MAHOMET , Luther et Charlemagne
Si on prend un peu de recul pour dépassionner le débat , il y a des lectures permettant de mettre en perspective ces questions de Civilisations en évitant les caricatures ( dans tous les sens du mot ) pour éviter la politisation, en faisant appel aux historiens
Je me souviens qu'à l'Université j'avais découvert Mahomet & Charlemagne de l'historien belge,Pirenne
Aussi n'ai-je pu m'empêcher de les associer,en découvrant ce nouvel ouvrage sur Mahomet & Luther de P.0.Léchot ,le présentant dans la video qui suit
Dès ses débuts, le protestantisme a rencontré l'islam.
Que savons-nous des rapports entre Islam et protestantisme ? Le théologien Pierre-Olivier Léchot, auteur du livre «Luther et Mahomet. Le protestantisme d'Europe occidentale devant l'islam (16e-18e siècles)» revient sur ce pan peu documenté de l'histoire des religions. pic.twitter.com/1peVLJjeMv
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) February 27, 2021
Automne 1611 : de passage en France, un jeune étudiant protestant hollandais affine sa connaissance de l’arabe avec un musulman d’origine castillane rencontré en région parisienne. Thomas Erpenius, qui sera le premier professeur d’arabe de l’université de Leyde, découvre ainsi que la religion musulmane est d’une richesse insoupçonnée et que les théories médiévales au sujet de celle-ci ne sont pour la plupart que des légendes. À la fin des Lumières, le philosophe luthérien Gotthold Ephraïm Lessing fera quant à lui de l’islam un modèle de la religion naturelle de l’humanité, tandis que le pasteur et philosophe Johann Gottfried Herder chantera les beautés de la poésie islamique. Dès ses origines, la tradition protestante a été traversée par un intérêt récurrent pour l’islam, son prophète et son livre saint. De Luther à Herder et de Michel Servet à Pierre Bayle, Pierre-Olivier Léchot retrace l’histoire de cette passion protestante pour l’islam, qu’elle ait été faite d’angoisse et de répulsion ou de fascination et d’admiration. Un récit passionnant qui place au coeur de ce rapport protestant à l’islam l’étude du Coran et montre combien celle-ci fut déterminante dans la construction de l’identité protestante, y compris lorsqu’il en allait de l’interprétation du texte biblique lui-même.
Luther et Mahomet en compagnie de Catherine, Pierre Damien et Henry David dans @LePoint références de cette semaine. Fine équipe! 😉 Cc @celineborello pic.twitter.com/cn0iAxAWM0
— Pierre-Olivier Léchot #jemeferaivacciner (@POLechot) March 2, 2021
Lu 💙Le 1er grand #livre sur les rapports du #Protestantisme et de l’#Islam . De Luther à Herder et de Michel Servet à Pierre Bayle, @POLechot retrace l'histoire de ces 2 #religions qui se découvrent l'un l'autre 🫂
— Laurent Adicéam Dixit (@LaurentAdiceam) February 25, 2021
L’Islam, inspirateur de la #Réforme ⁉️🤔
📚 @EditionsduCERF 👇☪️ pic.twitter.com/5ujJHeqS3T
Entre protestantisme et islam, un dialogue qui continue de se réinventer - Reforme.net
L'actualité interroge notre compréhension de l'islam. Que savons-nous de ses rapports avec le protestantisme ? Religion, violence, liberté de conscience et d'expression... L'actualité pousse ...
10.11.2020
Une longue histoire
Au XVIe siècle, alors que l’Empire ottoman poursuit sa conquête de l’Europe, la chrétienté occidentale – qui a toujours été unifiée – explose avec la Réforme. Deux hérésies chrétiennes la menacent désormais : le protestantisme et l’islam, car depuis Jean Damascène (676-749), nombreux sont les auteurs chrétiens à voir en l’islam une hérésie chrétienne. Dans l’esprit des catholiques, le lien est clair. Plusieurs érudits, comme Guillaume Postel, dressent une liste des points communs entre les deux traditions : l’iconoclasme, l’écriture seule, la prédestination (forte en islam), et d’autres aspects plus subtils comme l’expression de la miséricorde divine ou de la grâce.
Ajoutez à cela la position d’un Michel Servet, antitrinitaire protestant se réclamant du Coran, et voilà le chaînon manquant entre protestantisme et islam établi. « L’islam jette le trouble dans la confession protestante, souligne le théologien Pierre-Olivier Léchot, professeur à l’Institut protestant de théologie de Paris. Les rapports sont ambigus, des origines à nos jours. Il y a ceux pour qui il faut distinguer les deux à tout prix et ceux qui voient dans l’islam une religion interrogeant le protestantisme en raison de leurs ressemblances. »
Le Coran préfacé par Luther
Pour Luther, qui considère la percée ottomane comme un signe de la fin des temps, il est urgent de clarifier la situation. Ce qu’il n’aura de cesse de faire. Quelques faits curieux brouillent toutefois les pistes. Comme, par exemple, la première édition occidentale du Coran à connaître une large diffusion. Elle est imprimée à Bâle en 1543 (rééditée en 1550), grâce à l’intervention de Luther auprès d’autorités locales hésitantes. Le père de la Réforme préfacera lui-même l’ouvrage pour en expliquer l’intérêt.
