Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Knock on Wood

Méditerranée , Turquie , OTAN et nouveaux enjeux géopolitiques en 2020 pour l'Europe

26 Octobre 2020 , Rédigé par Ipsus Publié dans #EUROPE de l'Atlantique à l'Oural, #GEOPOLITIQUE, #Energies & Matières premières

Zone de contact et souvent de conflit entre civilisations différentes au cours des siècles, marquée par de profondes évolutions politiques et étatiques le long de ses deux rives, la Méditerranée est aujourd’hui dominée par la présence de l’Union européenne au Nord et par le monde arabo-musulman au Sud.

Dominée mais pas monopolisée : la Turquie, Israël, l’implantation de minorités musulmanes en Europe, la présence navale américaine, la proximité de la mer Noire, du Caucase et de la Russie ajoutent à la complexité de l’ensemble.

Le problème de la place de la Turquie – au nord ou au sud de la ligne qui partage en deux l’ensemble méditerranéen – n’est pas seulement fonction de la position géologique de l’Anatolie mais aussi du rôle historique de l’Empire ottoman

et de sa situation actuelle : peuplée à 99% de musulmans et dotée d’un gouvernement islamo-conservateur,

la Turquie est aussi membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN)

et candidate pour entrer dans l’Union européenne (même si cette candidature marque le pas depuis plusieurs années).

Comme en France on a la mémoire historique sélective, nous avons remis,en fin d'article ,des illustrations sur les anciens enjeux de la Méditerranée 

Méditerranée , Turquie , OTAN et nouveaux enjeux géopolitiques en 2020 pour l'Europe

FIGAROVOX.- La France a-t-elle raison de soutenir résolument la Grèce et Chypre face à la Turquie, au risque de compromettre ses relations avec l’Allemagne?

Hardien DESUIN.- En ces temps difficiles, nous avons la flatteuse impression que la France sauve l’honneur de l’Europe.
Les pays du nord et de l’est du continent sont aux abonnés absents, obnubilés qu’ils sont par leur désir de refouler la Russie avec l’aide des États-Unis.
Dans cette traditionnelle rivalité américano-russe, la Turquie se situe habilement entre les deux. Forte de cette position centrale, elle se permet de jouer les matamores en Méditerranée avec une arrogance vis-à-vis de la France inédite.
 Si la France et ses alliés méditerranéens n’agissaient pas maintenant, on laisserait progressivement la Turquie s’autoproclamer gardienne de nos frontières maritimes.

L’Allemagne cherche une position d’arbitre qui n’est d’aucune utilité dans ces moments de tensions extrêmes où l’Europe joue sa survie et sa crédibilité.

L’Allemagne est depuis 1945, une puissance pacifiste et c’est heureux. Ne cherchons pas à tout prix à la remilitariser.

Elle est malheureusement otage de sa forte minorité turque.

Si d’aventure, elle s’alignait sur la diplomatie militaire française, Angela Merkel mettrait le feu à ses propres terres.

Il se trouve que Berlin préside pour six mois l’Union européenne et que la présidente de la commission européenne est une ancienne ministre de la défense allemande, très proche de Merkel. C’est un autre élément à prendre en compte.

L’Allemagne cherche une position d’arbitre qui n’est d’aucune utilité dans ces moments de tensions extrêmes où l’Europe joue sa survie et sa crédibilité.

Au contraire, renvoyer dos à dos la France et la Turquie est un mauvais coup de la part de nos alliés allemands. Mais au moins cette crise permet-elle de reconnaître qui sont nos vrais amis et sur qui on peut compter en cas de coup dur.

Certainement pas l’OTAN, dont la Turquie est membre.

Est-ce un nouveau coup porté au projet d’une diplomatie européenne?

 

Il n’y a jamais eu de diplomatie européenne proprement dite.

Il ne peut d’ailleurs pas en avoir. Des coalitions ad hoc sur tel ou tel sujet ou tel ou tel programme sont possibles et souhaitables comme l’excellente initiative française Med 7 l’a montré samedi à Ajaccio. 

Mais n’oublions jamais que la construction européenne a renoncé à toute ambition stratégique dès sa fondation. Elle s’est même construite pour cela.

Son objectif, dès la fin des années 40, est de maintenir la puissance américaine sur son sol, justement pour ne plus jamais avoir à connaître ou faire la guerre.

Hormis la France du général de Gaulle, les autres pays européens se sont mis d’accord pour déléguer leur direction politique et militaire à leur envahissant protecteur américain. L’impensée de l’Union européenne, c’est que les États-Unis puissent nous laisser à notre sort comme ils l’avaient fait en 1914 et en 1940.

Or l’Amérique se lasse depuis des décennies d’assurer sa coûteuse tutelle en Europe. Bien qu’elle en profite pour refouler la puissance militaire russe, elle voudrait plus d’argent et moins de discussions avec les alliés

Si nous laissions Erdogan avancer, ne serait-ce que de quelques kilomètres, c’est toute la Méditerranée et les Balkans qui pourraient basculer.

Faut-il prendre au sérieux les menaces d’Erdogan?

Erdogan est un pur populiste. Il a toujours fonctionné à l’invective et à l’outrance publique pour conserver sa popularité dans les classes populaires.

Or il se trouve en difficulté sur à peu près tous les fronts, 20 ans après son arrivée au pouvoir. Ses conquêtes en Syrie et ses opérations en Libye sont un défouloir, plus ou moins réussi, qui a pour but de détourner l’opinion publique des échecs économiques et politiques de son président.

Au passage, Erdogan fait miroiter un destin grandiose à son peuple , celui de lui redonner le poids qu’il avait à son apogée, au XVIème siècle.

Or la livre turc est au plus bas, il a perdu la municipalité d’Istanbul, son ancien premier ministre et conseiller diplomatique, Ahmet Davutoglu attaque son bilan et son hégémonie.

Erdogan est donc de plus en plus dépendant de la frange la plus nationaliste et la plus extrémiste de la politique turque, le MHP, et en arrière plan, les très influents «Loups gris».

Cet islamo-nationalisme turc qui exalte à la fois la grandeur du califat ottoman mais aussi l’unité et la centralisation militaire construite sous Mustafa Kemal, est évidemment à prendre avec le plus grand sérieux.

Il ne faut pas minimiser ce que le président turc a fait de Sainte-Sophie et de Saint-Sauveur.

L’islamisation de l’Europe est son programme.

L’épuration ethnique et religieuse en Turquie a connu des précédents avec les Arméniens, les Grecs et les Kurdes.

Si nous laissions Erdogan avancer, ne serait-ce que de quelques kilomètres, c’est toute la Méditerranée et les Balkans qui pourraient basculer.

Méditerranée , Turquie , OTAN et nouveaux enjeux géopolitiques en 2020 pour l'Europe

 

Un sommet des leaders de l’UE sera organisé les 24-25 septembre à Bruxelles où la Méditerranée orientale sera aussi discutée.

Un Sommet des pays euro-méditerranéens avait été organisé la semaine dernière à Ajaccio, en Corse.

voir MED7 , ci-dessous 

Méditerranée , Turquie , OTAN et nouveaux enjeux géopolitiques en 2020 pour l'Europe
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :