Bien être Animal, Abattoirs et Corridas - Animal Health
Le bien-être animal fait référence à « la qualité de vie telle qu’un animal individuel en fait l’expérience ».
Le bien-être animal au sens large englobe non seulement la santé et le bien-être physique de l’animal, mais aussi son bien-être psychologique et la possibilité d’exprimer les comportements importants propres à son espèce.
Le bien-être peut être décrit comme satisfaisant si les animaux sont en bonne santé physique et psychologique, se sentent bien et ne souffrent pas, selon les Cinq Libertés.
Ces 5 principes ont été énoncés par le Farm Animal Welfare Council en 1992.
Ils sont repris dans la définition du bien-être animal de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et font aujourd'hui référence dans le domaine.
L’information des consommateurs comme levier d’amélioration
De la crise de la vache folle aux vidéos de l’association L214, les raisons de s’inquiéter des conditions de vie, de transport et d’abattage des animaux d’élevage ne manquent pas, d’autant plus que sensibilité et intelligence animale s’imposent comme des réalités scientifiques indiscutables.
Les Européens y semblent de plus en plus sensibles, au point que l’initiative citoyenne européenne contre l’élevage en cage vient de passer le cap du million de signatures et que le végétarisme étend son empire.
Les progrès législatifs s’avèrent cependant timides.
L’insertion de l’article 515-14 dans notre code civil a fait couler beaucoup d’encre, mais la portée de ce texte demeure limitée :
les animaux sont certes reconnus comme des « êtres vivants doués de sensibilité », ils continuent d’être « soumis au régime des biens » « sous réserve des lois qui les protègent ».
Or, les législations protectrices du bien-être des animaux d’élevage s’avèrent lacunaires, que ce soit du point de vue des exigences imposées ou des espèces couvertes.
Aussi, la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable (EGALIM) introduit certes quelques avancées en matière de bien-être animal (notamment en ce qui concerne la répression des mauvais traitements commis par les professionnels), mais elle reste très décevante dans l’ensemble.
En dépit de l’évolution de l’opinion publique, les partisans de législations plus protectrices continuent à se heurter à des obstacles importants : leurs revendications viendraient saper la liberté de circulation des marchandises, atteindre la démocratisation de la consommation de viande, mettre en péril la pérennité de la filière et, avec elle, de traditions culinaires voire culturelles.
Dans ce contexte, d’aucuns placent leurs espoirs dans une solution de compromis : l’information des consommateurs sur la prise en compte du bien-être animal dans le processus de production permettrait l’amélioration croisée du sort des animaux d’élevage et des acteurs de la filière.
Tandis que certains acteurs montent en gamme sur le bien-être animal, d’autres, en Europe et ailleurs, s’en tiennent à des standards très faibles, voire inexistants.
Entre les pires et les meilleures pratiques, une infinie palette de nuances s’établit. Il n’est pas exclu que les producteurs les plus avancés sur le terrain du bien-être animal parviennent à entraîner dans leur sillage bon nombre de concurrents, mais encore faut-il leur démontrer que la bientraitance animale pouvait s’avérer rentable.
Rentabiliser les bonnes pratiques volontaires suppose à l’évidence que les consommateurs en soient informés, et c’est ainsi que l’information délivrée aux consommateurs sur le traitement réservé aux animaux d’élevage est destinée à proliférer.
D’ores et déjà, les allégations relatives au bien-être animal – concept déjà difficilement saisissable en droit – fleurissent dans les points de vente hexagonaux (« œufs fermiers », poules « élevées en plein air », veau « élevé sous la mère », « lait de pâturage », etc.), et certaines entreprises ont commencé à expérimenter un étiquetage du bien-être animal.
Cette prolifération d’informations contribuera indéniablement à sensibiliser professionnels et consommateurs ; mais le pullulement désordonné et non régulé des allégations, étiquettes et labels pourrait aussi semer la confusion dans l’esprit des consommateurs, voire alimenter une défiance s’il s’avérait que les actes ne suivaient pas les paroles.
Du reporting extrafinancier à l’étiquetage écologique des produits, l’expérience montre que l’information produite par les acteurs du marché n’est un instrument de régulation effectif qu’à 2 conditions:
- 1) la production des informations doit être régulée. À côté de l’institution d’une obligation légale d’information, d’autres techniques méritent considération, tels que le benchmarking des initiatives privées actuellement développé en lien avec la Clinique de l’Ecole de Droit de Sciences Po.
