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Knock on Wood

la Vie de GALILEE au Théâtre ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter

10 Juin 2020 , Rédigé par Ipsus Publié dans #Dans L'AIR DU TEMPS, #Histoire & Archeologie

Dans l’Italie du XVIIe siècle, Galilée (interprété par l’excellent Philippe Torreton) fait une découverte majeure.

C’est la Terre qui tourne autour du Soleil, non l’inverse.

 

Le théâtre doit à Bertolt Brecht une reconnaissance éternelle :

tension dramatique, suspense, rythme, contenu politique et éthique, choc entre intime et public... sa pièce n’a rien à envier aux séries télévisuelles dont nous sommes aujourd’hui friands.

 

De la révélation du scientifique à l’obscurantisme religieux, du bouleversement d’un ordre universel aux lâchetés individuelles, rien n’a échappé à la plume de l’auteur.

 

Claudia Stavisky signe une mise en scène fidèle et scrupuleuse, mais dont la sombre tonalité acte irrémédiablement la défaite des esprits éclairés. Elle n’a pas tort, même si sa lucidité a pris de court notre désir d’une approche un peu plus lumineuse du propos.

Car, après tout, Galilée, même placé sous haute surveillance, n’a jamais lâché sa lunette.

                                                        https://t.co/7WGJKm298W?amp=1

Philippe Torreton incarne l’astronome visionnaire dans la pièce de Brecht, sous la direction de Claudia Stavisky.

Énergique, enlevée, sa mise en scène de La Vie de Galilée embrasse sans s’essouffler l’odyssée houleuse de l’astronome italien, réchappé de justesse des flammes de l’Inquisition.

Les idées « modernes » de Galilée émergent alors qu’on est encore dans la Contre-Réforme.

« Galilée a probablement pâti de défendre des idées très modernes au mauvais moment, celui du schisme protestant, avance Yael Nazé,

L’Église catholique était sur la défensive en quelque sorte, tandis que les Églises protestantes étaient plus tolérantes quant à la Bible et son interprétation ».

à l’époque, toutes ces nouvelles idées ne pouvaient être que des théories:

En effet, « il était impossible au XVIe siècle de prouver, de démontrer scientifiquement parlant, que la Terre tournait autour du Soleil. De plus, le système héliocentrique était plus logique, car il se suffisait de calculs astronomiques plus simples »

 

la Vie de GALILEE au Théâtre  ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter

Brecht ouvre une porte à une éthique des sciences, plus que jamais au cœur de l’actualité.

 

Galilée de Bertolt Brecht incarne avant tout : un plaisir à partager son expérience, à voir circuler la connaissance.

Il faut le regarder s’évertuer à expliquer l’héliocentrisme à son jeune élève, Andrea. Ses démonstrations, limpides, sont des modèles de pédagogie lumineuse.

Une vision nuancée

Sympathique, Galilée ?

N’a-t-il pas chipé aux Hollandais – en la perfectionnant certes – leur lunette astronomique ? C’est qu’il lui fallait de l’argent, et vite.

S’il fixe les étoiles, Galilée a les pieds sur terre : il veut vivre. Et jouir des plaisirs de l’existence. Son royaume pour une oie bien grasse et un verre de bon vin.

L'avantage de cette pièce hors norme est aussi de proposer un spectacle théâtral roboratif, peuplé de personnages, et tout le temps en mouvement.

On est dans du "vrai" théâtre et l'on écoute un texte qui mérite attention.

Même si Galilée se sert d'autres mots, on sent qu'il pourrait s'approprier le fameux "science sans conscience n'est que ruine de l'âme".

La Vie de Galilée, pièce pourtant centrale dans l’œuvre de Bertolt Brecht, a été rarement montée depuis sa création en 1943 à Zurich.

Cela tient à la longueur de la pièce en quinze tableaux – quatre heures – et à la quarantaine de personnages qui la constituent.

Claudia Stavisky monte un spectacle en 2h20 pour onze comédiens, réalisant plusieurs coupes dans le texte, en préservant sa cohérence narrative et son intensité dramatique, toutes deux portées par une équipe de comédiens d’une immense qualité couronnée du grand Philippe Torreton incarnant un Galilée d’une vérité époustouflante.

Notons que tout choix de coupe et tout choix de mise en scène orientent – sans forcément trahir – le verbe du texte.

