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Knock on Wood

MAHOMET , Luther et Charlemagne

5 Avril 2021 , Rédigé par Ipsus Publié dans #Dans L'AIR DU TEMPS, #GEOPOLITIQUE, #Garage - Carport - Terrasse en bois, #Histoire & Archeologie

Si on prend un peu de recul pour dépassionner le débat , il y a des lectures permettant de mettre en perspective ces questions de Civilisations en évitant les caricatures ( dans tous les sens du mot ) pour éviter la politisation, en faisant appel aux historiens 

Je me souviens qu'à l'Université j'avais découvert Mahomet & Charlemagne de l'historien belge,Pirenne 

Aussi n'ai-je pu m'empêcher de les associer,en découvrant ce nouvel ouvrage sur Mahomet & Luther de P.0.Léchot ,le présentant dans la video qui suit 

Dès ses débuts, le protestantisme a rencontré l'islam.

Une longue histoire

 

Au XVIe siècle, alors que l’Empire ottoman poursuit sa conquête de l’Europe, la chrétienté occidentale – qui a toujours été unifiée – explose avec la Réforme. Deux hérésies chrétiennes la menacent désormais : le protestantisme et l’islam, car depuis Jean Damascène (676-749), nombreux sont les auteurs chrétiens à voir en l’islam une hérésie chrétienne. Dans l’esprit des catholiques, le lien est clair. Plusieurs érudits, comme ­Guillaume Postel, dressent une liste des points communs entre les deux traditions : l’iconoclasme, l’écriture seule, la prédestination (forte en islam), et d’autres aspects plus subtils comme l’expression de la miséricorde divine ou de la grâce.

Ajoutez à cela la position d’un Michel Servet, antitrinitaire protestant se réclamant du Coran, et voilà le chaînon manquant entre protestantisme et islam établi. « L’islam jette le trouble dans la confession protestante, souligne le théologien Pierre-Olivier Léchot, professeur à l’Institut protestant de théologie de Paris. Les rapports sont ambigus, des origines à nos jours. Il y a ceux pour qui il faut distinguer les deux à tout prix et ceux qui voient dans l’islam une religion interrogeant le protestantisme en raison de leurs ressemblances. »

Le Coran préfacé par Luther

 

Pour Luther, qui considère la percée ottomane comme un signe de la fin des temps, il est urgent de clarifier la situation. Ce qu’il n’aura de cesse de faire. Quelques faits curieux brouillent toutefois les pistes. Comme, par exemple, la première édition occidentale du Coran à connaître une large diffusion. Elle est imprimée à Bâle en 1543 (rééditée en 1550), grâce à l’intervention de Luther auprès d’autorités locales hésitantes. Le père de la Réforme préfacera lui-même l’ouvrage pour en expliquer l’intérêt.

Théodore Bibliander, successeur de Zwingli et maître d’œuvre de cette édition, exprime alors son trouble : tandis que les chrétiens voient dans Mahomet une figure de l’Antéchrist, ce dernier est en fait bien plus respectueux de la personne de Jésus et des valeurs chrétiennes que beaucoup de textes païens enseignés dans les universités ! Ces événements seront le point de départ de toute une tradition, spécifique au protestantisme, d’intérêt et de connaissance de l’islam. Ainsi, dès la fin du XVIe siècle, des arabisants protestants enseignent l’arabe aux futurs théologiens au moyen du Coran, tandis que les catholiques travaillent à partir de textes de chrétiens orientaux.

L’islam, inspirateur de la Réforme ?

 

Quant aux musulmans, se démarquer du protestantisme n’est pas leur souci. « Leur conviction est que l’islam est une sorte de proto-Réforme. Il représente à leurs yeux le modèle qui inspira la Réforme en Europe. Il l’est par son rejet du pouvoir de l’Église et des rôles d’intermédiation que celle-ci jouerait entre Dieu et les hommes ; par le fait qu’en islam, dans sa version sunnite du moins, le salut est une grâce divine qu’aucun pouvoir humain n’est en mesure de garantir ; et parce que le Livre et la Parole de Dieu sont au centre de la foi musulmane », explique Mohamed-Sghir Janjar, directeur-adjoint de la Fondation du roi Abdul-Aziz pour les études islamiques et les sciences humaines, au Maroc.

