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Knock on Wood

le Jeu de la Dame : : the Queen’s Gambit

31 Octobre 2020 , Rédigé par Ipsus Publié dans #Comme au CINEMA

le Jeu de la Dame : : the Queen’s Gambit

 

En pleine Guerre froide, le parcours de huit à vingt-deux ans d'une jeune orpheline prodige des échecs, Beth Harmon.

Tout en luttant contre une addiction, elle va tout mettre en place pour devenir la plus grande joueuse d’échecs du monde.

 

 Très rapidement on introduit deux aspects dans la vie de la jeune Beth.

Une bénédiction tout d'abord : un talent inné pour les échecs.

Elle apprend le jeu au hasard d'une discussion avec l'un des employés de son orphelinat. Tel un ordinateur particulièrement performant, elle analyse avec une grande rapidité les différentes combinaisons possibles et imaginables et parvient toujours à avoir quelques coups d'avance sur ses adversaires.

 

L'autre aspect est une malédiction : une attirance malsaine pour les psychotropes, l'alcool et toutes les substances possibles et imaginables provoquant des addictions

Tirée du roman à succès de Walter Tevis, publié en 1983, la série suit à l’aube des sixties Beth Harmon. Cette orpheline du Kentucky prodige des échecs va gravir un à un les échelons de la discipline.

Son talent ne va pas sans ses démons.

Il est décuplé par la prise de tranquillisants et d’alcool. Cette addiction lui fait connaître d’immenses succès comme de cuisantes humiliations.

 Le Jeu de la dame illustre la dépendance avec une candeur rare. Et en montre les bénéfices et la malédiction.

Plusieurs articles ont analysé le jeu des acteurs dans ce film et ce sont les commentaires de Garry Kasparov qui sont les plus intéressants car il met en perspective le passage du livre au film , tout en précisant le contexte de parties internationales 

la version bilingue de son interview est en bas de cette page 

World Chess Champion Garry Kasparov on What The Queen’s Gambit Gets Right 

 ( read bilingual version at the bottom of this page )

Son regard félin caresse l’échiquier, comme la caméra. S’y lisent la concentration, l’éclat de génie, la panique, la bravoure comme la facétie, la frénésie et la manipulation.

 

Les silences sont aussi évocateurs que les dialogues, de même que l’élégance de velours avec laquelle elle s’empare des pions adverses.

Entre un mouvement de balancier et un tour de passe-passe

Plus habile et ambitieux que la simple revanche sur la vie d’une laissée pour compte, façon conte de fées ou Papa longues jambes, Le Jeu de la dame met en relief l’émancipation féminine.

S’imposant dans une discipline masculine, Beth peine à comprendre pourquoi sa beauté, son indépendance fascinent ses rivaux transformés en ados maladroits et campés par Thomas Brodie-Sangster (un ersatz de Bobby Fischer) et Harry Melling.

La série, qui n’a guère le temps pour les amourettes, montre le poids de la solitude et de l’anticonformisme.

À travers l’héroïne, dont la sublime garde-robe à la Mad Men traduit la confiance grandissante.

Mais aussi de sa mère adoptive au destin brisé, bouleversante camarade de bouteille et de trauma. Laquelle des deux materne l’autre? Impossible à dire, mais elles ne se cachent ni leur tendresse, ni leurs fêlures.

Pour ces deux experts des échecs, Beth et ses adversaires jouent leurs tournois bien trop rapidement. 

Comme cela est expliqué dans le show, chaque joueur a deux heures pour faire 40 coups, c'est donc un jeu lent et réfléchi.

Dans le Jeu de la Dame, certains tournois sont terminés en quelques minutes seulement, les personnages prenant 20 secondes pour décider des pièces qu'ils vont bouger.

En réalité, les parties s'éternisent, les joueurs prennent le temps de réfléchir longuement à leur jeu.

On se doute que les créateurs ont fait ce choix pour dynamiser la série : le spectateur aurait pu s'ennuyer face à des tournois lents et mous.

Autre erreur commise par les personnages : converser durant les parties.

Sur ce point, les experts sont formels, cela ne se fait jamais dans la réalité. On a vu plusieurs fois Beth taquiner ses adversaires, cherchant à les déstabiliser.

Premièrement, le fait de discuter est contraire aux règles du jeu,

deuxièmement c'est très mal vu de jouer la provocation lors d'une partie d'échecs.

