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Knock on Wood

MILLENIUM : Ce qui ne me tue pas - The Girl in the Spider's Web

17 Novembre 2018 , Rédigé par Ipsus Publié dans #Comme au CINEMA

Ni une suite, ni un reboot

Millenium : Ce qui ne me tue pas est l'adaptation du livre de David Lagercrantz, qui a repris la saga Millénium après le décès de Stieg Larsson. Le film de Fede Alvarez n'est pas un reboot de la saga, ni la suite directe du long métrage de David Fincher sorti en 2012.

Avant Claire...

Avant que Claire Foy ne soit engagée pour incarner la nouvelle Lisbeth Salander, Natalie Portman, Scarlett Johansson, Felicity Jones et Alicia Vikander ont été envisagées pour reprendre le rôle déjà tenu par Noomi Rapace et Rooney Mara.

Tournage

Le tournage a commencé à Berlin en janvier 2018 et s’est terminé à Stockholm au mois d’avril.
 

Lisbeth

Avec Millenium : Ce qui ne me tue pas, le réalisateur Fede Alvarez avait l'opportunité de se pencher sur le personnage de Lisbeth Salander qui le fascine et qui occupe le centre de l'intrigue : "Lisbeth est la raison pour laquelle j’ai décidé de faire ce film. Elle fait quelque chose que je trouve très pertinent par les temps qui courent : c’est une femme qui se dresse pour mettre fin aux abus. [...] Lisbeth se montre forte en refusant de devenir une victime. Quoi qu’il lui arrive, elle s’en sortira en se battant comme une lionne, et c’est ce que cette histoire montre encore plus que toutes les précédentes".

Un fan de la première heure

Le réalisateur reconnaît être un admirateur de Claire Foy depuis qu'il l'a découverte dans la série The Crown : "Dès sa première scène [...], je suis tombé totalement sous le charme de sa façon de raconter une histoire émouvante. Elle a la capacité d’exprimer une véritable marée d’émotions refoulées uniquement par son regard".

Un personnage inédit

Sylvia Hoeks interprète un personnage qui n’existait pas dans les opus précédents de la saga, bien que Stieg Larsson y fasse référence dans ses romans originaux. L'actrice néerlandaise, découverte par le grand public dans Blade Runner 2049, a pu se laisser guider par son imagination sur le plateau : "Il y avait beaucoup de place pour l’improvisation. C’est ce que j’aime dans ce personnage dont nous ne savons pas grand-chose. [...] Il fallait que Camilla agisse comme un miroir de Lisbeth tout en étant très différente d’elle et en révélant des choses à son propos que le public espérait. Après avoir vu Lisbeth comme une dure à cuire pendant tellement d’années, on se pose beaucoup de questions. Qui est cette fille ? Comment est-elle devenue ce qu’elle est ? Quel genre de petite fille était-ce ? Entrer dans l’histoire sous les traits de Camilla en reflétant Lisbeth était une façon très intéressante de créer ce nouveau personnage. J’adore faire des recherches. L’aspect psychologique fait partie de ce que je préfère dans le métier d’actrice".

Une équipe fidèle

Fede Alvarez a réuni autour de lui le directeur de la photographie Pedro Luque Briozzo, le chef costumier Carlos Rosario et le compositeur Roque Baños avec lesquels il avait déjà collaboré sur ses deux films précédents, Evil Dead et Don't Breathe.
Briozzo revient sur leur relation : "Avec Fede, on se connaît depuis qu’on a 20 ans. On a commencé ensemble ; à l’époque il était monteur et moi assistant caméra. On voit les choses de la même manière, on aime le même genre de films. C’est un génie mais j’adore sa façon de travailler. Il nous motive, nous pose les bonnes questions, nous fait réfléchir. Si vous travaillez dans cet esprit, tout va pour le mieux".