- 2) il ne faut pas attendre qu’une majorité de consommateurs individuels se prennent au jeu ; les autorités publiques, endossant leur casquette d’acheteurs, ont une forte capacité de structuration des marchés qu’elles pourraient à l’avenir mobiliser davantage en matière de bien-être animal.
Par Régis Bismuth, professeur à l’École de Droit de Sciences Po et Expert du Club des juristes et Aude Solveig Epstein, maître de conférences en droit privé à l’Université Paris Nanterre.
http://www.leclubdesjuristes.com/les-publications/bien-etre-animal/
Le bien-être des animaux : définition et prescriptions
Définition et conditions du bien-être animal, réflexion sur la place de l’animal dans la société et conseils aux détenteurs d’animaux.
Sont concernés les animaux de compagnie, les animaux de rente et les animaux sauvages en captivité. https://t.co/cXV4T6Lhi0?amp=1
Définition et conditions du bien-être animal
Toute personne qui détient des animaux doit veiller à leur bien-être, à savoir assurer des conditions de détention compatibles avec les impératifs biologiques de l’espèce.
Le détenteur des animaux doit notamment assurer des conditions adaptées de logement, d’alimentation et de soin. A défaut, il est passible de poursuites judiciaires et de mesures administratives. En effet, le code rural et de la pêche maritime prescrit que tout animal est un être sensible (article L 214-1) et prévoit des sanctions en cas de mauvais traitement.
Pour être en mesure d’assurer la protection des animaux, des compétences sont indispensables et dans certain cas, exigées. La chambre de l’agriculture de votre département pourra vous renseigner sur les formations disponibles.
La consultation d’un vétérinaire vous permettra de bénéficier de conseils adaptés et d’éléments pratiques concernant la bien-traitance des bovins.
Définition du bien-être animal par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) :
"On entend par bien-être la manière dont un animal évolue dans les conditions qui l’entourent. Le bien-être d’un animal est considéré comme satisfaisant si les critères suivants sont réunis : bon état de santé, confort suffisant, bon état nutritionnel, sécurité, possibilité d’expression du comportement naturel, absence de souffrances telles que douleur, peur ou détresse.
Le bien-être animal requiert prévention et traitement des maladies, protection appropriée, soins, alimentation adaptée, manipulations réalisées sans cruauté, abattage ou mise à mort effectués dans des conditions décentes."
La place de l’animal dans la société : diagnostic - mesures proposées
Principales mesures proposées à l’issue des rencontres animal-société 2008 (format pdf - 651.4 ko - 27/05/2011) , déclinées selon plusieurs axes :
L'étiquetage #BienEtreAnimal initié par #Casino convainc de nouveaux acteurs. Découvrez l'interview de Matthieu Riché Directeur RSE du groupe Casino https://t.co/0H9uhzJnP4 pic.twitter.com/Vg3HCbpa3i
— RIVOLLIER HENRI (@droitdelacom) February 28, 2020
À propos du bien-être animal
Le bien-être animal est un sujet complexe aux facettes multiples qui comporte des dimensions scientifiques, éthiques, économiques, culturelles, sociales, religieuses et politiques. Il suscite un intérêt croissant pour la société civile et constitue l’une des priorités de l’OIE. L'OIE est aujourd’hui l’organisation normative mondiale de référence sur le sujet à la demande de ses États membres. Pour en savoir plus.
La Stratégie mondiale de l’OIE en faveur du bien-être animal a été construite à partir des expériences des actions menées à l’échelle des régions et des pays par le passé et vise à assurer une orientation et une coordination constantes des actions de l’Organisation dans ce domaine. Adoptée en 2017 par l’ensemble des Pays membres, elle a été élaborée avec l’objectif d’atteindre : « un monde où le bien-être des animaux est respecté, promu et renforcé, parallèlement à une amélioration croissante de la santé animale, du bien-être de l’homme, du développement socio-économique et de la durabilité environnementale ».
Cette stratégie repose sur la poursuite du développement de Normes internationales en consultation avec les États membres et les acteurs internationaux majeurs, le développement des compétences des Services vétérinaires, une bonne communication auprès des gouvernements et une meilleure sensibilisation sur le sujet, et enfin, un appui aux Pays membres pour la mise en œuvre de ces normes.
