France à 2 vitesses et Désindustrialisation
La désindustrialisation peut désigner la destruction d'emploi industriel ou le recul de l'activité manufacturière, ou encore, de manière plus générale, le recul de la place relative occupée par l'activité industrielle dans la société
En 2024,comment en est on arrivés là ?
Il était une fois un vieux pays tout bardé d’habitudes et de circonspection. Naguère le plus peuplé, le plus riche, le plus puissant de ceux qui tenaient la scène, il s’était, après de grands malheurs, comme replié sur lui-même. Tandis que d’autres peuples allaient croissant autour de lui, il demeurait stationnaire. À une époque où la puissance des États dépendait directement de leurs valeurs industrielles, les grandes sources de l’énergie lui étaient chichement mesurées : il avait peu de charbon, il n’avait pas de pétrole, son industrie était frappée de routine https://t.co/7UtY82sVaR
L’étude des contours de l’industrie française, plus de soixante ans après que le Général de Gaulle ait prononcé ce discours, a de quoi laisser perplexe tant celui-ci demeure d’actualité. À l’image de nombreux pays d’Europe de l’Ouest, la France semble avoir sacrifié son industrie sur l’autel du financement de son modèle de protection sociale, incapable qu’elle était de faire face à la concurrence des pays émergents.
Désindustrialisation de la France. Une histoire déjà ancienne
L'amorce de relocalisation constatée aujourd'hui efface un brin le spectre des années 1970, cruelles pour les usines. Visuel Wikimedia commons - Le parc du haut-fourneau U4, à Uckange, Moselle ...
Si les années 2020 coïncident pour le moment avec une accélération de l’emploi industriel en France, la décennie 1970 est celle qui, au contraire, reste marquée par le déclin. Les statistiques sont implacables : avant 1975, l’industrie emploie plus de 6 millions de personnes, soit deux fois plus qu’aujourd’hui (NDLR : les derniers relevés de l’Insee parlent de 3,2 millions d’emplois). À l’époque, le secteur secondaire concentre le plus grand nombre d’offres de travail. Qu’est-ce qui va faire brutalement basculer l’industrie française dans une sévère zone de turbulences ? La délocalisation des ateliers dans des pays où la main d’œuvre est bon marché est l’explication la plus couramment avancée. Mais il faut compter aussi avec l’essor de la productivité et le phénomène patent de tertiarisation de l’économie : concrètement, un certain nombre de fonctions, celles dédiées notamment à la recherche et l’innovation, sont affectées à la catégorie des services et sortent de la stricte orbite industrielle. En toile de fond enfin, il y a le double choc pétrolier, qui alourdit la facture énergétique des entreprises comme jamais auparavant.
La sidérurgie offre un bon exemple de cette crise durable. En 1974, les usines françaises produisent encore 27 millions de tonnes d’acier, un record historique. En 1983, les volumes retomberont à 17 millions. Toujours en 1974, l’univers des hauts-fourneaux emploie 151 000 personnes, contre 43 000 en 1992. Enfin, la France qui représentait 3,6% de la production mondiale d’acier au milieu des années 1970 recule à moins de 2,5% à l’orée des années 1990. La déclaration de Robert Schumann du 9 mai 1950 résonne alors de plus en plus faiblement : à l’époque, ce pionnier de la CEE affirmait combien la sidérurgie devait être au cœur du projet européen. Ce déclin ne s’effectue pas sans heurts : en 1979, la marche des sidérurgistes de Longwy (Meurthe-et-Moselle) sur Paris se solde par des affrontements violents avec la police. Pendant plusieurs années, ce bastion de l’acier sera considéré comme le pôle de résistance par excellence à une série de restructurations drastiques.
Les chantiers navals ne sont ne sont pas mieux lotis. Après s’être reconvertis pour une bonne part dans la construction de pétroliers géants, ils subissent de plein fouet la baisse des commandes de supertankers. La recomposition du secteur s’accélère, à l’image du rapprochement en 1976 entre les Chantiers de l’Atlantique et Alsthom, pour donner naissance à Alsthom Atlantique (qui deviendra Alstom en 1985). Au même moment, le gouvernement veut rapprocher les trois chantiers de Dunkerque, La Ciotat et La Seyne au sein d’une même entité : ce sera la Normed, la société des Chantiers du Nord et de la Méditerranée, portée sur les fonts baptismaux en 1982 et déclarée en faillite en 1986.
