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Knock on Wood

le Christ philosophe et Bonté divine

2 Janvier 2010 , Rédigé par Ipsus Publié dans #Dans L'AIR DU TEMPS

« Bonté divine ! » ( cliquer )
Une pièce écrite par Frédéric Lenoir et Louis-Michel Colla.
Mise en scène par Christophe Lidon.
Avec Roland Giraud, Saïd Amadi, Jean-Loup Horwitz et Benoît Nguyen Tat. Au Théâtre de la Gaîté Montparnasse.
Tournée dans toute la France, Suisse et Belgique

 de septembre 2009 à avril 2010.

http://www.fredericlenoir.com/web/content/view/220

Bonte-divine_theatre_fiche_spectacle_une.jpg
Un prêtre, un rabbin, un imam et un bonze bouddhiste se retrouvent lors d'une conférence sur les religions.

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2367953&rubId=5548

Au terme de celle-ci, les quatre conviennent de manger ensemble. Mais à la fin du repas, ils s'aperçoivent qu'ils ne peuvent plus sortir.
Les voilà pris en otage malgré eux par le prêtre qui cherche une réponse à ses doutes, dont le principal étant :
 Dieu existe-t- il ?
Aborder la religion, la foi et le doute sur le ton de la comédie est un choix bien audacieux que réussit avec brio Roland Giraud qui signe avec cette chronique sociale son grand retour au théâtre.

http://www.decitre.fr/livres/Le-Christ-philosophe.aspx/9782259204897

 

Enfin un ouvrage sur le christianisme qui sort de la littérature bondieusarde, des fictions sur Jésus ou des essais apocalyptiques sur son déclin. 
Sociologue, directeur du Monde des religions, Frédéric Lenoir s'aventure cette fois sur le terrain de la philosophie pour défendre une thèse qui n'est pas neuve - il n'omet pas de renvoyer à Marcel Gauchet - mais qu'il renouvelle de manière ambitieuse.

 Dans une fresque de près de vingt siècles, Lenoir relève toutes les dérives d'une Eglise "constantinienne" qui ne prendra fin qu'avec Vatican II (1962-1965). 
Au despotisme de ses princes, à la corruption de ses papes, au déni de justice et de conscience érigés en mode de gouvernement sont attachées des pages parmi les plus terribles de l'histoire de l'humanité, dont celles de l'Inquisition, point de départ du livre.
 

Mais le premier crime de l'Eglise fut, selon l'auteur, d'avoir évacué le "message" de Jésus- Christ : 

la liberté, qui ne veut pas dire rupture, avec la Loi juive ; 
l'égalité, inconnue de son temps, entre les races, les classes, les sexes, les nations ; 
l'éthique du sujet dans des sociétés orientales où ne règnent que les clans. 
Le renversement des hiérarchies
le Dieu des chrétiens est un pauvre né parmi les pauvres, humble, dépouillé de tout bien, sans ambition de pouvoir, acceptant la mort sur une croix comme le dernier des misérables. 
Un dieu qui prêche l'amour du prochain et le pardon des offenses, invite l'homme à aimer ses ennemis, à proclamer le souci des pauvres et des infirmes, de la justice et du bien commun.

Qui ne reconnaîtrait dans ce message la "matrice" de la modernité occidentale ? 
A
suivre Lenoir, il s'est produit un "retournement", comme on dirait dans les romans d'espionnage.
L'éthique du Christ a perduré, forgé notre identité, grâce non pas au zèle de l'Eglise qui aurait dû la servir en premier, mais à celui de ses ennemis. 
Ce sont les humanistes de la Renaissance (restés chrétiens), les philosophes des Lumières (théistes),
les "maîtres du soupçon" du XIXe siècle (athées)
qui, en purgeant l'Eglise de ses crimes,
 ont sauvé le christianisme, ses valeurs fondatrices devenant le patrimoine commun.

La thèse est séduisante, mais pour partie mystificatrice. 
La Réforme, les Lumières, les Révolutions, la modernité ont certes émergé contre une religion catholique dominante et oppressante. 
Mais l'histoire de l'Eglise ne se résume pas à ce passif et à ce défi de la "raison".