La Vie de Galilée court de 1609 à la fin des années 1630, lorsque le savant finit ses jours sous la surveillance stricte de Rome et de sa bigote de fille Virginia, entre Padoue – Pise en réalité –, Florence et Rome. 

Au commencement était la lumière – celle des étoiles, celle de la vérité de la science –, thème central de la pièce, dont se saisit admirablement le spectacle :

les premiers spots sont braqués sur le public, quand Galilée reste dans l’ombre ; le déplacement vers la scène se fait très progressivement.

À ce titre-là, Claudia Stavisky s’empare du principe de distanciation brechtien en rappelant au public, à l’orée de la pièce, qu’il ne doit pas s’oublier dans le spectacle, mais rester conscient, actif, réflexif

Le spectacle épouse la dimension de fable du texte de Brecht.

En effet, ce dernier, partant de la vérité historique de Galilée, dont il reste d’ailleurs proche, lui adjoint des enjeux qui trouvent une poésie merveilleuse dans l’épopée qu’il raconte.

L’histoire de Galilée s’en trouve augmentée à travers la lorgnette du dramaturge en même temps que les questionnements de ce dernier s’incarnent parfaitement dans la vie du savant.

La pièce est une grande métaphore où les comparaisons s’emboîtent avec génie pour livrer une lecture de la révolution du système vertical, pyramidal, géocentrique vers un paradigme égalitaire, horizontal, héliocentrique.

La fable est politique et philosophique, puisque Brecht met en résonance la cosmologie avec l’ordre sociétal et ses rouages de domination.

Par le choix d’un décor extrêmement sobre, la metteure en scène laisse pleine place au texte, si riche, en le soutenant par un jeu métaphorique de la lumière et des comédiens

– nous pensons notamment à la scène du Carnaval au cours de laquelle les cardinaux tournent autour de Galilée, tels des satellites ou des prédateurs qui obtiennent de lui qu’il abandonne durant huit années ses recherches sur le système de Copernic.

Le pouvoir l’emporte toujours

En effet, nous assistons tout au long du spectacle au resserrement de la trame narrative sur les deux entités, scientifique et ecclésiastique.

 

L’atelier de Galilée, et plus généralement les moments où nous sommes du côté de la science, laissent la scène dans une pénombre : vêtements et mobilier viennent renforcer le caractère de misère, de soumission à un ordre établi.

 

A contrario, lorsque nous sommes du côté de l’Église et des Grands de ce monde, la lumière repousse les plafonds, rendant les espaces imposants, circonscrits par des murs.

 

Dans le tableau final du spectacle – qui n’est pas, rappelons-le, le dernier de la pièce écrite – nous découvrons un Galilée avouant ses faiblesses à son ancien disciple dans un ultime enseignement : 

« Pour quoi travaillez-vous ? Moi je soutiens que le seul but de la science consiste à soulager les peines de l’existence humaine. » 

Ainsi le dualisme pouvoir/savoir s’ouvre-t-il sur un troisième terme : le positionnement éthique.

La coupe finale le valorise sans que la mise en scène ne l’étreigne véritablement.

Or ce tiers éthique anéantit toute conception dialectique qui renvoie dos à dos les contraires.

Tel est probablement le coup de maître de Brecht !

Science et pouvoir, livrés à leur seule lutte, voit l’instrumentalisation de la première au profit du second, l’engendrement du « savoir-pouvoir » qu’explicite Michel Foucauld

 Nous comprenons par la voix de Galilée que Brecht défend la question éthique, celle du sens de la recherche de la vérité, à savoir rendre l’existence humaine plus douce, jusqu’à en appeler à un serment d’Hippocrate appliqué aux physiciens.

L’échec de Galilée, dont les découvertes sont livrées « aux puissants pour qu’ils en usent, n’en usent pas ou en abusent », est celui d’une science angélique qui croit en l’absolu de « la loi de contribution scientifique » mais qui a en fait tout à voir avec « les faiblesses humaines »« la peur de la mort » et toutes les trahisons qui en découlent et auxquelles nul homme ne peut être étranger, même sous serment…

Pauline ANGOT


 

   

 

 

 https://t.co/42gwBdDlUl?amp=1

 

               Pdf : 27 pages 

15 tableaux pour la vie du plus grand savant italien, le florentin Galileo Galilei, c'est ce que propose Bertolt Brecht.