Théodore Bibliander, successeur de Zwingli et maître d’œuvre de cette édition, exprime alors son trouble : tandis que les chrétiens voient dans Mahomet une figure de l’Antéchrist, ce dernier est en fait bien plus respectueux de la personne de Jésus et des valeurs chrétiennes que beaucoup de textes païens enseignés dans les universités ! Ces événements seront le point de départ de toute une tradition, spécifique au protestantisme, d’intérêt et de connaissance de l’islam. Ainsi, dès la fin du XVIe siècle, des arabisants protestants enseignent l’arabe aux futurs théologiens au moyen du Coran, tandis que les catholiques travaillent à partir de textes de chrétiens orientaux.
L’islam, inspirateur de la Réforme ?
Quant aux musulmans, se démarquer du protestantisme n’est pas leur souci. « Leur conviction est que l’islam est une sorte de proto-Réforme. Il représente à leurs yeux le modèle qui inspira la Réforme en Europe. Il l’est par son rejet du pouvoir de l’Église et des rôles d’intermédiation que celle-ci jouerait entre Dieu et les hommes ; par le fait qu’en islam, dans sa version sunnite du moins, le salut est une grâce divine qu’aucun pouvoir humain n’est en mesure de garantir ; et parce que le Livre et la Parole de Dieu sont au centre de la foi musulmane », explique Mohamed-Sghir Janjar, directeur-adjoint de la Fondation du roi Abdul-Aziz pour les études islamiques et les sciences humaines, au Maroc.
Avec la chute de Grenade (1492), et plus encore avec le traité de Karlowitz (1699), les rapports de force changent entre l’Empire ottoman et la maison des Habsbourg. Les relations entre l’Europe et le monde islamique aussi. « L’expansion européenne, avec le développement de l’orientalisme et de la connaissance des cultures de l’islam, va contribuer à déséquilibrer les échanges traditionnels entre les deux religions. De nombreux savants protestants font ainsi partie de générations d’érudits qui développèrent la connaissance moderne du patrimoine religieux et culturel islamique, notamment dans les domaines des études coraniques, celles des hadith ou de l’historiographie de l’islam. Du côté des musulmans, on a par contre cessé de s’intéresser aux autres traditions religieuses et culturelles en se limitant à la reproduction de l’héritage d’un passé plus fantasmé que connu », poursuit Mohamed-Sghir Janjar.
Des relations dissymétriques
Tout cela s’explique par une dissymétrie dans la manière dont protestantisme et islam se découvrent l’un l’autre. En islam, pour la période qui précède le XIXe siècle, rares sont les documents évoquant la Réforme et les bouleversements religieux qui ont secoué l’Europe à partir du XVIe siècle. Citons le manuscrit d’un Andalou surnommé Afouqâi, rédigé entre 1637 et 1641 et intitulé « Le soutien de la religion contre les infidèles ». « Les perceptions qu’il diffuse restent du registre apologétique médiéval. La Réforme se confronte à la croyance musulmane selon laquelle les Écritures des chrétiens auraient été falsifiées par l’institution catholique », pointe Mohamed-Sghir Janjar.
Parallèlement, dès les débuts du XVIIe siècle commence à se forger l’idée d’une proximité entre islam et protestantisme chez beaucoup d’auteurs musulmans. « L’auteur en parle notamment à propos du rejet de la vénération des reliques des saints, que les musulmans assimilent à l’idolâtrie. Au XIXe siècle, l’idée que des affinités existent entre les deux traditions sera développée et théorisée par les animateurs du courant réformiste comme Al-Afghani et Abduh », ajoute le spécialiste.
De nombreuses similarités
La traduction arabe du livre de François Guizot Histoire générale de la civilisation en Europe, en 1877, eut un impact auprès de nombreux clercs musulmans en rupture avec l’enseignement traditionnel d’Al-Azhar, en Égypte. Aussi Abduh n’a-t-il pas hésité à construire, dans son Traité de l’unicité divine, un récit célébrant la similarité des deux traditions religieuses : « Certaines sectes qui en sont issues sont parvenues à une croyance qui concorde avec celle de l’islam, sauf en ce qui concerne la reconnaissance de la mission de Mohammed ; ce qu’elles professent ne diffère de l’islam que par le nom, et les rites, mais pas par l’esprit. »
« C’est dans cette même voie que s’inscrit la pensée de son disciple, Amîn al-Khouli qui, au moment de l’essor du mouvement des Frères musulmans en Égypte, dans les années 1930, écrit un texte sur le lien entre l’islam et le christianisme, dans lequel il détaille les traits communs entre islam et protestantisme », explique Mohamed-Sghir Janjar. Cependant, autant la rencontre avec l’islam a conduit de nombreux exégètes à relire la Bible à la lumière du Coran – parfois même à faire appel à l’arabe pour décrypter le texte hébreu, à l’image de Samuel Bochart et de son « zoo sacré » de 1663, autant la réciproque semble compliquée.