Frédéric Lenoir glisse trop vite sur l'héritage des Pères grecs et latins, sur Augustin ("Si elle n'est pas pensée, la foi n'est rien"), sur Thomas d'Aquin ("la foi est la servante de la raison").
 Il ne cite pas les penseurs plus modernes - Newman, Rosmini, Maritain, Gilson, Berdiaev -, d'autant plus soucieux d'adosser la foi à la raison que la raison doutait d'elle-même. 
Après beaucoup d'autres, Frédéric Lenoir fait remonter les progrès de l'humanité au découplage de la philosophie et de la théologie

Mais l'argument selon lequel la philosophie a alors évolué vers un rationalisme desséchant mérite aussi examen.
 Comment ignorer les Lubac, Balthazar et autres théologiens (Ratzinger), pour qui la raison et la science, détachées de toute transcendance, n'ont plus eu d'autre loi que celle de leur propre développement ? 
Livrée à elle-même, devenue folle, la raison n'a-t-elle pas conduit à la "mort de Dieu" et risqué la "mort de l'homme", à Auschwitz et au goulag ? Argument survolé dans l'ouvrage.


Deuxième oubli fâcheux : le changement d'époque intervenu avec Vatican II.

 Frédéric Lenoir cite consciencieusement les acquis du dernier concile, les efforts de "repentance" de Jean- Paul II, s'inquiète du retour de réflexes préconcilaires au Vatican.

Mais il est muet sur ce qui s'en est suivi en termes de rapprochement de l'Eglise avec l'humanité la plus pauvre et la plus défaillante, sur ses gestes et paroles prophétiques, sur la lutte qu'elle a menée contre le communisme athée, sur les régimes dictatoriaux d'Amérique latine, sur les profits du capitalisme triomphant, sur son ralliement aux droits de l'homme, ceux de l'immigré, du prisonnier, sur son combat contre une "culture de mort" (violence, terrorisme, euthanasie active, etc.) qui est aujourd'hui le premier péril de l'humanité.

Image 
http://www.fredericlenoir.com/

http://www.le-monde-des-religions.fr/photos/frederic-lenoir.jpgInterview en Video :

http://www.confidentielles.com/ttopic-40811--quot-le-christ-philosophe-quot----interview-de-f--lenoir.htm

LE CHRIST  PHILOSOPHE de Frédéric Lenoir. Plon, 308 p., 19 €.

 RESUME:

Pourquoi la démocratie et les droits de l'homme sont-ils nés en Occident plutôt qu'en Inde, en Chine, ou dans l'Empire ottoman ?
 Parce que l'Occident était chrétien et que le christianisme n'est pas seulement une religion.
Certes, le message des Evangiles s'enracine dans la foi en Dieu, mais le Christ enseigne aussi une éthique à portée universelle : égale dignité de tous, justice et partage, non-violence, émancipation de l'individu à l'égard du groupe et de la femme à l'égard de l'homme, liberté de choix, séparation du politique et du religieux, fraternité humaine. 
Quand, au IVe siècle, le christianisme devient religion officielle de l'Empire romain, la sagesse du Christ est en grande partie obscurcie par l'institution ecclésiale.
Elle renaît mille ans plus tard, lorsque les penseurs de la Renaissance et des Lumières s'appuient sur la " philosophie du Christ " selon l'expression d'Erasme, pour émanciper les sociétés européennes de l'emprise des pouvoirs religieux et fonder l'humanisme moderne.
 Frédéric Lenoir raconte ici le destin paradoxal du christianisme - du témoignage des apôtres a la naissance du monde moderne en passant par l'Inquisition - et nous fait relire les Évangiles d'un œil radicalement neuf.

  
fredlenoir1.jpg INTERVIEW-Paul Ohlott :
« M. Lenoir, quelle est la ligne éditoriale présentée par votre magazine ? »


http://topchretien.jesus.net/topinfo/view/8563/interview-de-frederic-lenoir-directeur-de-redaction-du-magazine-le-monde-des-religions-dieu-nest-pas-mort.html 

  Ultramodernité du spirituel

Source de l'article :
http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=607

Frédéric Lenoir
Nouvelles Clés interroge Frédéric Lenoir sur sa formidable fresque d’histoire et de psychosociologie du phénomène religieux :
"Les Métamorphoses de Dieu".
  

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