désapprendre ce que je sais, à raisonner en dehors des clous. Le fait est que ce rôle crucial a été tenu, dans ma vie, exclusivement par des femmes. Et j'ai follement aimé qu'elle me changent ! Qu'elles m'apprennent le fonctionnement paradoxal de la vie, et surtout de l'amour. Pour moi, rien n'est plus féminin qu'un point d'interrogation. A mes yeux, le monde des femmes est fondamentalement celui de l'interrogation, du doute, de la remise en question chronique, bref, du roman intérieur.
Parfois, il me semble que les femmes sont des tremplins vers le fabuleux. Ecrivaines pour la plupart non pratiquantes, elles produisent de la prose intérieure destinée à tromper leurs déceptions et à soigner leurs rêves. Changent-elles de métier, d'amant ou d'opinion? C'est d'abord une césure, un rebond de style, un chapitre qui se tourne. Adressent-elles une oeillade à un passant? C'est un best-seller qui débute. Depuis mon plus jeune âge, je sais que chaque femme est un roman. Voici en quelque sorte mes études littéraires, blondes et brunes." Alexandre Jardin
___________________________________________________________________________________
Les plus belles femmes de 50 ans
Carole, Sharon, Claire, Cécilia, Melanie, Inès...
Elles ont plus de 45 ans et elles sont rayonnantes.
Voici qui sont pour vous les plus belles femmes de 50 ans (et plus !).
Voir le
classement : cliquer
http://www.seniorplanet.fr/anim/les-plus-belles-femmes-celebres-de-50-ans.20522.fr.html