En accord avec le décor

L’histoire ayant lieu à Stockholm, Claire Foy a adopté un accent suédois pour le film avec l'aide du coach linguistique William Conacher, qui l’avait déjà aidée à créer son accent royal pour The Crown. Il explique : "Fede [Alvarez] m’a envoyé des vidéos Youtube de personnes dont il aimait l’accent, et nous avons décidé ensemble à quel niveau Claire devait l’adopter". Il a fallu 10 jours à l'actrice pour maîtriser pleinement son accent.

The Girl with the dragon tattoo

Si Fede Alvarez reconnaît qu'il accorde habituellement peu d'importance à l'apparence de ses personnages, le look de Lisbeth Salander était toutefois crucial dans le film, en particulier son tatouage : "C’était délicat, parce que quand les livres sont sortis, au début des années 2000, nous vivions dans un monde différent. Si vous aviez un tatouage, c’était un symbole de rébellion, vous l’inscriviez sur votre corps et revendiquiez votre différence. À l’époque, Lisbeth passait pour quelqu’un de dangereux, une anarchiste, mais aujourd’hui tout le monde a un tatouage, c’est difficile de choquer les gens de cette façon".
La responsable des coiffures et des maquillages observe : "Il y avait énormément d’options différentes au début. Une version avait le crâne complètement rasé d’un côté et était entièrement tatouée. Finalement, nous avons décidé de placer un tatouage sur le côté de son cou, un sur sa cheville, un sur ses fesses, un sur chaque main, deux sur son bras, et évidemment le dragon. La vraie question était de savoir à quoi celui-ci devait ressembler. Quelle est la bonne position ? Quelle taille doit-il faire ? Doit-il recouvrir tout le dos ou seulement la moitié ? Est-ce que la queue doit s’enrouler autour de son corps ? Et puis il y avait des questions techniques, et non des moindres étant donné que le tatouage devait être réappliqué chaque jour de tournage. Même lorsque nous avons commencé à trouver des réponses à ces questions, il y a eu des ajustements – un mélange de têtes et d’ailes venant de différents modèles".

Une Lisbeth plus accessible

Bien que l'univers de la saga Millenium soit brut et sombre, le chef costumier Carlos Rosario a conçu une Lisbeth plus accessible : "Nous voulions qu’elle ait plus de profondeur pour que le public puisse plus facilement s’identifier à elle. Nous nous sommes retenus d’aller trop loin dans le côté gothique et lui avons donné un look un peu plus motard".

Tricolore

La palette chromatique du film se compose du noir (les ténèbres), du rouge (le sang) et du blanc (la lumière et la neige). En oppostion à Claire Foy qui est en noir des pieds à la tête, Sylvia Hoeks arbore des cheveux d'un blond extrêmement clair, presque albinos. L'actrice s'est aussi décolorée au maximum les sourcils.

Les cascades

Le réalisateur tenait à tourner la plupart des cascades sur le plateau, sans avoir recours à des effets visuels ou des fonds verts. Pour une cascade en voiture dans un décor enneigé, l'équipe a eu recours à un "top rider", c'est-à-dire une voiture totalement fonctionnelle où le pilote est assis sur le toit et l’acteur installé derrière le volant fait semblant de conduire. Pour une autre scène, "nous avons pu faire rouler une voiture autonome à une vitesse folle – à plus de 140 km/h – et la faire se crasher", explique Florian Hotz, le coordinateur des cascades.