#NewRelease The 2020 #OIE Publications e-Catalogue is available now.
— OIE Animal Health (@OIEAnimalHealth) February 27, 2020
Explore the hundreds of publications and online resources available to you.
Take a look here: https://t.co/Zxi3VjFWuB pic.twitter.com/IcvcQB8l3d
L’étiquette bien-être animale mise en avant sur le stand de @FermiersdeLoue au @Salondelagri ! 👍 pic.twitter.com/PlMSRcZVpN
— CIWF Agro (@CIWF_Agro) February 26, 2020
Les Fermiers de Loué se veulent à l’avant-garde du bien-être animal. Après l’affichage d’une note de bien-être développée avec Casino et quatre associations de protection des animaux, la coopérative agricole passe à l’offensive sur un autre sujet sensible, celui du broyage des poussins mâles dans la filière ponte.
Les éleveurs, associés à Carrefour, ont décidé d’utiliser une technologie développée par l’entreprise allemande AAT, qui consiste à détecter la couleur des plumes des embryons (blanche chez les mâles, rouge chez les femelles) dans l’œuf par spectrophotométrie. Les œufs mâles sont écartés avant éclosion, seuls ceux contenant une femelle, la future pondeuse, vont jusqu’au bout de leur développement.
Historique et contexte
Les sources du droit pour la protection des animaux se déclinent au niveau international, communautaire et national :
- au niveau international dans les codes sanitaires pour les animaux terrestres et aquatiques de l’OIE ;
- au niveau communautaire dans le traité de Lisbonne modifiant le Traité de l’union Européenne (article 13) ;
- au niveau français dans les codes rural, civil et pénal.
En France, c’est la loi de 1976 qui a véritablement édifié la politique de protection animale, en énonçant trois principes fondamentaux :
France : Le plan gouvernemental en faveur du bien-être animal a été renforcé le 28 janvier 2020, avec l'annonce de 15 nouvelles mesures qui s'ajoutent à celles contenues dans la loi agriculture et alimentation, promulguée le 1er novembre 2018.
🥩#Viande #BienÊtreAnimal
— Sud Radio (@SudRadio) February 26, 2020
« L’#AbattageRituel induit une souffrance évitable. C’est pour ça que l’ordre des #vétérinaires en France s’est prononcé contre »@LouisSchweitzer @fondationLFDA invité du [#10h12h] de @valerie_expert en direct du @Salondelagri pic.twitter.com/dGZivrkGRx
Bien-être animal
Encouragés par les Français, des éleveurs font de l’amélioration du #bienêtreanimal une priorité. Avec l'accompagnement d'associations telles CIWF, les pratiques évoluent. https://t.co/IESg1Uhwbi
— CIWF France (@CIWF_FR) February 28, 2020
Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a annoncé sur RTL la suspension administrative de l'abattoir de Sobeval en Dordogne.
Suite aux images et aux graves manquements révélés par L214, il aura fallu des fuites au sein des services du ministère de l'Agriculture ainsi qu'une forte pression médiatique et citoyenne pour que le ministre se décide enfin — après plus d’une semaine de contrevérités — à réagir.
Didier Guillaume a fait la démonstration de son incapacité à exercer sa fonction de façon responsable, sans être inféodé à des intérêts privés. Il doit démissionner et la « condition animale » doit sortir des attributions du ministère de l'Agriculture.
🔴 Sous la pression médiatique, @dguillaume26 est contraint de reconnaître la véracité des images de @L214 et ordonne enfin la suspension de l’abattoir Sobeval!
— L214 éthique & animaux (@L214) February 28, 2020
CQFD : le @Min_Agriculture ne doit plus être en charge de la condition animale.https://t.co/gKwVx9XRWg
Face aux infractions régulières constatées dans les abattoirs français, CIWF qui a été auditionnée en mai 2017 par la Commission d'enquête parlementaire sur les conditions d’abattage des animaux, identifie 4 priorités qui s’imposent et doivent être mises en place avec les moyens adéquats au plus tôt :
- 1) La vidéo-surveillance : un contrôle régulier de l’étourdissement et des signes de vie
- 2) Un renforcement des procédures d’inspection et des sanctions administratives et pénales et de leur application afin qu’elles soient suffisamment dissuasives.