Lectures historico-critiques
« Un des grands domaines de recherche ces dernières années, c’est tout ce que le Coran doit à la Bible et au christianisme. Il y est question d’Abraham, de Marie, de Jésus. Pourquoi ? Manifestement, des communautés chrétiennes dont la théologie différait quelque peu de la grande Église étaient implantées en Arabie et ont influencé l’islam. Ces recherches supposent une lecture historico-critique du Coran encore peu répandue parmi les islamologues, estime Pierre-Olivier Léchot. Une de mes thèses est que les islamologues des XIXe et XXe siècles, majoritairement protestants, surtout en Allemagne, n’ont pas voulu voir la parenté qui existe entre islam et christianisme en raison de cet “impensé” de la ressemblance qui trouble le protestantisme depuis cinq siècles. »
« Le processus est en cours, répond Mohamed-Sghir Janjar, même s’il est plus dynamique au sein des universités et centres de recherche occidentaux qu’en terre d’islam. Le fait nouveau est que de plus en plus de jeunes chercheurs issus du monde musulman participent aux projets scientifiques engagés à travers le monde. »
À paraître
Luther et Mahomet. Le protestantisme d’Europe occidentale devant l’islam (XVIe-XVIIIe siècles), Pierre-Olivier Léchot, éd. du Cerf, à paraître début 2021.
La traduction du Coran en latin fut effectuée en 1143 par l’abbé clunisien Pierre Le Vénérable.
lors du concile de Vienne en 1309, le souverain pontife Clément VI avait expressément interdit la lecture du Coran.
Quant à l’œuvre à proprement parler, les protestants, dont Luther, après d’âpres discussions, décidèrent, en 1543, sous l’impulsion du célèbre humaniste réformé Theodor Bibliander (1505-1564), de la diffuser via l’imprimerie, invention récente qui marque ces temps nouveaux, ceux de la Renaissance.
Ce faisant, les réformés vont apporter leur écot à une meilleure connaissance de l’islam en Europe.
https://www.saphirnews.com/Luther-face-a-l-islam_a26808.html
10 - Tristan Vigliano (MCF, Université de Lyon II, Littérature française du XVI e siècle) Luther et Muhammad dans la Concorde du Coran et des évangélistes de Guillaume Postel En 1543 paraît ...
mars 2017
Tristan Vigliano (MCF, Université de Lyon II, Littérature française du XVIe siècle)
Luther et Muhammad dans la Concorde du Coran et des évangélistes de Guillaume Postel
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02343671/document ( Pdf : 14 pages )
En 1543 paraît un petit ouvrage de Guillaume Postel intitulé Alcorani seu legis Mahometi et euangelistarum concordiæ liber, « livre de la concorde entre le Coran, ou loi de Mahomet, et les évangélistes ».
Ce petit livre a été relativement peu étudié depuis Lucien Febvre, qui s’est surtout intéressé aux dernières pages.
On se demandera ici quelle est l’originalité de cet ouvrage dans la controverse entre catholiques et réformés : notre hypothèse est qu’elle tient surtout à une dissymétrie entre la personne de Mahomet / Muhammad, d’une part, et le groupe des « cénévangélistes », d’autre part.
On cherchera à comprendre quelle place occupe Luther dans cette comparaison dissymétrique.
On tentera enfin de déterminer dans quelle mesure le dialogue avec la Réforme et la connaissance de l’islam s’influencent mutuellement.
L e livre de Sigrid Hunke est sorti en Allemagne en 1960 et j'eus l'opportunité d'en lire la 1è traduction en 1963 .Il fut réédité C'est dommage qu'en 2018 cette Civilisation n'ait pas su évo...
2018
Mahomet et Charlemagne : Méditerranée, mer de toutes les crises ?
C'est en 1937 que cet historien belge,Henri Pirenne a édité sa thèse sur la Méditerranée et le titre nous montre bien que cette mer fermée est un sujet important depuis le moyen âge Quand on...
2017
Quelles différences entre l'islam et le christianisme ?
Les pierres d'achoppement entre la religion musulmane et la religion catholique sont nombreuses. Qu'il s'agisse de la personne de Jésus, du dogme de La Trinité, du concept de Révélation, de l...
13.1.2015