Les joueurs peuvent faire une entorse à cette règle seulement pour proposer un match nul, comme on a pu le voir plusieurs fois dans Le Jeu de la Dame.

comment Beth a pu devenir championne du monde dans la saison 1 du Jeu de la Dame ?

 sachez que son dernier tournoi est inspiré d'une partie jouée à Bienne en Suisse, en 1993.

 L'expert des échecs Bruce Pandolfini a inventé plus de 350 parties pour que la série Netflix soit la plus réaliste possible.

Mais, au-delà de la stratégie, il a aussi appris aux acteur·rices à se comporter comme de véritables champion·nes.

Derrière chaque mouvement se cache le génie d'un véritable expert, le professeur Bruce Pandolfini:

 "Peut-être que la chose la plus importante est la façon dont ils déplacent leurs pions. Pour qu'ils aient vraiment l'air naturels, il a fallu beaucoup travailler. C'est comme regarder quelqu'un qui attrape une batte de base-ball, s'il la prend par le milieu on sait que ce n'est pas un vrai joueur. Il y a un certain mouvement, une certaine fluidité dans la façon de jouer aux échecs et qu'il fallait essayer de capturer, dans la mesure du possible."

Pour Le jeu de la dame, il a appris à Anya Taylor-Joy (l'interprète principale incarnant une génie des échecs) des schémas de jeu qu'elle puisse retenir par cœur et qui lui permettent de rester concentrée sur son propre jeu d'actrice.

Aidé·es de moyens mnémotechniques, de vidéos ou d'annotations discrètement inscrites sur les plateaux d'échecs, les comédien·nes rejouent donc de réelles parties dans Le jeu de la dame.

 

 

Au lieu de découper exagérément les séquences de jeu avec des gros plans (qui auraient permis de faire appel à des doublures "main" de professionnel·les qui auraient joué à la place des comédien·nes), le réalisateur - Scott Frank - a tenu à mettre en scène les échecs de la façon la plus crédible et palpitante possible. 

Le personnage de Beth se prend de passion vers 8 ans pour les échecs grâce à Mr Shaibel (Bill Camp), le concierge de l'orphelinat dans lequel elle réside.

Il lui apprend à jouer aux échecs dans le sous-sol de l'orphelinat et la jeune fille rejoue des parties pendant la nuit en visualisant un plateau et ses coups sur les damiers du plafond.

Ces séquences sont réalisées grâce des effets spéciaux très travaillés selon Arissa Blasingame, la productrice des effets visuels.

Elle a confié à Variety que toutes les parties d'échecs, y compris celles imaginées par Beth, était basées sur de vrais mouvements :

 

"Chaque fois que vous voyez les séquences d'échecs au plafond et tout ce qu'il se passe lorsque Beth les déplace mentalement, tout cela est basé sur de vrais mouvements.

Nous avons vraiment appris les rudiments du jeu pendant le tournage".

Mais pour la séquence du plafond, Blasingame explique qu'ils ont utilisé la numérisation LIDAR, un processus qui a capturé des mesures 3D précises des pièces et des environnements qui ont ensuite été utilisés pour créer le plafond. «C'était entièrement généré par ordinateur. En utilisant LIDAR, nous avons pu rester fidèles aux mouvements de caméra de DP Steven Meizler et les recréer dans la scène des effets.

Anya Taylor-Joy, Thomas Brodie-Sangster, Marielle Heller, Moses Ingram and Harry Melling spoke to THR about their new Netflix limited series 'The Queen's Gambit,' which tells the story of a chess prodigy named Beth Harmon. The stars opened up about their level of chess knowledge before working on the series, as well as the show's profound message about family. 'The Queen's Gambit' hits Netflix on October 23.

le Jeu de la Dame : : the Queen’s Gambit
le Jeu de la Dame : : the Queen’s Gambit
le Jeu de la Dame : : the Queen’s Gambit

une seule scène interroge encore : le finale où Beth Harmon (Anya Taylor-Joy) affronte le joueur russe Borgov (Marcin Dorociński), à Moscou en 1968.

La jeune femme reçoit un appel salvateur de ses amis américains alors qu'elle est sur le point de reprendre la partie laissée en suspens la veille au soir. Benny Watts (Thomas Brodie-Sangster) et Harry Beltik (Harry Melling) lui livrent alors toutes les techniques et combinaisons possibles pour remporter le jeu. 

