Les mystères de l'Offre et la Qualité
Les mystères de l'offre
Une réflexion stimulante, parfois polémique, sur ce qu'est l'offre d'une entreprise et comment elle constitue l'élément déterminant d'une stratégie gagnante.
Qui n'a pas entendu parler de la lutte entre la Wii de Nintendo et la PS3 de Sony ?
Comment expliquer l'engouement pour l'ipod ?
Pourquoi les Starbucks Coffee se multiplient-ils dans le monde entier ?
Qu'est-ce qui différencie Gap et Zara, Toyota et Ford sur leurs marchés respectifs ?
Pourquoi le Club Med n'est-il plus profitable depuis 20 ans ?
Quel est le secret du succès de Danone ?
La réponse selon Henri de Bodinat tient en un mot : l'offre.
Négligée par les grands penseurs de la stratégie d'entreprise, elle est pourtant la clé des échecs ou des grands succès d'aujourd'hui.
Voilà pourquoi elle méritait ce travail d'enquête concret, minutieux… et passionnant !
La plupart des entreprises, avance Henri de Bodinat, préfèrent une stratégie de domination ou de séduction à une stratégie de valeur de l'offre.
En mode domination, elles captent une rente de monopole ou d'oligopole et affranchissent leur offre du marché ; en mode séduction, elles prospèrent grâce à des surpromesses, vendent
l'illusion de l'offre à défaut de sa réalité.
La stratégie de valeur, modèle choisi par des entreprises très performantes, de SouthWest à Harley Davidson, est à la fois la plus solidement rentable
et la plus « vertueuse », mais implique une concentration absolue sur l'offre et un talent exceptionnel dans l'exécution.
Multipliant les exemples, Henri de Bodinat explique les conditions de succès
d'une stratégie de valeur, de l'empathie sociale à l'intimité client, et ses lois de mise en oeuvre, de la segmentation de l'offre à sa monétisation.
Il démontre qu'une entreprise, même sans être dirigée par un Steve Job, peut à force de rigueur, de générosité et de créativité, s'imposer en tant que leader sur son marché, comme Apple ou
Toyota.
Table des matières
I Les trois stratégies
01.La domination ou l'offre libérée du marché
02. La séduction ou l'illusion de l'offre
03. La valeur ou l'authenticité de l'offre
04. Choisir la voie royale
II Les chemins de la valeur
05. S'immerger dans la société
06. Partager l'intimité des clients
07. Etablir une culture de l'offre
III La création de la valeur
08. L'art de segmenter l'offre
09. Valoriser l'offre
10. La délicate production de l'offre
11. Monétiser l'offre
12. Les secrets de l'offre idéale
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Comment le concept de l’offre, délaissé, fait aujourd’hui un retour en force dans les stratégies marketing. |
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L’offre, ce paquet de produit et de service
que toute entreprise présente au marché, est la Cendrillon du management, cette discipline qui se rêve science. |
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© Le nouvel Economiste - n°1364 - Du 2 au 8 novembre 2006 |
La stratégie de valeur de l'offre |
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Programme HEC :
JOURNÉE 1
La stratégie de valeur de l'offre
- Présentation des trois grandes stratégies possibles pour atteindre une rentabilité élevée : dominer, séduire et servir le marché.
- Pour la stratégie "servir le marché", les trois dimensions de l'alignement offre/marché (la largeur de l'offre, sa pertinence, sa qualité) sont présentées et illustrées d'exemples.
- Une méthode permettant d'optimiser les attributs de l'offre, le Customer Attribute Management Method, mise au point à partir de cas concrets, sera développée.
JOURNÉE 2
Valeur de l'offre et rentabilité
- Démonstration concrète des rentabilités élevées et durables que la stratégie de valeur de l'offre permet d'obtenir, grâce notamment à la création d'une forte loyauté et d'une viralité positive (bouche-à-oreille favorable).
- La mise en oeuvre de cette stratégie a des répercussions sur toutes les fonctions de l'entreprise. La valeur de l'offre est optimisée à travers un contrôle des coûts intelligent, le marketing est optimisé grâce au levier du marketing viral, et la qualité grâce à des systèmes de recrutement, de promotion et d'intéressement tournés vers la satisfaction client.
- Les modèles dits “low-cost” seront analysés pour démontrer que le concept de “coûts faibles” peut aller de pair avec qualité et rentabilité élevées.
JOURNÉE 3
L'organisation “valeur de l'offre”
- Pour produire une valeur supérieure à ses concurrentes et se donner un avantage compétitif fort et durable, l'entreprise doit se doter d'une organisation particulière.
- Elle doit d'abord être très vigilante aux réactions, à la satisfaction, à la loyauté de ses clients, aux changements sociaux ou technologiques pouvant avoir un impact sur la valeur de son offre.
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- Elle doit ensuite faire preuve d'agilité, c'est-à-dire être capable d'adapter, et de réaligner son offre quand elle s'aperçoit que le marché est en train de changer. Pour cela elle doit surmonter une force d'inertie qui sera illustrée par de nombreux exemples pris dans des entreprises pourtant considérées comme exemplaires.
C'est
pourtant là qu'est le problème.
Les clients et prospects n'ont en général que faire de ce que "fait" le produit ou de l'étendue de ses attributs.
Régulièrement, lorsqu'il aborde le sujet de l'ajustement entre les fonctions vente & marketing autour de la construction d'un message produit qui ait du sens pour les
clients, Michael Bosworth relate ce qui s'était passé lorsqu'il avait demandé à un commercial travaillant dans une société spécialisée dans la vente de colles de
décrire son offre.
Ce dernier s'était mis au quart de tour à faire l'inventaire des caractéristiques des colles en question, de leur vertus adhésives, de leur résistance, de leurs propriétés
en matière de séchage, etc.