Devenir Lisbeth   https://t.co/Y3zuLE4o3r

« Je ne pouvais pas imiter ce qui avait été fait avant moi, précise Claire Foy. Il me fallait changer de look pour m’approprier le personnage et cela d’autant plus que Lisbeth est parvenue à une certaine maturité. » Un soin particulier a été apporté aux nombreux tatouages de l’héroïne que la comédienne a soigneusement sélectionnés. « Le plus difficile à élaborer a été celui du dragon, un transfert en plusieurs morceaux, se souvient-elle. Il était important de le réussir car il fait partie intégrante de la personnalité de Lisbeth. »

Un monde sans violence

Le côté volcanique de Lisbeth a séduit Claire Foy. « J’aime sa façon d’aborder la sexualité en mettant ses propres désirs en avant, explique-t-elle. Lisbeth est ancrée dans la réalité des combats des femmes actuelles. » Pour autant, la comédienne n’approuve pas toutes les actions de son héroïne. « J’aimerais voir un monde où la violence ne sera plus le moyen de gérer les comportements abusifs, dit-elle. Je pense que Lisbeth le souhaiterait aussi. » 

MILLENIUM : Ce qui ne me tue pas -  The Girl in the Spider's Web
MILLENIUM : Ce qui ne me tue pas -  The Girl in the Spider's Web

Est-ce qu'une bonne adaptation doit être fidèle ?

Sandra Laugier, philosophe à l'institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne:

"Philip K. Dick, le grand écrivain de science-fiction, est peut-être l'auteur qui a suscité la plus fort désir d'adaptation dans le cinéma contemporain ; parce que ses nouvelles, par leur densité, laissaient ouverte la créativité des auteurs de cinéma, Ridley Scott pour le premier Blade Runner et récemment, encore plus loin de la nouvelle de Ph. K.Dick, Denis Villeneuve pour Blade Runner 2049. Blade Runner (le film de Scott) a inventé l'esthétique de la science-fiction du XXe siècle, crade, urbaine et globale – reprise mille fois depuis. La possibilité que donnait le cinéma de visualiser un univers pré-apocalyptique et sombre, et de façon encore plus saisissante, d'incarner les répliquants (en principe non humains) par des acteurs de chair et de sang, exprimant et "portant" les émotions et souffrances des personnages... était un pas important au delà de l'oeuvre écrite, mais aussi permettait d'expliciter la philosophie de Dick, son identification entre humains et répliquants.

Les adaptations d'ouvrages au cinéma ou à la télévision sont forcément infidèles, par la matérialisation soudaine qu'elles produisent de personnages restés jusqu'ici idéalisés, fictifs. C'est cette transgression esthétique qui fait leur force. Parfois même, comme dans la récente production BBC de Guerre et Paix, l'adaptation est surréellement fidèle et les personnages à l'écran semblent correspondre exactement à l'image qu'on s'en faisait par le livre; la simplification de l'histoire n'y change rien.

Dans d'autres cas, comme celui de la série culte Game of Thrones, dont le projet est né de la série de bestsellers de R.M. Martin , la fidélité est une façon de satisfaire les fans des romans et de leur permettre d'anticiper, leur donnant un petit privilège. Mais la série a sa puissance propre et crée de nouveaux personnages, ou dévie leurs trajectoires, et depuis deux saisons, on ne sait absolument ce qui va arriver aux personnages de GoT. La série a pris son autonomie, mais cela l'a aussi engagée simultanément dans un processus d'achèvement, comme si elle n'était pas parvenue à retrouver son élan propre dans la simple écriture télévisuelle.

Finalement l'exemple le plus remarquable d'adaptation à la fois fidèle et autonome est parmi les plus récents. The Handmaid's Tale (La servante écarlate) est une adaptation assez fidèle – quoique radicalisée par son actualité politique – dans sa première saison du roman de Margaret Atwood. Elle n'appelait pas forcement de seconde saison, puisque l'intrigue de la première saison s'achève avec la conclusion du roman. La seconde saison, diffusée en ce moment, est donc entièrement le fruit de la création télévisuelle, ou plus exactement le résultat de la force acquise (comme l'inertie en physique) : par des personnages tellement puissants qu'ils ont une vie propre, et par une histoire qui part en live, au sens strict, comme si les personnages et l'histoire avaient acquis une consistance suffisante pour s'attacher le public et ainsi prendre leur autonomie."

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