 Garry Kasparov est revenu sur cette scène:

"Si on imagine que lors d’une partie jouée à Moscou en 1968, soudainement quelqu’un appelle depuis New York, via la ligne téléphonique d’un hôtel, pour parler à un joueur américain, chaque mot, chaque virgule aurait été enregistrée par le KGB”.

Garry Kasparov: "  le problème est que le dernier match devait être joué par le Queen's Gambit.

 Bien sûr, je pourrais choisir des jeux d'autres ouvertures, mais ce serait très contraire à l'esprit du livre

Comment ai-je trouvé un bon match qui se jouera pendant une quarantaine de coups ajournés dans une situation compliquée? 

Et puis vous avez cet élément très important de Benny et de son équipe qui appelle de New York. 

Cela signifie que la position devait être compliquée. 

J'ai trouvé quelques matchs et j'en ai choisi un: Patrick Wolff contre Vassily Ivanchuk, Biel Interzonal, 1993.

Wolff m'a envoyé une note quelques jours après la sortie de l'émission: «Je reconnais le jeu.» C'était un jeu assez obscur. 

Il a dit: «Garry, comment diable avez-vous trouvé cela?»

 J'ai dit, "J'avais certains paramètres, avec le gambit, le nombre de pièces restantes, donc en gros, je me suis retrouvé avec 700 jeux." 

Ce n'est pas parfait, car ce n'est pas exactement aussi compliqué que je le souhaite, mais cela correspond à la description du livre: jeu ajourné, position compliquée.

 Et même avec tout le chahut, il pousse la tour. La tour est piégée au centre

J'ai conservé la plupart de la description du jeu et je pense que cela a aidé, car c'est un point culminant, et le point culminant est quelque chose dont les gens se souviennent toujours.

L'appel téléphonique lancé par Benny serait-il en dehors du domaine raisonnable de ce qui se passerait dans un tournoi international à enjeux aussi élevés?

J'ai pensé qu'il était important de le relier aux premiers commentaires de Beth, que la force des Soviétiques était qu'ils pouvaient analyser en équipe. 

C'est exactement ce qui s'est passé.

 C'est là qu'Elizabeth Harmon se sépare de [Bobby] Fischer, car Fischer était seul et il n'a jamais fait confiance à personne.

 Tout le livre traite de surmonter les défis et d'apprendre des adversaires et de ce travail d'équipe.

Garry Kasparov: "Les échecs ont changé. C'est la beauté de l'histoire, qu'elle appartient à l'Amérique des années 60. 

C'est comme les films de James Bond: vous pouvez déplacer James Bond, mais vous voyez les derniers films, ils ont très peu de ressemblance avec les originaux.

Toute l'histoire d'Elizabeth Harmon, c'est l'histoire de Bobby Fischer, mais c'est une version féminine"

Avez-vous déjà vu quelque chose comme la dépendance aux substances de Harmon et comment cela prend-il en compte le gameplay?

G.K. : Pas ces derniers temps, mais dans les années 50, 60, 70, ce n'était pas rare. Il y a au moins deux champions du monde qui avaient une grave dépendance à l'alcool: Alexander Alekhine et Mikhail Tal.

 Aujourd'hui, c'est impossible car il y a un niveau de concentration dont vous avez besoin, pas seulement pour le jeu mais pour la préparation.

Un champion pourrait-il vaincre trois joueurs américains simultanément comme ça?

G.K.: C'est en fait possible. Difficile. Possible. Pourrais-je faire ça quand j'étais champion du monde? Je ne parierais pas là-dessus. Je ne dirais pas que c'est très probable, mais c'est dans le domaine de la réalité.

 C'est ce facteur psychologique. On pouvait voir qu'ils étaient choqués et qu'elle était très agressive, dynamique.

 Elle est très rapide. En fin de compte, il s'agit d'être rapide. 

Cela pourrait être un combat juste compte tenu de sa concentration, de sa vitesse et de sa férocité, ce qui est une férocité intéressante, et leur indécision et je dirais la peur. Possible.

Il y a beaucoup de scènes où Elizabeth imagine des jeux dans sa tête au plafond, rejouant certaines positions. Est-ce très courant chez les joueurs de classe mondiale?

G.K.: Pas courant, mais je peux citer quelques meilleurs joueurs qui l'ont fait, je veux dire les 10 meilleurs joueurs. Certains joueurs le faisaient tout le temps, en particulier au point culminant du match. C'est une sorte de redémarrage de votre ordinateur.

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