Avec la chute de Grenade (1492), et plus encore avec le traité de Karlowitz (1699), les rapports de force changent entre l’Empire ottoman et la maison des Habsbourg. Les relations entre l’Europe et le monde islamique aussi. « L’expansion européenne, avec le développement de l’orientalisme et de la connaissance des cultures de l’islam, va contribuer à déséquilibrer les échanges traditionnels entre les deux religions. De nombreux savants protestants font ainsi partie de générations d’érudits qui développèrent la connaissance moderne du patrimoine religieux et culturel islamique, notamment dans les domaines des études coraniques, celles des hadith ou de l’historiographie de l’islam. Du côté des musulmans, on a par contre cessé de s’intéresser aux autres traditions religieuses et culturelles en se limitant à la reproduction de l’héritage d’un passé plus fantasmé que connu », poursuit ­Mohamed-Sghir Janjar.

Des relations dissymétriques

 

Tout cela s’explique par une dissymétrie dans la manière dont protestantisme et islam se découvrent l’un l’autre. En islam, pour la période qui précède le XIXe siècle, rares sont les documents évoquant la Réforme et les bouleversements religieux qui ont secoué l’Europe à partir du XVIe siècle. Citons le manuscrit d’un Andalou surnommé Afouqâi, rédigé entre 1637 et 1641 et intitulé « Le soutien de la religion contre les infidèles ». « Les perceptions qu’il diffuse restent du registre apologétique médiéval. La Réforme se confronte à la croyance musulmane selon laquelle les Écritures des chrétiens auraient été falsifiées par l’institution catholique », pointe ­Mohamed-Sghir Janjar.

Parallèlement, dès les débuts du XVIIe siècle commence à se forger l’idée d’une proximité entre islam et protestantisme chez beaucoup d’auteurs musulmans. « L’auteur en parle notamment à propos du rejet de la vénération des reliques des saints, que les musulmans assimilent à l’idolâtrie. Au XIXe siècle, l’idée que des affinités existent entre les deux traditions sera développée et théorisée par les animateurs du courant réformiste comme Al-Afghani et Abduh », ajoute le spécialiste.

De nombreuses similarités 

 

La traduction arabe du livre de François Guizot Histoire générale de la civilisation en Europe, en 1877, eut un impact auprès de nombreux clercs musulmans en rupture avec l’enseignement traditionnel d’Al-Azhar, en Égypte. Aussi Abduh n’a-t-il pas hésité à construire, dans son Traité de l’unicité divine, un récit célébrant la similarité des deux traditions religieuses : « Certaines sectes qui en sont issues sont parvenues à une croyance qui concorde avec celle de l’islam, sauf en ce qui concerne la reconnaissance de la mission de Mohammed ; ce qu’elles professent ne diffère de l’islam que par le nom, et les rites, mais pas par l’esprit. »

« C’est dans cette même voie que s’inscrit la pensée de son disciple, Amîn al-Khouli qui, au moment de l’essor du mouvement des Frères musulmans en Égypte, dans les années 1930, écrit un texte sur le lien entre l’islam et le christianisme, dans lequel il détaille les traits communs entre islam et protestantisme », explique Mohamed-Sghir Janjar. Cependant, autant la rencontre avec l’islam a conduit de nombreux exégètes à relire la Bible à la lumière du Coran – parfois même à faire appel à l’arabe pour décrypter le texte hébreu, à l’image de Samuel Bochart et de son « zoo sacré » de 1663, autant la réciproque semble compliquée.

Lectures historico-critiques

 

« Un des grands domaines de recherche ces dernières années, c’est tout ce que le Coran doit à la Bible et au christianisme. Il y est question ­d’Abraham, de Marie, de Jésus. Pourquoi ? Manifestement, des communautés chrétiennes dont la théologie différait quelque peu de la grande Église étaient implantées en Arabie et ont influencé l’islam. Ces recherches supposent une lecture historico-critique du Coran encore peu répandue parmi les islamologues, estime Pierre-Olivier Léchot. Une de mes thèses est que les islamologues des XIXe et XXe siècles, majoritairement protestants, surtout en Allemagne, n’ont pas voulu voir la parenté qui existe entre islam et christianisme en raison de cet “impensé” de la ressemblance qui trouble le protestantisme depuis cinq siècles. »

« Le processus est en cours, répond ­Mohamed-Sghir Janjarmême s’il est plus dynamique au sein des universités et centres de recherche occidentaux qu’en terre d’islam. Le fait nouveau est que de plus en plus de jeunes chercheurs issus du monde musulman participent aux projets scientifiques engagés à travers le monde. »

À paraître
Luther et Mahomet. Le protestantisme d’Europe occidentale devant l’islam (XVIe-XVIIIe siècles), Pierre-Olivier Léchot, éd. du Cerf, à paraître début 2021.