Ecrite en 1938 et créée à Zurich en 1943, "La Vie de Galilée" n'est pas simplement l'affrontement manichéen d'un homme de vérité contre un pouvoir religieux qui ne l'accepte pas par crainte de perdre son influence politique.

C'est aussi le procès d'une science qui croit qu'elle va s'imposer naturellement aux hommes sans que ceux-ci ne l'utilisent et ne la détournent à des fins particulières et néfastes.

Galilée n'est pas un héros, mais le représentant de ces savants qui veulent avant découvrir sans se préoccuper des conséquences de leurs découvertes.

A l'euphorie du Galilée partant à l'assaut du système de Ptolémée, fier de sa lunette astronomique qui rend vraies ses observations, succède l'angoisse d'un homme qui construit un système qui inquiète l'Église et lui attire la colère du grand inquisiteur (Michel Hermon)

et s'achève dans l'incertitude et l'ambiguïté, quand on ne sait plus si Galilée, vaincu et revenu dans le giron catholique, notamment sous l'influence de sa fille Virginie (Marie Torreton), joue ou pas un double-jeu.

Dans le rôle-titre Philippe Torreton se fond dans le personnage, l’incarne jusqu’à la moelle, des années de l’ambition scientifique à celles du renoncement contraint.

L’histoire n’en est que plus percutante. Une belle manière de découvrir un chef d’œuvre

Une table de travail à tréteaux, quelques chaises, une grande porte patinée en fond de scène, une haute fenêtre vers le monde extérieur.

Les comédiens sont en habits d’époque, simples et sans fioritures.

Les mots sont tout, fil du raisonnement de la pensée du physicien, portés par un Philippe Torreton en très grande forme qui devient véritablement Galileo Galilei. Il est à la fois admirable dans sa recherche de la preuve absolue, dans sa faculté à se remettre complètement en cause, et tellement méprisable dans son amour du confort et dans la manière dont il traite Madame Sarti ou parfois son fils.

Sa bonhomie trahit son amour de la bonne chère, ses yeux perçants déclinent au fur et à mesure de ses observations du soleil, sa démarche bravache des débuts impatients se voûte au fil des années.

La pièce court sur plus de vingt ans, et l’évolution de l’homme est manifeste.

Autour de Philippe Torreton, l’ensemble de la distribution est homogène, fluide, d’Andrea à Madame Sarti en passant par la fille de Galilée, son soupirant ou les cardinaux.

Le texte frappe surtout à la fin. D’abord dans la révélation du pouvoir que l’Eglise tire du géocentrisme : placer la terre au centre de tout justifie le travail des paysans, les efforts du peuple que Dieu a ainsi privilégié.

L’Eglise n’est pas dupe :

les découvertes de Galilée sont comprises, voire très utiles pour la constitution de cartes du ciel lucratives pour la navigation.

Mais elle défend avant tout l’ordre établi.

Quant à Galilée, ses dernières tirades sont bouleversantes : il prend pleinement conscience de sa responsabilité avec le reniement de ses découvertes pour sauver sa peau :

« Si j'avais résisté, les physiciens auraient pu développer quelque chose comme le serment d'Hippocrate des médecins, la promesse d'utiliser leur science uniquement pour le bien de l'humanité».

 Brecht ouvre une porte à une éthique des sciences, plus que jamais au cœur de l’actualité.

la Vie de GALILEE au Théâtre  ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter
la Vie de GALILEE au Théâtre  ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter

 La lettre originale - longtemps perdue - dans laquelle Galileo Galilei a d'abord exposé ses arguments contre la doctrine de l'église selon laquelle le Soleil orbite autour de la Terre a été découverte dans un catalogue de bibliothèque daté de Londres. Son dénouement et son analyse révèlent de nouveaux détails critiques sur la saga qui a conduit à la condamnation de l'astronome pour hérésie en 1633.

La lettre de sept pages, écrite à un ami le 21 décembre 1613 et signée «GG», fournit la preuve la plus solide à ce jour qu'au début de sa bataille avec les autorités religieuses, Galileo s'est activement engagé dans la lutte contre les dommages et a tenté de répandre une tonique -version de ses prétentions.