- 3) La révision des méthodes d’étourdissement des volailles et des porcs
- 4) La fin de la dérogation pour l'abattage sans étourdissement
Des pays comme le Danemark, la Slovénie ou la Pologne ont complètement interdit l’abattage sans étourdissement.
#OutNow: The @OECD releases today a study on the #OIEObservatory. This project will be key to strengthen the implementation of #OIEInternationalStandards by addressing the challenges faced by OIE Members.
— OIE Animal Health (@OIEAnimalHealth) February 25, 2020
Read the Study👉: https://t.co/IEi5CgHVdZ pic.twitter.com/6I5xGUSFMO
@CIWF a développé une approche partenariale unique avec tous les acteurs de l'agroalimentaire pour positionner le #BienEtreAnimal au cœur de leurs démarches.https://t.co/gbn8seVOA9 pic.twitter.com/D1eJhpRTfP
— CIWF Agro (@CIWF_Agro) January 3, 2018
Installation d'une brosse rotative pour le #BienEtreAnimal des vaches 🐄🐄👍😏
— VendéeAgri (@Biret85) February 28, 2020
Seulement 5min après l'installation les vaches n'arrêtent plus😁🐄#ceuxquifontlaviande #Limousine pic.twitter.com/CC5WMQSf8a
#ReseauxSociaux : quand le #BienÊtreAnimal devient un phénomène de société 🐮🐷🐔 pic.twitter.com/beppWUzJi8
— Agence Comfluence (@Comfluence) February 21, 2020
Grâce à un travail de concertation avec la LFDA, @CIWF_FR, l'@OABA_Off et @WelfarmFR, le @cniel reconnaît l'importance du pâturage pour le bien-être des vaches laitières et souhaite enrayer le développement d'élevages sans accès au pâturage. 🐄 https://t.co/1mshaMQtTk
— FondationDroitAnimal (@fondationLFDA) February 28, 2020
Publié le 26 février 2020 à 17h52
Le bien-être animal s’invite dans les clapiers
De la lumière naturelle et plus d’espace : le logement des lapins d’élevage évolue.
Au salon de l’agriculture, les groupes Cavac et Terrena dévoilent leur nouvelle démarche en faveur du bien-être animal.
https://t.co/r48aq2Unss?amp=1
There is a need for standardized metrics & indicators for monitoring & assessing performance & progress towards sustainability. #FAOLEAP builds global consensus on data and methods to improve livestock production. 🐮📈🌍
— FAO Animal Health (@FAOAnimalHealth) February 27, 2020
👉 https://t.co/RtYoMmZLsH#LowCarbonLivestock #SDGs pic.twitter.com/wH9EkIL6zO
The #OIE has published more than 360 #OIEInternationalStandards regarding terrestrial and aquatic #animalhealth and #animalwelfare. They are all based on scientific evidence and adopted by consensus of the 182 OIE Members.#OIEObservatory https://t.co/0YdKkb4Vao
— OIE Animal Health (@OIEAnimalHealth) February 23, 2020
Petite balade quotidienne en forêt pour mes poulets fermiers des Landes élevés en totale liberté. 1er label rouge de l'histoire. #bienêtreanimal, #qualité. pic.twitter.com/4CtqXr7OZn
— Gardeils Alain (@sualain40) February 20, 2020
1'7 pour connaître l'essentiel sur le #BienEtreAnimal.
— Christophe RONDEL (@Chris_Rondel) February 27, 2020
C'est le pari réussit de @ConstAzais consultante sénior du pôle #AffairesPubliques de @Comfluence. 🐷🐮 https://t.co/DUj55OpgDj
En quoi votre grand-oncle, Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix en 1952, a-t-il influencé votre rapport aux animaux ?
Il a écrit, par exemple, qu'il est légitime de tuer un moustique en Afrique, parce qu'il porte des maladies, mais que cet acte ne se justifie pas en Europe. Je ne suis pas sûr d'être aussi respectueux que lui des moustiques... Mais son concept d'éthique de la vie est passionnant philosophiquement.
L'engagement en faveur du bien-être animal semble loin des préoccupations du monde de l'industrie, qui était le vôtre...
Mon engagement est devenu actif il y a sept ans. Je n'étais plus patron d'une grosse entreprise... J'avais le temps et la liberté de me consacrer à des sujets d'intérêt public auxquels je crois. En 2012, le professeur Jean-Claude Nouët, cofondateur de La Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA), qui rassemble des scientifiques, des juristes et des philosophes, m'a proposé de lui succéder. J'ai accepté car les bases de cette institution me correspondent. Je ne suis pas un extrémiste.
