L'assainissement individuel : comment ça marche ?
Chaque jour, vous utilisez de l’eau pour la vaisselle, la douche, la lessive, les WC… et produisez des 'eaux usées domestiques'. Polluées, elles doivent être épurées avant d’être rejetées dans le milieu naturel. C’est le rôle de la fosse septique et de la fosse toutes eaux. Quelques conseils pour une installation bien conçue.
Sa durée de vie est d’une vingtaine d’années. Encore que le fonctionnement et la durée de vie d’un système d’assainissement non collectif dépendent du soin apporté à sa réalisation et à son entretien. Ce système, pour les solutions les plus simples, comprend une fosse toutes eaux, c’est-à-dire une cuve en béton ou en plastique qui accumule et liquéfie les eaux des toilettes, lavabos, éviers, douches et baignoires, ainsi qu’un épandage, posé à la suite de la fosse toutes eaux. Il est constitué d’un réseau de tuyaux en plastique, percés en partie inférieure et enterrés à faible profondeur. Il assure la dispersion des eaux usées. Le traitement est assuré par les bactéries contenues dans le sol superficiel.
S’intégrant aisément dans votre terrain et offrant un confort identique à celui de l’assainissement collectif, la fosse, septique ou toutes eaux, garantit une bonne élimination de la pollution à un coût acceptable, mais aussi une technique d'épuration efficace qui contribue à protéger les cours d’eau et les nappes phréatiques. Encore faut-il que l’installation soit bien conçue et correctement réalisée pour un traitement efficace.
Les étapes de l’assainissement non collectif sont la collecte, le prétraitement et le traitement :
- Pour ce qui est de la première étape, il faut d’abord collecter les eaux usées produites dans la maison (eaux des WC, eaux de cuisine, eaux de salle de bains, eaux de machines à laver) afin de les diriger vers la fosse septique. (Ne sont pas considérées comme des eaux usées, les eaux de pluie : eaux de toiture et eaux de terrasse, par exemple ; celles-ci sont rejetées séparément.)
- Dans le cadre de l’étape du prétraitement, il faut savoir que les eaux usées collectées contiennent des particules solides et des graisses qu’il faut éliminer afin de ne pas perturber le traitement ultérieur, c'est pourquoi le passage en fosse septique ou fosse toutes eaux est indispensable. En sortie de la fosse, les eaux sont débarrassées des particules indésirables et peuvent ainsi être traitées par le sol.
- Enfin, s’agissant du traitement, un dispositif de tuyaux puis de drains permet de mettre en contact les eaux prétraitées avec les bactéries naturellement présentes dans le sol ou dans un massif de sable.
C'est l’action de ces micro-organismes qui assurent la dépollution des eaux usées avant dispersion par écoulement dans le sous-sol.
La taille de la fosse varie selon la taille de l’habitation et le nombre de ses occupants.
Ainsi, pour une habitation de 5 pièces (pièces = nombre de chambres + 2) ou moins, la fosse devra offrir une capacité de 3 m3 ;
4 m3 et 5m3 lorsque l’habitation comprendra respectivement 6 et 7 pièces.
Ainsi, si vous envisagez d’aggrandir votre maison, votre fosse et votre surface de traitement, fonction du nombre de pièces principales devront subir un changement. Sachez en tout état de cause que la capacité d’une fosse septique peut dépasser les 55m3 (55.000L).
Pour que le dispositif fonctionne durablement, votre installation doit tenir compte des caractéristiques et contraintes de votre terrain :
caractéristiques de votre sol : perméabilité, épaisseur, possibilité de rejet de l’eau traitée… ; présence d’eau : niveau de la nappe d’eau souterraine (nappe phréatique), pente du terrain, surface disponible ; encombrement de la parcelle (limite de propriété, présence d’un potager, d’un accès à un garage…), existence d’un puits à proximité, etc.
Par exemple, les sols argileux très imperméables doivent recevoir de préférence un lit de sable pour permettre l’évacuation des eaux usées.
"Les terrains poreux se prêtent bien à la filtration", précise Noël Cortinovis de Cortinovis TP, une entreprise de TP spécialisée dans l’assainissement.
En fait, avant de prendre contact avec l’installateur, vous pouvez faire appel à un architecte ou un bureau d’études pour étudier les caractéristiques du sol et définir la filière adaptée, voire contacter la Communauté urbaine (SPANC) pour obtenir de l’information et des conseils sur la démarche à suivre et assurer les différents contrôles.