De nombreuses copies de la lettre ont été faites, et deux versions différentes existent - une qui a été envoyée à l'Inquisition à Rome et une autre avec un langage moins incendiaire. Mais parce que la lettre originale était supposée être perdue, il n'était pas clair si des ecclésiastiques exaspérés avaient trafiqué la lettre pour renforcer leur cas d'hérésie - quelque chose que Galileo se plaignait à des amis - ou si Galileo a écrit la version forte, puis a décidé d'adoucir son propres mots.

la Vie de GALILEE au Théâtre  ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter
la Vie de GALILEE au Théâtre  ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter
la Vie de GALILEE au Théâtre  ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter
durée de la video = 9 mn Le bibliothécaire en chef Keith Moore nous fait part de la lettre de Galilée «récemment découverte»
la Vie de GALILEE au Théâtre  ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter
la Vie de GALILEE au Théâtre  ( de Bertolt Brecht ) - The lost Galileo Letter

 On a découvert ( 2018 )  une lettre prouvant que Galilée a modifié ses arguments scientifiques selon lesquels le Soleil, et non la Terre, était le centre de l’univers, devant le tribunal de l’Inquisition, afin de ne pas être condamné au bûcher.

 Quel est l’objet de la découverte ?

Dans le cadre d’un inventaire des écrits et commentaires de l’astronome et mathématicien Galilée (1564-1642) mené par les universités de Sienne et de Bergame, un étudiant italien en post-doctorat a exhumé, en 2018 ,des archives de la Royal Society de Londres une lettre, signée G.G. pour Galileo Galilei. Mal cataloguée, cette missive avait été oubliée 

Il s’agit d’une lettre de sept pages datée du 21 décembre 1613, écrite et envoyée par Galilée à son ami Benedetto Castelli, mathématicien à l’université de Pise, que ce dernier lui renverra.

Dans cette missive, Galilée affirme, sans grande précaution, ses idées de fond qu’il reprend à Copernic, et qui vont à l’encontre de celles de la Bible 

Dans cette lettre, Galilée expose ses arguments scientifiques l’amenant à affirmer que le centre de l’univers est le Soleil et non la Terre, comme l’avait écrit le philosophe grec Aristote dès le IVe s. av. J.-C. avec le géocentrisme, thèse reprise par la Bible.

En ce sens, il adopte la position héliocentrique, inventée par le moine polonais, astronome et mathématicien, Nicolas Copernic dès 1543.

Depuis, on sait que le Soleil est le centre du système solaire et non pas de l’univers.

 Quel est le contexte de cette lettre ?

Cette découverte vient donc s’ajouter à un puzzle quelque peu complexe.

En effet, le 7 février 1615, une copie de la lettre originale, celle qui est vindicative vis-à-vis de l’Église romaine catholique, sera envoyée à l’Inquisition par le dominicain Niccolo Lorini.

Un document qui, on s’en doute, déclenchera le courroux de l’Église. Plus tard, Galilée contestera avoir écrit cette lettre, qui est aujourd’hui conservée au Vatican.

Mais le 16 février 1615, Galilée enverra la « version douce » de sa lettre à Rome, suggérant que la version que Lorini a transmise à l’Inquisition avait été écrite par ses ennemis.

► Que s’est-il passé ensuite ?

En 1616, l’Inquisition prévient Galilée qu’il doit abandonner son adhésion au modèle de Copernic. Pourtant, malgré son amitié avec le cardinal Maffeo Barberini devenu le pape Urbain VIII, l’astronome persévère et publie en 1632 « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde », une étude comparant le modèle d’Aristote-Ptolémée et celui de Copernic

Irritée, l’Inquisition convoque Galilée pour un procès.

En 1633, Galilée est condamné pour hérésie et son livre, écrit en italien et pour lequel Galilée n’a présenté que l’introduction et la conclusion à la censure, est interdit.

Contraint d’abjurer ses idées, Galilée est condamné à la prison, une condamnation toutefois immédiatement commuée par le pape en une assignation à résidence surveillée, chez lui finalement, à Arcetri, près de Florence, non loin de ses filles au couvent.

Il meurt en 1642, à l’âge de 77 ans.

Copernic (1473-1543) qui a présenté une théorie aussi « subversive » 70 ans plus tôt n’a pas été mis à l’index.

En revanche, le dominicain philosophe Giordano Bruno (1548-1600), défendant l’héliocentrisme de Copernic et l’existence d’un univers infini, a été accusé d’hérésie. Il a été condamné au bûcher au terme de huit années de procès.

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