Quels sont les combats de la LFDA ?
Nous voulons améliorer la condition animale en transposant juridiquement les nouvelles connaissances scientifiques. La LFDA a rédigé une première déclaration des droits des animaux en 1978, qui a été réactualisée depuis. Les traités européens reconnaissent le bien-être animal comme un objectif. Nous voudrions que le droit français l'intègre.
Quels droits devrait-on, selon vous, accorder aux animaux ?
Cela dépend. Les animaux sauvages doivent avoir la liberté de vivre dans un milieu naturel suffisamment vaste et protégé. Les animaux sous la garde de l'homme et sensibles (poulet, vache, poisson...) doivent être préservés du stress et de la souffrance et pouvoir exprimer leurs comportements naturels. D'autres, comme l'huître, ne ressentent a priori pas la douleur. Les règles doivent s'adapter à cette réalité.
Doit-on continuer les expérimentations animales dans la recherche médicale ?
La vie d'un enfant ne doit pas être perdue parce que nous avons refusé de sacrifier une souris. La loi européenne est parvenue à un compromis avec la règle des trois « R » : réduire, remplacer et raffiner. Concrètement, il s'agit de réduire le nombre d'animaux d'expérimentation, de parfaire les méthodologies, en intégrant une évaluation de la souffrance animale et de remplacer, dès que possible, les expériences sur les animaux par des travaux biologiques.
Les droits des animaux impliquent-ils de renoncer à la consommation de viande et de poisson ?
Chacun a son opinion. Je mange personnellement de la viande. L'homme est omnivore depuis 3,5 millions d'années. L'animal d'élevage doit cependant être bien traité et ses conditions d'abattage doivent être instantanées, indolores et non génératrices d'angoisse.
N'est-ce pas basculer dans l'anthropomorphisme, qui attribue des qualités humaines aux animaux ?
Reconnaître que les animaux souffrent, ce n'est pas de l'anthropomorphisme. Faut-il être tout à fait intelligent pour avoir des droits ? Non. Un bébé humain d'un mois, par exemple, a déjà des droits.
Que pensez-vous de l'antispécisme ?
Chaque progrès amène des gens plus radicaux. Être vegan est respectable. Mais dire qu'il n'y a aucune différence entre l'homme et l'animal est absurde et éthiquement indéfendable.
Comment travaillez-vous avec les éleveurs ?
Quand j'étais chef d'entreprise, j'avais mes idées, mais je savais que je devais convaincre. Les éleveurs rencontrent tant de difficultés qu'il y a parfois une réaction de repli face à ce qui apparaît comme une contrainte. Mais j'ai toujours été convaincu que l'éthique et l'efficacité convergent sur le long terme. Si les modèles d'élevage ne changent pas, il y a un risque de rejet social.
En décembre, vous avez lancé le premier étiquetage sur le bien-être animal, avec l'enseigne Casino pour les poulets de chair. Informer les consommateurs, c'est une priorité aujourd'hui ?
Étiqueter est compliqué. Rien que pour un poulet, nous sommes parvenus à 220 critères pour mesurer le bien-être tout au long de sa vie. Mais les Français doivent pouvoir être informés, pour prendre une décision éclairée et que les modèles changent. D'autres enseignes sont intéressées et j'ai espoir que l'étiquetage « bien-être animal » s'étende à d'autres animaux.
Comment le citoyen peut-il, à son échelle, améliorer le bien-être des animaux ?
En orientant ses choix. En mangeant un peu moins de viande, mais de meilleure qualité, par exemple. Les Français sont de plus en plus vigilants. Plus de 80 % jugent important de faire progresser le droit animal. Les deux tiers se disent prêts à payer un peu plus cher. Les progrès s'accélèrent grâce à cette prise de conscience.
http://www.fondation-droit-animal.org/documentation/bien-etre-animal-science-droit/
Louis Schweitzer, président de la Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences (LFDA) propose une réflexion sur l'éthique de l'élevage en conclusion du colloque "Le bien-être animal, de la science au droit".