Et que dire du textile, victime d’une série de délocalisations massives ? En trente ans, les effectifs reculent de 425 000 emplois dans l’Hexagone à moins de 100 000. Des centaines d’établissements doivent mettre la clé sous la porte. La production locale et traditionnelle ne tient pas le choc face à une industrie globalisée, où les prix sont sans arrêt tirés vers le bas. Là encore, le Nord paye un lourd tribut : à l’orée des années 1970, le textile est le plus gros employeur de la région, avec notamment 50% de la production intérieure de laine. Aucune politique de relance ne parviendra à restaurer ses positions qui s’érodent de plus en plus vite. Après l’évocation de cette décennie qui réveillent de mauvais souvenirs pour l’industrie en France, saluons la reprise actuelle, certes encore timide mais qui récompense les capacités d’innovation du pays.
Bonjour
— Chris. Saint-Etienne (@ChrisSaintEtien) December 15, 2023
Une vidéo sur les causes de la désindustrialisation et les conditions du rebondhttps://t.co/kdrH3XyxAV
Bonne journée Christian Saint-Etienne
La désindustrialisation peut désigner la destruction d'emploi industriel ou le recul de l'activité manufacturière, ou encore, de manière plus générale, le recul de la place relative occupée...
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/desindustrialisation
Un choc de compétitivité peut encore enrayer la désindustrialisation de la France - IREF Europe FR
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fevrier 2023
La France est un pays désindustrialisé : entre 1974 et 2023, la part de l’industrie dans le PIB a baissé de 25 à 13,4 % et la part dans l’emploi de 25 à 10,4 %. Les branches de l’industrie lourde, du textile et de la métallurgie, qui avaient été les moteurs du développement des régions du Nord et de l’Est, ont ainsi quasiment disparu. Ce mouvement n’est pas propre à la France et l’on peut schématiquement dégager deux groupes de pays : l’Allemagne, la Corée, le Japon, où la désindustrialisation a été contenue via une montée en gamme des produits, et la France, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne et les États-Unis où la désindustrialisation a été rapide.
Depuis les années 2000, ce mouvement s’est aggravé. Le taux de marge des industries françaises ne leur permet plus d’investir massivement dans la compétitivité structurelle des biens qu’elles fabriquent et leurs produits se sont trouvés déclassés, moyennant quoi, la compétitivité prix a, en partie, pu être sauvegardée via des efforts de marges. Conséquence majeure, les exportations se sont effondrées, faisant monter le déficit de la balance commerciale si haut que l’excédent des services ne peut plus le contenir. À partir de 2006, les comptes courants de la France sont passés dans le rouge pour ne plus jamais en sortir. Les multinationales françaises investissent d’ailleurs plus volontiers à l’étranger que sur le territoire national. Elles y réalisent, en effet, 51 % de leur activité et y emploient 56 % de leur personnel.
Les impôts de production (4,4 % du PIB en France contre 0,8 % en Allemagne) et les charges sociales sont les principaux responsables de cette situation délétère. D’un côté les impôts de production fonctionnent comme une taxe à l’exportation, touchant les biens fabriqués localement, mais pas les biens importés (à l’inverse de la TVA qui taxe tous les produits), de l’autre, le coût du travail particulièrement élevé ne permet pas de produire de manière compétitive.
Les politiques de réductions de charges sociales, type CICE, n’ont pas majoritairement bénéficié à l’industrie et se sont tournées vers les secteurs abrités de l’économie, aussi peuvent-elles être considérées comme un coup d’épée dans l’eau.
De part et d’autre du Rhin, des solutions différentes ont étés mises en œuvre. Malgré l’absorption de l’ex RDA, l’Allemagne a réussi à sauver son industrie en flexibilisant le marché du travail (grâce aux lois Harz), en mettant en œuvre une politique de modération salariale et fiscale, en investissant massivement dans l’innovation et en maintenant ses activités industrielles à forte création de valeur ajoutée sur son territoire, via des délocalisations de proximité en Europe centrale.
La désindustrialisation de la France
Où sont les ouvriers ?En 2020, la France (68 millions d'habitants) compte 5,3 millions d'ouvriers contre 7 millions il y a 40 ans. Ce sont essentiellement des hommes. 40% seulement d'entre eux, soit