Vous pouvez également vous adresser aux notaires dans le cadre d’une division de parcelle ou d’une vente d’un bien ou à la mairie en charge de la délivrance des demandes d’urbanisme et du respect de la sécurité et de la salubrité publique.
Pour simplifier les démarches, il est donc vivement recommandé de faire appel à une entreprise de TP (Travaux publics) spécialisée dans l’assainissement pour la réalisation de votre système autonome.
Pourquoi une entreprise de TP ? "Car ce chantier induit des travaux de terrassement impliquant l’usage de pelles et de mini pelles, notamment" indique Monsieur Perez, ingénieur au Simop. "L’installation est à éviter en cas de pluie. Il n’y a pas de moment particulièrement opportun au cours de l’année ; cela dit les saisons les plus propices, en théorie, sont le printemps et l’automne", précise-t-il. A noter que vous êtes libre d’acheter vous même le matériel.
"Ces travaux peuvent durer de 3 à 8 jours selon l’importance du chantier", indique Noël Cortinovis.
Pour ce qui est de l’entretien, il comprend diverses opérations:
- En effet, il convient de vérifier, tous les 6 mois, le non-colmatage du bac à graisse.
- Et tous les 4 ans, il est conseillé de retirer le matériau filtrant du pré-filtre (dans la fosse ou après la fosse), de le laver et de procéder à une vidange de la fosse par une société agréée, une entreprise du TP spécialisée dans l’assainissement. Une petite fraction des boues, ainsi que l’eau interstitielle (chargée de bactéries) doit être laissée en place après la vidange pour un redémarrage rapide des bactéries.
A noter également que le Service public d'assainissement non-collectif (SPANC) est habilité à assurer la vérification du bon entretien de l'installation.
Du coup, pour bénéficier d’une fosse septique ou toutes eaux le plus longtemps possible, il est recommandé d’éviter de jeter certains substances (liquides corrosifs, huiles (fritures, vidanges), peintures, médicaments, objets susceptibles de boucher les canalisations) et de ne pas imperméabiliser la surface, éviter d'y stocker des charges lourdes ou d'y faire passer des véhicules, et l’installer à plus de 3 m des arbres, le plus près possible néanmoins, de la sortie des eaux de cuisine pour limiter les risques de colmatage de la conduite d’amenée de l’habitation à la fosse (en respectant un écart minimum d’environ 3 mètres)..
Il faut savoir que l’équipement nécessite une bonne ventilation car les matières organiques contenues dans la fosse septique dégagent en pourrissant des gaz tels que le CH4 (méthane) et le H2S. Une fosse mal ventilée génère des gaz corrosifs (odeurs souffrées) qui nuisent à la longévité des matériaux.
Après la mise en eau, les bactéries sont apportées naturellement par les matières fécales. Ces bactéries sont présentes en quantité suffisante pour assurer la dégradation partielle des matières fécales : il serait superflu d’y ajouter des produits activateurs spéciaux.
Cependant, dans le cas de résidence secondaire occupée seulement une à deux fois dans l’année (pour les vacances par exemple), l’emploi de produits activateurs spéciaux type Eparcil, par exemple, peut aider au redémarrage de la fosse. En outre, les interruptions d’alimentation de la fosse pendant de courtes périodes (vacances), ou l’apport exceptionnel de détergents (en quantité raisonnable : 1 litre de javel de temps à autre) n’ont pas d’incidences majeures sur son fonctionnement.
D'un point de vue réglementaire enfin, tout propriétaire d'immeuble ou de maison individuelle non desservis par le réseau public d'assainissement collectif doit, préalablement à l'installation d'un dispositif d'assainissement non collectif, déposer un dossier technique dit 'demande d'autorisation installation de fosse sceptique' à la mairie qui le transmettra au Syndicat Intercommunal d'Assainissement Non Collectif.
Ce dossier technique doit être déposé simultanément avec la demande de permis de construire ou la déclaration de travaux pour les aménagements soumis à l'une ou l'autre de ces procédures, un mois au moins avant la réalisation des travaux pour les projets ne relevant pas de procédures d'urbanisme spécifiques.
Les travaux d'assainissement ne peuvent débuter qu'après accord explicite de la mairie.
http://www.travaux.com/dossier/construction/index.php?dossier=12&article=496