Président du comité d'éthique de l'INRA-CIRAD jusqu'en 2015, ses propositions se nourrissent d'expertises françaises mais également allemandes, où un comité scientifique au ministère de l'Agriculture a rendu des conclusions sur la non-viabilité de nos systèmes d'élevage actuels pour des raisons sociales et éthiques.
il insiste sur le rôle de l'INRA ...les veterinaires n'ont pas été oubliés
sa remarque sur la majorité des gens favorables à la cause animale
mais pas organisés face aux minorités agissantes ( lobbys structurés )
montre les pistes d'amelioration
il insiste sur l'international ( qu'il connait bien ) pour resoudre ces questions
dont le TRAnSport
il est egalement interessant de noter que les allemands
ont mené une reflexion approfondie sur l'évolution nécessaire de l'élevage
par ailleurs vu la mediatisation emotionnelle reguliere
j'ai fait en sorte de contrebalancer par la base JURIDIQUE
qui evolue lentement ( voir video ci-dessus en début d'article )
"Nous allons expérimenter la vidéosurveillance dans les abattoirs." Voilà quelle était la promesse du ministre de l’agriculture de l’époque, Stéphane Travert, lors de l’adoption de la loi alimentation (loi Egalim) le 30 octobre 2018. Cette loi devait rééquilibrer les relations entre agriculteurs et distributeurs, mais aussi améliorer le bien-être animal, en particulier dans les abattoirs, visés régulièrement par les vidéos de l'association L214.
Sauf que près d’un an et demi après l'adoption de cette loi, l'expérimentation de la vidéosurveillance ne concerne que… trois abattoirs. Rappelons que la France en compte près d’un millier : 265 abattoirs de boucherie (pour les moutons, bœufs, porcs, cheval, etc.) et 669 abattoirs de volailles et lapins.
"On ne pourra pas se contenter de gens qui nous disent qu’ils ne veulent pas s’équiper", promettait pourtant le ministre de l’agriculture en mai 2018. De même, en 2016, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, le président de la Fédération nationale des exploitants d’abattoirs prestataires de services (FNEAP), Eric Barnay, estimait que "l’installation de ces caméras ne posera pas de problème. Beaucoup de nos adhérents y sont disposés".
"Il y a encore des abattoirs qui ne sont pas au courant"
Comment expliquer alors un tel fiasco ? "Il est possible que les abatteurs ne voient pas de réelle plus-value à entrer dans cette expérimentation", répond sobrement le ministère, qui promet que d’autres abattoirs peuvent rentrer dans l’expérimentation… tout en annonçant que "les candidatures ont été closes le 26 janvier dernier". Il y a certes les réticences de certains syndicats de salariés, notamment FO, qui dénoncent un flicage. "J’avais sous-estimé l’opposition des salariés", estime le député LREM Loïc Dombreval, président du groupe d’études condition animale à l’Assemblée. Il souhaitait rendre la vidéo obligatoire, mais il a dû reculer face aux pressions du ministre Stéphane Travert, comme l’avait montré la cellule investigation de Radio France en septembre 2018. Le rapporteur de la loi alimentation, le député LREM de Creuse Jean-Baptiste Moreau avance un problème de communication : "Il y a encore des abattoirs qui ne sont pas au courant que l’expérimentation a démarré."
Pourtant, le ministère semble ne pas avoir ménagé sa peine pour trouver certains candidats. C’est le cas de François Vannier, qui dirige l’abattoir Limovin, à Bellac, en Haute-Vienne. On lui a proposé de rejoindre la liste des abattoirs pilotes... sauf qu’il est déjà équipé de 30 caméras de vidéosurveillance sur toute la chaîne d’abattage, depuis 15 ans. "On a été sollicité à plusieurs reprises. Mais nous n’avons pas souhaité y entrer puisque nous avons déjà la vidéosurveillance et nous considérons que c’est à d’autres abattoirs d’être candidats", estime-t-il.
Des caméras qui ne filment pas les animaux
Dans les faits, selon la filière, une cinquantaine d’abattoirs sont déjà équipés de caméras. Sauf qu’"une majorité d’entre elles ne filment pas l’abattage mais les parkings ou les entrées pour assurer la sécurité des établissements", a constaté le député Olivier Falorni, qui a mené une commission d’enquête parlementaire en 2016 sur le sujet. Par exemple, à l’abattoir d’Alès dans le Gard, des caméras ont été installées après le scandale de 2015 provoqué par une vidéo de L214. Mais comme le note la Cour des comptes dans un rapport d’octobre 2019, "ce n’est pas pour suivre le processus d’abattage, mais strictement pour assurer la sécurité du site".