Autant dire que, face à cette liste à la Prévert, le malheureux commercial avait perdu l'attention de ses interlocuteurs en
l'espace de quelques secondes.
Lorsqu'il eut terminé son exposé, Bosworth lui fit le commentaire comme quoi il avait décrit son offre avec des noms et des adjectifs.
Il lui demanda de refaire le même exercice en remplaçant les noms par des verbes.
Et ce fut la révélation.
Passé le moment de surprise initiale, voilà notre commercial qui quitte la présentation égocentrée ("mon produit fait
ci, fait ça") et entre sur le registre allocentré, en décrivant notamment des
modalités d'application, ou comment certains clients parvenaient à faire des choses particlières à l'appui des fameuses colles.
Non seulement, il conserva l'attention et l'intérêt de son auditoire durant la totalité de son exposé nouvelle moûture, mais plus important encore, à la fin, une véritable conversation put
s'installer entre les parties.
Une question en guise de conclusion : lorsqu'ils sont en face de clients ou prospects, attendez-vous de vos commerciaux qu'ils récitent le descriptif de l'offre (liste de noms et d'attributs) ou bien qu'ils identifient avec leurs interlocuteurs les modalités d'application de l'offre ayant le plus de sens en fonction des objectifs métier que ces derniers souhaitent atteindre ?
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La qualité - une définition
stratégique Voici un petit exercice auquel je vous invite à vous livrer. Demandez vous:
Il est à prévoir des réponses très variées. En effet, si le terme «qualité» est sur toutes les lèvres, sa définition concrète est problématique. Comme le confirme Garvin (1992) : la qualité est un concept extrêmement nébuleux car facile à visualiser mais exaspérant à définir. Mais comment améliorer la qualité si l'on n'arrive pas à la rendre tangible ? Comment fixer des objectifs de qualité sans références ? Comment mettre en place des mesures qui seules nous permettront de constater l'effet des efforts d'amélioration ? Comment aligner les différents processus de sorte à ce que tous contribuent à augmenter la qualité de l'offre ? Une définition tangible de la qualité pour l'entreprise est donc nécessaire. C'est une question vitale et même stratégique puisqu'elle est à la base de sa compétitivité. C'est aussi une condition nécessaire pour pouvoir communiquer la qualité à l'extérieur de manière crédible. Dans notre recherche d'une définition de la qualité pour l'entreprise, il faut tenir compte des facteurs suivants : Les éléments objectifs et subjectifs. La qualité a des éléments objectifs et subjectifs. Dans certains marchés, il est facile de constater que le facteur subjectif est prédominant (si le produit est fortement influencé par les goûts changeants des consommateurs, la mode par exemple). Dans d'autres industries, les facteurs subjectifs sont souvent sous-estimés. Même dans la haute technologie, alors que beaucoup d'entreprises tentent un «push» technologique, elles négligent le fait que les consommateurs risquent de penser que le produit ne satisfait pas à leur besoin, bien qu'il soit techniquement supérieur. Est-ce que l'entreprise offre dans ce cas un produit de qualité? La segmentation. Par le passé, la notion de qualité était fortement associée aux notions de prestige, d'exclusivité ou de haut-de-gamme. A l'ère du marketing par segmentation, il y a de moins en moins de concurrents qui produisent des offres «taille unique» qui couvrent l'ensemble du marché. Le débat sur le haut- ou bas-de-gamme est devenu stérile étant donné que la qualité est maintenant liée à chaque segment de marché. La qualité du produit et celle des processus. Pour la qualité de l'offre complète de l'entreprise, il est essentiel de distinguer entre la qualité des produits et celle des processus. Garvin (1987), cite huit attributs de qualité liés aux produits : la performance, la fonctionnalité, la robustesse, la durée de vie, l'entretien, la conformité, l'esthétique et la qualité perçue (avant l'achat). Bien qu'un produit puisse être de «qualité» en remplissant les critères liés à ces attributs, s'il n'est pas supporté par des processus de qualité (vitesse de livraison, coût, assortiment et autres attentes des clients cibles), l'offre complète ne sera pas de qualité. La concurrence au niveau des services. Grâce aux grands progrès réalisés dans l'intégration de systèmes de contrôle de qualité à la production, la qualité d'un produit est chose sous-entendu (existe-t-il encore des imprimantes qui n'impriment pas ? Des montres qu'il faille régler chaque semaine ?). Ainsi, les critères d'achat (décision) se portent de plus en plus au niveau des services offerts alors que les attributs de qualité liés au produit sont «relégué» aux critères de sélection (choix préalable). Pour créer et assurer les services qui accompagnent le produit, il faut mettre en place des processus de qualité car la constance d'un service est déjà en soi un grand attribut de sa qualité. En tenant compte des facteurs qui précèdent, Brown (1996) propose une définition stratégique de la qualité qui peut servir de base à rendre tangible la qualité au sein de l'entreprise. La qualité, c'est :
1) Connaître les attentes des clients dans chaque segment visé par
l'entreprise. Connaissez-vous les attentes des clients que vous ciblez ? Savez-vous s'ils sont enchantés de votre offre et pourquoi ? Avez-vous un système de mesure de la qualité pour les processus qui peuvent vous donner un avantage compétitif en offrant, par exemple, des services qui vont enchanter vos clients ? Est-ce que les objectifs d'amélioration de la qualité sont connus de tous les collaborateurs ? Connaissent-ils la nature de leur contribution à la qualité (ainsi que les activités qui n'y contribuent pas) ? S'il persiste un doute quant aux réponses à ces questions, c'est qu'il existe des opportunités d'amélioration de la qualité dans votre entreprise. Résumé (de Brown, 1996) :
J. Tendon |