 

 La traduction du Coran en latin fut effectuée en 1143 par l’abbé clunisien Pierre Le Vénérable.

lors du concile de Vienne en 1309, le souverain pontife Clément VI avait expressément interdit la lecture du Coran.

 Quant à l’œuvre à proprement parler, les protestants, dont Luther, après d’âpres discussions, décidèrent, en 1543, sous l’impulsion du célèbre humaniste réformé Theodor Bibliander (1505-1564), de la diffuser via l’imprimerie, invention récente qui marque ces temps nouveaux, ceux de la Renaissance.

Ce faisant, les réformés vont apporter leur écot à une meilleure connaissance de l’islam en Europe.

https://www.saphirnews.com/Luther-face-a-l-islam_a26808.html

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RÉSUMÉS DES COMMUNICATIONS > VIGLIANO - LUTHER ET MUHAMMAD DANS LA CONCORDE DU CORAN ET DES ÉVANGÉLISTES DE GUILLAUME POSTEL

 Tristan Vigliano (MCF, Université de Lyon II, Littérature française du XVIe siècle)

Luther et Muhammad dans la Concorde du Coran et des évangélistes de Guillaume Postel

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02343671/document  ( Pdf : 14 pages )


En 1543 paraît un petit ouvrage de Guillaume Postel intitulé Alcorani seu legis Mahometi et euangelistarum concordiæ liber, « livre de la concorde entre le Coran, ou loi de Mahomet, et les évangélistes ».

Ce petit livre a été relativement peu étudié depuis Lucien Febvre, qui s’est surtout intéressé aux dernières pages.

On se demandera ici quelle est l’originalité de cet ouvrage dans la controverse entre catholiques et réformés : notre hypothèse est qu’elle tient surtout à une dissymétrie entre la personne de Mahomet / Muhammad, d’une part, et le groupe des « cénévangélistes », d’autre part.

On cherchera à comprendre quelle place occupe Luther dans cette comparaison dissymétrique.

On tentera enfin de déterminer dans quelle mesure le dialogue avec la Réforme et la connaissance de l’islam s’influencent mutuellement.

.................( CONFERENCE : durée 1 Heure - juin 2019 ).Mahomet fascine l’Europe depuis le Moyen Âge. Les caricatures et portraits polémiques se sont répandus dans les pages des manuscrits, le représentant tour à tour comme un charlatan, un hérésiarque, un personnage lubrique ou l’incarnation de l’Antéchrist. Un personnage était né : le prophète de l’islam vu par les Européens. Alors que ce sont, tout d’abord, les peurs de la Chrétienté qui se cristallisent dans les portraits de Mahomet, celui-ci deviendra pourtant au fil des siècles un objet de fascination, comme chez Goethe ou Lamartine. De même certains théologiens le tiendront pour un grand réformateur, et il sera admiré par Napoléon. Tantôt vilipendé, tantôt glorifié, Mahomet est un adversaire ou un allié toujours profitable, instrumentalisé par les Européens depuis des siècles dans leurs polémiques internes. Nous verrons à quel point il devient une figure incontournable pour comprendre comment l’Europe s’est construite. Formé à Yale (BA en lettres classiques), à Chicago (Master & PhD en histoire), puis à l’EHESS (HDR), John Tolan est professeur d’histoire à l’Université de Nantes, membre de l’Academia Europæa et codirecteur de l’Institut du Pluralisme Religieux et de l’Athéisme (www.ipra.eu).
.......résumé du livre et de la conférence d'une heure ( 2019 ) ci-dessus en video
.................( 2017 ) Islam Haroun Ar Rachid et Charlemagne : 1è partie - France 2
................( 2017 ) Haroun ar Rachid et Charlemagne : 2e partie - France 2
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