Des référents sans réel pouvoir
L'autre promesse phare de cette loi alimentation concernait la nomination de responsables de la protection animale (RPA). Ce sont des salariés, désignés au sein des abattoirs, pour faire respecter les règles de bientraitance et signaler les éventuels manquements. La loi Egalim les a généralisés à tous les établissements. Sauf que cette mesure est très contestée par les associations.
Dans leur viseur d’abord, la formation, uniquement théorique et sur deux jours. Mais surtout, elles doutent de l'indépendance de ces RPA, et de leur marge de manœuvre. "Quand vous avez un lien de subordination, ce n’est pas évident d’aller voir votre employeur pour lui demander de changer les choses. Sur des images de L214, on voit des RPA qui étaient complices voire acteurs de maltraitance animale", rappelle Jean-Pierre Kieffer, président de l’œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs, qui réalise régulièrement des audits dans les établissements. En avril 2017, un responsable de protection animale à l’abattoir du Vigan (Gard) a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour des actes de cruauté.
Des lanceurs d’alerte punis
Mais surtout il existe des pressions de la direction sur ces salariés, et cela va même jusqu'à des sanctions, comme le raconte ce référent bien-être animal qui a exercé récemment dans un abattoir en Bretagne : "Quand on emmène les bêtes à la mort, on devrait les emmener deux par deux ou trois par trois mais guère plus. Sauf qu’on a des cadences infernales et qu’on se sert des bâtons, des aiguillons électriques, pour les faire avancer plus vite. Mais si on dit quelque chose, on nous répond ‘ce n’est pas ton problème, tu te tais’. Et si on est trop bavard, on va nous trouver le boulot le plus dégueulasse à faire et on va nous mettre là pendant 15 jours. Moi je n’aimais pas le désossage, donc on me disait ‘si tu ouvres trop ta bouche, tu vas aller au désossage’, ça m’est arrivé régulièrement d’y être envoyé", raconte-t-il.
Enfin, le troisième volet concernait la hausse des sanctions (doublement des peines pour les cas de maltraitance animale) et la promesse de contrôles stricts. Plusieurs types de contrôles existent en abattoirs : des contrôles permanents (2 155 vétérinaires sont affectés dans les abattoirs, qui ne peuvent démarrer sans la présence d'un agent vétérinaire) et des inspections complètes effectuées par les directions départementales de la cohésion sociale (DDCSPP) et qui ont lieu environ une fois par an. Les résultats de ces dernières sont systématiquement publiés sur l’application Alim’confiance, créée en parallèle de la loi alimentation. Or, comme l'a relevé l'association de consommateurs CLCV, le nombre de ces inspections complètes a baissé : en 2019, 1 132 chaînes d’abattage ont été inspectées, soit 30 % de moins qu’en 2018.
Un abattoir aux pratiques douteuses jugé "très satisfaisant"
Ainsi, l’essentiel des forces de vétérinaires se concentre sur l’inspection de la viande, de sa qualité sanitaire, plutôt que sur les conditions d’abattage. "Dans les gros établissements, les chaînes sont trop longues pour que les confrères, qui sont à l’inspection sanitaire, aient un regard permanent sur la saignée, donc il vont remonter épisodiquement pour voir si tout se passe bien", confirme Laurent Perrin, président du SNVEL (Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral) et vétérinaire à l'abattoir de Valençay (Indre). Résultat : certaines mauvaises pratiques perdurent.
Un exemple frappant illustre ces "trous dans la raquette" : l’abattoir Sobeval, en Dordogne, visé par une vidéo de L214 publiée le 20 février 2020, où l’on voyait notamment des animaux saignés alors qu’ils étaient mal étourdis. Cet abattoir a obtenu la meilleure note ("Très satisfaisant" sur Alim’confiance) lors d’une inspection réalisée le 12 novembre 2019. "Le jour où vous êtes en inspection, ça se passe comme vous le voyez à l’instant T, mais cela ne préjuge pas d’accidents, de cadences plus importantes, de problèmes techniques ou de personnels par la suite, confirme Laurent Perrin. Il est évident que dans des gros établissements de ce type, on a de temps en temps des accidents. Je pense qu’on a surtout besoin de plus de personnel pour limiter au maximum ces accidents."